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PAPAUTE

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même sens, le cliangement d’altitude d’un apolre des a-enlils comme Barnabe, dont les Actes nous font pourtant connaître l’indépendance de caractère…, n’est-ce pas la preuve claire et certaine de Vautorité exceptionnelle qui appartenait à l’apôtre Pierre dans l’Eglise de Dieu, autorité reconnue par les circoncis et les incirconcis ? Autoritédont Paul ne conteste pas, d’ailleurs, la légitimité, car, s’il blâme la conduite pusillanime de Pierre, s’il veut le ramener à sa précédente manière d’agir en faveur des convertis de la gentililé, il n’a pas un mot pour metlre en doute les droits et les titres de saint Pierre à exercer un tel ascendant parmi les lidèles et les pasteurs de la communauté chrétienne. (Voir Roiron, ibidem, pp. 506 521)

Donc, la situation dont témoigne l’Epitre aux Galates concorde positivement avec les faits qui nous sont connus par d’autres textes du Nouveau Testament : le Christ Jésus avait institué, pour régir ici-bas la communauté visible de son Hglise, une primauté perpétuellement transmissible, une prérogative enseignante’et gouvernante de suprême Pasteur, dont il confia le dépôt à Pierre, prince des apôtres.

Voilà l’investiture de droit divin qui allait se perpétuer jusqu’à la consommation des siècles chez les évéques de Rome, successeurs légitimes de l’apôtre Pierre en sa souveraine primauté.

Yves db la Brikrk.


II
LES ORIGINES DE LA PAPAUTE

Entre l’investiture donnée par le Seigneur à Pierre et le plein exercice de la souveraineté pontilicnle, il s’est écoulé des siècles. Ces siècles ont vu la venue de saint Pibrrb a Ro.me (cf. cet article), l’établissement d’une lignée sacerdotale issue de lui, l’organisation de l’Eglise locale de Rome sous un chef unique, le rayonnement de l’influence partie de Rome sur toutes les Eglises d’Occident et d’Orient.

Aux yeux des croyants, ces faits répondent à la pensée opérante du Christ, faisant passer dans le domaine des faits les promesses par lui adressées à l’apôtre Pierre. Gela sans doute ne peut se montrer historiquement. Mais ce qui peut se montrer aux incroyants mêmes, c’est l’exacte conformité de l’institution pontilicale, telle qu’elle est sous nos yeux, avec l’intention du Christ consignée dans le Nouveau Testament, et la continuité du mouvement qui, en amenant peu à peu le successeur de Pierre au premier plan de l’histoire chrétienne, rattache la monarchie pontificale à l’intention du Chrlst.Mouvement déterminé non par des ambitions sacerdotales et par une contrainte partie de Rome, mais par les aspirations profondes de l’Eglise universelle vers l’unité qu’a voulue le Christ.

Les pages suivantes, simple raccord entre les pages consacrées à la primauté de Pierre d’après le Nouveau Testament et les pages consacrées au rôle historique de la Papauté, espèrent contribuer à cette démonstration. Au préjugé rationaliste, qui ne voit dans la monarchie pontilicale qu’un produit de facteurs humains, sans attache dans la révélation divine, sans raison d’être providentielle, nous opposons quelques-uns des plus anciens titres historiques de la Papauté. Nous ne visons pas à être complet, mais amorçons quelques lignes, en suivant l’ordre des temps.

Le vo siècle, qui vil la chute de l’empire d’Occident, vit aussi l’avènement de la Papauté en tant que pou voir politique. C’est vers cette date que notre enquête atteint naturellement son terme. Nous n’avons pas cherché à marquer une frontière précise entre les origines du pontifical romain et son histoire.

Voici l’ordre du développement :

//’siècle. Premiers actes du Pontificat romain.

llh siècle. Influence universelle de la Papauté. — Cartilage. Conflit entre saint Cyprien et le pape saint Etienne. — Ale.randrie : Origéne et saint Denrs. — Antioche.

IV’et V’siècles. — I.e schisme donatiste : concile d’Arles. — L’arianisme : concile de A’icée. — Les conciles du IV^ et du V siècle. — L’Eglise grecque : saint Jean Clirysostome. — L’Eglise syriaque ; saint Ephreni. — L’Eglise latine ; saint Jérôme et saint Augustin. — Les papes saint Célestin, saint Léon, saint Hormisdas.

Il" siècle. — On a cité plus haut, art. Eglise, t. I, p. 126^-7, les premiers témoignages oii s’allirme la prééminence de l’Eglise de Rome.

Témoignage de saint Clément : dès avant la fin du i" siècle, l’Eglise de Rome intervient avec autorité dans la vie intérieure de la chrétienté troublée de Corinlhe.

Témoignage de saint ItiNACE d’Antiochb, au début du II’siècle, saluant l’Eglise de Rome comme la présidente de la fraternité chrétienne — tel paraît bien être le sens des mots -np^ySmuiv-n t ?4 à : /à.T.ri-., Rom., inscr., — faisant appel, non sans une intention visible, au souvenir des apôtres Pierre et Paul, Rom., IV, 3.

Témoignage d’HÉGÉsii’PE, qui a visité Rome comme le centre d’une vie chrétienne intense, et dressé la liste de succession de ses évéques jusqu’à Anicet (ap. EusÈBE, //. £., IV, XXII, P. G., XX, 3 ;  :  ;).

Témoignage de Denys de Corinthe, qui, dans une lettre écrite aux Romains, félicite leur Eglise de conserver le tombeau des apôlres Pierre et Paul, et rappelle que l’Eglise de Corinthe garde et relit la lettre jadis à elle adressée par Clément de Rome (ap. Edsèbb, h. E., Il, XXV et W, xxiii, P. G., XX, 209 et 388 B).

Témoignage d’ABKRKios, le pèlerin d’Hiéropolis en Phrygie, qui a visité Rome, contemplé la majesté souveraine, vu la reine aux vêlements d’or, aux chaussures d’or… Voir l’art. Epigraphib, par L. Jala BKRT, 1. 1, 1^35-8.

Ces témoignages trop rares, d’une époque mal connue entre toutes, jettent du moins quelques lueurs sur les origines, particulièrement augustes, de l’Eglise romaine et de son pontifical.

Au temps du pape Eleulhère (175- 189), nous voyons le prêtre Irénée député à Rome par les martyrs de Lyon, avec une recommandation pressante. Ei’SÈbe, //. E., V, IV, P. G., XX, 440.

Le nom de saint Irénéb évoque le souvenir du témoignage célèbre par lui rendu à l’Eglise romaine, en quelques mots dont le grec original ne nous est point parvenu et dont la version latine renferme plus d’une énigme. Ils ont été reproduits, avec leur contexte, ci-dessus, art. Eglise, t. I, 1263. Bornons-nous ici à l’essentiel ; Contra Hæreses, 111, iii, 2.

Ad hanc enim Ecclesiam propter poliorem principalitatem necesse est omnem convenire Ecclesiam, 11. e. eos qui sunt undique fidèles, in qua semper, ab his qui sunt undique, conservata est ea quæ est ab Apostolis traditio.

(Texte de Massuet, reproduit par Migne, P. G., Vil, 849. — Au lieu de potiorem, texte du Claromontaniis, d’autres mss. portent potentiorem, préféré par l’éd. Harvej’. — Diverses conjectures ont été proposées pour expliquer le second qui sunt undique.