Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/673

Cette page n’a pas encore été corrigée

1333

PAPAUTE

1334

Oudin, 1916. — A. Rivaud : Lés notions d’essence et d’existence dans lu philosophie de Spinozn, Alcan, 191O.

Sur Ficlile : Xavier Léon, La philosophie de Fichte, Alcan, 1902 ; — Recherches de Science religieuse, janvier-mars 1919, Aug-. Valensin : Le sens panthéisliqtie de la Dialectique idéaliste chez Fichte ;

— Sir Frédéric PoUock : Spinoza hts life and philosophy, London, Duckwortb, 1912.

Sur le panthéisme en général : Garrigou-Lagrange : Dieu, son existence et sa nature, Beauchesne, 1920 ;

— Serlillanges : Les sources de la croyance en Dieu, Perrin, igoS ; — Ilontheim : Institntiones Theodiceae, Herder, iSgS ; — Aug. Valensin : /'anthéisme, Beaucbesne, 1922.

Auguste Valensin, s. j.


PAPAUTÉ.— L’article comprendra quatre parties :

I. Primauté de saint Pierre dans le Nouveau Testament.
II. Les origines de la Papauté.
III. Rôle historique de la Papauté.
IV. L’infaillibilité pontificale.

I

LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE

DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

La primauté de saint Pierre dans le Nouveau Testament est révoquée en doute au nom de deux systèmes entièrement opposés l’un à l’autre.

Ou liien les paroles que, d’après le Nouveau Testament, Jésus adresse à l’apôtre Pierre sont admises comme paroles authentiques et historiques : mais elles ne signitieraient pas que Pierre soit constitué chef nécessaire et perpétuel Ue l'Église du (Christ.

Ou bien les paroles que, d’après le Nouveau Testament, Jésus adresse à l’apôtre Pierre sont admises comme faisant de Pierre le chef nécessaire et perpétuel de l'Église du Christ : mais ce ne seraient pas des paroles authentiques ou historiques.

Le premier point de vue est, communément, celui des schismatiques et des protestants orthodoxes.

Le second point de vue est communément celui de la critique liliérale : c’est-à-dire des rationalistes, des protestants libéraux et des catholiques modernistes. Nous aurons, pins loin, à en détailler les nuances et les divers aspects.

Ces deux solutions contradictoires, mais pareillement négatives, compliquent et enchevêtrent le problème de la primauté de saint Pierre dans le Nouveau Testament. Pour chaque texte notable, on doit examiner deux i(uestions différentes. Le texte, d’abord, est-il bien authentique et historique comme les protestants orthodoxes en conviennent, et i.on p<is apocryphe ou rédactionnel, comme le prétendent les critiques libéraux ? Et puis, le texte luimême, reconnu authentique et historique, manifestet-il bien la primauté nécessaire et nerpctuelle de saint Pierre, comme le concèdent assez volontiers les critiques libérjiux, et contrairement au dire des protestants orthodoxes ? Les deux questions exigent une réponse affirmative, pour que la primauté du chef des apôtres soit véritablement acquise à l’histoire, et, partant, à l’apologétique.

Avant d’aborder la discussion des textes classiques, il paraît utile de rechercher, comme éclaircissement préalable, quelle était, pendant le ministère public de Jésus, la place de Pierre parmi les apôtres.

Nous examinerons ensuite le Tu es Petrus, le Confirma fratres tuos, le Pasce Oi’es meas, tant au peint de vue de leur crédibilité qu’au point de vue de leur signification réelle.

I. — La place de Pierre parmi les apôtres

1° Pierre était le « premier ». — Les quatre catalogues du collège apostolique, conservéspar leNouveau Testament, didërenl l’un de l’autre, quant à l’ordre des noms : tous, néanmoins, s’accordent à désigner en première ligne, l’apôtre Pierre (Marc., m, 16-19 ; Matth., x, 2-4 ; Luc, vi, 14-16 ; Act., 1, 13. — Cf. Lattey, s. J., 77(6 aposlolic groups, dans le Journal of iheological studies, octobre 1908, t. X, p. 107-115). < Le premier », dit formellement saint Matthieu, « le premier était Simon, surnommé Pierre ». IIîûto ? Si/iwv i Myouvo^ Ilérco ; (Matth, , X, 2).

Pourquoi Simon-Pierre est-il mentionné « le premier » ? Simple ancienneté d'âge ? Simple priorité de vocation ? Aucnn indice positif ne permet d’affirmer sérieusement l’ancienneté d'âge. Quant à la priorité de vocation, elle n’est guère concevable, du moins au point de vue spécial àt l’a postulat, puisque les « Douze " paraissent avoir été clioisis tous en même temps pour devenir « apôtres », et pour former un groupe bien distinct du reste des lidèles {Marc, III, 13-15 ; M’itth., x, i ; /. « r, vi, 13). A vrai dire, la vocation initiale de Simon-Pierre on tant que II disciple » du Christ précéda la vocation du plus grand nombre des futurs « apôtres » : cependant, elle ne fut pas la a première » de toutes. Le quatrièmeÉvangile nous alTirmeque l’appel du Christ à Simon-Pierre, sur les bords dujourilain, ne fitque suivre le double appel adressé d’abord à André, son frère, et à un autre disciple (/oon., i, 35-/|2). Dans la scène ultérieure, qui eut lieu sur les bords du lac de Tibériade, et dont les Synoptiques ont rapporté difTérentes circonstances, la vocation des quatre pécheurs galiléens, Pierre et André, Jacques et Jean, apparaît comme moralement simultanée (Marc, i, 16-20 ; Matth., IV, 18-22 ; l.uc, V, i-ii). Il est donc un peu dillicile d’attribuer à cette vocation de Pierre une véritable priorité chronologique.

Mais supposons (gratuitement) que Pierre ait été le plus âgé des « Douze ». Imaginons (malgré plus d’un texte) que Pierre ait entendu avant tous les autres l’appel du Seigneur, ces deux circonstances n’expliqueront pas encore sulTisamment pourquoi les évangélistes donnent à Pierre le premier rang parmi les apôtres, de même qu’ils réservent uniformément la dernière place autraitreJudas.il faudrait concéder, à tout le moins, que l’ancienneté d'âge, la priorité de vocation (et peut-être d’autres titres spéciaux), faisaient réellement de Pierre l’apôtre principal, et lui valaient une prééminence habituelle. Car c’est bien pour marquer une place à part, un rang privilégié que les évangélistes désignent Pierre comme le premier d’entre les o Douze n.

En parlant du groupe apostolique, il arrive à saint Mare, et aussi peut-être à saint Luc, de dire :

« Simon et ceux qui l’accompagnaient », Si^wv xirA ol

//£T-'aÙToO (Marc, 1, 36 ; fuc, viii, /|5), exactement comme ils disent, en parlant d’un chef et de son escorte : « David et ceux qui l’accompagnaient », IfxusiS yMt ot yer' v-ùz^O (Marc.. ii, 26, 26 ; Matth., -x. », 3, l, ; l.uc, VI, 3, 4. Cf. Mfltlh., XXVII, 54).

Quand Jésus-Christ se fait suivre, dans les circonstances graves, de trois apôtres seulement : par exemple, pour la résurrection de la tille de Jaïre (Marc., , 'i'} ; l.uc, viii, 51)ou bien pour le mystère de gloire que fui la transfiguration (Marc, ix, i, 2 ; Matth., xvii, i ; Luc, ix, 28), ou bien encore pour le mystère de douleurs qui s’accomplit au jardin des