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PAPAUTÉ

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lom G. MoRiN croil à une erreur de copiste, ftew |en., 11J08, p. 515. M. u’Ukhihgny, >'. J., ibid., igio, io3-io8, a conjecture.' que le texte primitif portail : Ifc liis qui siini undecim : allusion aux douze évèi|ucs lui se sont succédé sur la chaire de saint Pierre juslu’au présent évêque, Eleuthère.)

L’importance capitale de ce texte, comme témoil ; nage en faveur de la primauté romaine, n’est point J : ontestée ; mais son exégèse précise soulève de Ifrandes dillicultés.dans le détail desquelles nous ne Ijouvoiis entrer ici. L’histoire de la controverse est (résumée par Dom J. Chai’Man, Hes’ue Hénédicline, |18y5, p. 4cj-64. Plus récemment, F. X. Roiron, S. J., a (repris la discussion avec une rigueur quasi malliéImatique, Reckerclies de Science religieuse, 1917, p. 36-51. Il aboutit à la traduction suivante :. A cette ' Eg’lise, à cause de sa primauté autoritaire, toutes les Eglises iloivent se conformer… ; de fait, c’est en elle que toutes ont gardé la tradition des Ap6tres. » — On rejoint l’interprétation de Massuet, si longtemps classique parmi les catholiques ; c’est la plus simple, celle qui se présente tout d’abord à tout esprit non prévenu ; c’est la seule aussi qui conserve au raisonnement de saint Irénée toute sa valeur et en écarte toutes les incohérences ou les insuifisances que nous avons signalées dans les autres hypothèses. » (Roiron, p. 51) — Voir encore, sur ce texte, M. l’abbé L.Saltet, [iuJleiin de Liliéralnre ecclésiastique, 1920, p. 180-186.

L’importance des paroles d’Irénée est soulignée par le soin qu’il prend aussitôt après de dresser la liste de succession des évcques de Rome, soin qu’il ne prend pour aucune autre Eglise. III, iii, 3, 8^9-851. Au déclin du ii* siècle, l’observance pascale mit en conflit les Eglises d’Occident et d’Orient. Tandis que les chrétientés d’Asie, appuyées sur une tradition ancienne, célébraient la Pàque du Seigneur à la date précise d)i l nisan, conformément à la coutume juive, toutes les autres chrétientés s’autorisèrent d’une tradition apostolique pour célébrer cette fête le dimanche suivant. Pareille diversité d’usages amenait des conflits. Pour y mettre un terme, des synodes s’assemblèrent en Palestine, sous Théophile évêque de Gésarée et sous Narcisse évoque de Jérusalem ; dans le Pont, sous l'évêque Palmas ; en Gaule, en Osroène et ailleurs ; à Rome enfin, sous l'évêque Victor (189-1 99). L’Asie maintint contre tous son usage propre, et Polycratk évêque d’Ephèse se Ût l’interprète de l'éiiiscopat asiatique, dans une lettre adressée à Victor et à l’Eglise romaine ; lettre qu’Eusèlie nous a conservée //. E., V, xxiv, P. G., XX, 493-497- Après avoir rappelé les grands hommes de l’Asiechrétienne, l’apôtre Philippe, l’apôtre Jean qui a reposé sur la poitrine du Seigneur, Polycarpe de Smyrne, évêque et martyr, Thraséas d’Euraénie, Sagaris, Papirius, Méliton de Sardes et autres, après avoir ajouté qu’il est le huitième évêque de sa famille et qu’il a des cheveux blancs, il aflîrme sa resolution, qui est celle des évêques par lui réunis sur l’invitation de Victor : s’en tenir à la tradition de son Eglise, car de plus grands que lui ont dit : Mieux vaut obéir à Dieu qu’aiix hommes,

Victor résolut de briser cette résistance ; il déclara retrancher de la communion de l’Eglise de Rome toute Eglise qui n’entrerait pas dans ses vues. Une mesure si énergique souleva de vives protestations. Irénée de Lyon écrivit respectueusement à Victor pour l’engager à ne pas rompre la communion avec des Eglises entières, attachées à une observance ancienne. II représenta que les évêques avant Soter, — Anicet, Pie, Hygin, Télesphore, Xyste, — avaient su vivre en paix avec des Eglises dont ils ne partageaient pas l’observance, et auxquelles ils ne laissaient pas d’en voyer l’Eucharistie en signe de communion ; que déjà au temps d’Anicet la question pascale av ;  ; il été soulevée, lors du voyage que fit à Rome le bienheureux Polycarpe évêque de Smyrne ; qu’Anicet ne put convaincre Polycarpe ni Polycarpe Anicet, mais qu’ils ne laissèrent pas de communier ensemble, Anicet cédant à Polycarpe la célébration de l’Eucharistie dans son Eglise. En quoi, poursuit Eiisèbe, Irénée montra qu’il méritait bien son nom (Pacifique). De fait, les menaces de Victor paraissent être resées à l'état de lettre morte. Cependant le temps Ut

tée

son œuvre, et dès avant le concile de Nicée, l’observance quartodécimane avait cédé à la tradition delà grande Eglise. Le geste de Victor, prenant à l'égard de l’Asie chrétienne une attitude de commandement et parlant de l’excommunier, n’en est pas moins plein de sens : il montre que la papauté n'était plus à naître, au déclin du 11= siècle.

Les historiens étrangers à notre foi s’accordent généralement à reconnaître, dans l’Eglise du ni" siècle, tous les trails essentiels du catholicisme romain. Ecoutons l’un des représentants les plus autorisésdu protestantisme libéral. Ad. Hahnack, Entstehung und Entu-ickelung der Kircheiuerfassiing und des Kirclienrechts in den zwei erslen Jahrhunderten, p. 119, Leipzig, 1910 :

Tous les éléments de l'éTalution ultérieure de la constitulioEi de l’Eglise étaient, dès ia fin du ii- siècle, et mèjne plua lot, déjà préls. Aucun fadeur nouveau ne devait plas inlcrvenir, sauf rem]>eieur chrétien ; encore une lévolntion ne fut-elle pas nécessaire pour obtenir les résultats acquis an m", au iv' et au v, au ix « et au xi', au xvi » et au xixf siècle…

D’autre part, un auteur anglican décrit ainsi, par le dehors, le rôle primitif de l’Eglise romaine. H. M. GwATKiD, Early Cliurch Ilistory to A. D. 313, t. II, p. 213-214, London, 1909 :

Si riiglise de Rome n'était pas le centre de la chrétienté latine — nous trouverons ce centre de l’autre coté de la mer à Cartilage, — elle était le centre du christianisme pris dans son ensemble. Sa position centrale était pleinement reconnue par Irénée ; elle devint de plus en plus définie au cours des temps, jusqu'à l’essor de Constantino|de. Rome était le principal et presque l’unique siège apostolique en Occident. Aussi exerçait-elle l’influence plénière d’une grande et opulente Eglise, noblement fameuse par son universelle charité. Dès l’origine

— celle pratique était déjù ancienne au temps de Soter,

— elle envoyait ses dons aux pauvres et aux confesseurs dans les mines, sur tous les points de l’empire. Puis l’Eglise romaine puisait une grande force dans ses relations étroites avec l’empereur. Le palais fut toujours sa citadelle, et « ceux de la maison de César » ses guides les plus influents. Des scènes qui eussent été insignifiantes en province pouvaient, à Rome, devenir le signal de la lutte à mort, toujours imminente avec le pat, 'anisme. En outre, Rome était le Irait d’union naturel entre l’Orient et l’Occident. En qualité de colonie grecque dans la capitale latine, elle était le représentant de la chrétienté occidentale pour les Orientaux, et l’interprète de la pensée orientale pour l’Occident latin. Toutes ces causes faisaient de Rom* le centre naturel de la discussion. Son orthodoxie était sans tache. Si toutes les hérésies, semblables aux flots de l’Oronte syrien, confluaient dans la grande cifé, jamais aucune n’y prit sa source. Les étrangers de tout pays, qui arrivaient à Rome et aux tombes des grands apôtres, étaient accueillis au siège de Pierre par la majestueuse bénédiction d’un Père universel. L’Eglise de Dieu résidant à Rome, était le conseiller immémorial de toutes les Eglises ; et le conseil prenait insensiblement l’accent du commandement…

III" siècle. — Dans les assertions de Tbrtullikn relatives à l’Eglise de Rome, on ne s'étonnera pas d’avoir à distinguer deux séries : la série catholique et la série monlaniste.