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PAIX ET GUERRE


Nysseni et Origenis scripta et doctrinam nova recensio, cum appendice de actis synodi Væcum. Rome, 1864-1865, 4 in-8° ; un 5e volume a paru, 1869. La plus outrancière des apologies d’Origène. — E. Freppel, Origène. Cours d’éloquence sacrée fait à la Sorbonne pendant les années 1866 et 1861. Paris, 1868, a in-8°. Œuvre de grand sens et de large équité. — J. Denis, La philosophie d’Origène, Paris, 1884 (Sur ce mémoire couronné par l'Institut, voir le rapport de A. Franck, Mémoire de l'Acad. des sciences morales et politiques, t. XV, p. 411-447 [1887]). — C. Bigg, The Christian Platonists of Alexandria, Oxford, 1886. — L. Atzberger, Geschichte der christlichen Eschatologie innerhalb der vornicaenischen Zeit, Freiburgi B., 1869, IXier Abschnitt, p. 366-456. — G. Capitaine, De Origenis ethica, Münster i. W., 1898. — Fr. Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im Vten Jahrhundert und das Vte allgemeine Concil, Münster f. W., 1899 ; voir les objections chronologiques de A. Jülicher, Theologische Literaturzeitung, 1900, p. 173-176, et la réponse de Diekamp, Histor. Jahrbuch, 1900, p. 743-757. — Ch. L. Feltoe, Dionysius of Alexandria, Cambridge, 1904. — J. Brochet, Saint Jérôme et ses ennemis. IIe partie : La querelle de saint Jérôme et de Rutin, p. 103-423. Paris, 1906. — F. Prat, Origène ; le théologien et l’exégète. Paris, 1907 : importante introduction sur « Origène et l’origénisme », pp. i-lxiii. — L. B. Radford : Three teachers of Alexandria : Theognostus, Pierius and Peter. A Study in the early history of Origenism and antiorigenism. Cambridge, 1908. — G. Grützmacher, Hieronymus. Eine biographische Studie, t. III, Kap. x, pp. 1-94 : Der origenistische Streit. Berlin, 1908. — G. Bardy, Didyme l’aveugle, ch. viii : Didyme et les controverses origénistes. Paris, 1910.

A. d’Alès.


PAIX ET GUERRE. — I. Fondements du droit international chrétien. — A. L’Evangile. — B. L’Eglise primitive. — C. Enseignement de saint Augustin. — D. Enseignement de saint Thomas d’Aquin. — E. Enseignement de Vitoria et de Suarez. — F. Enseignement actuel des Ecoles catholiques.

II. Théorie catholique du droit de guerre. — A. Juste guerre et justice vindicative. — B. Conduite des hostilités. — G. Dénouement des hostilités. — D. Théories contredites par la synthèse catholique. — E. La responsabilité des consciences dans une guerre injuste. — F. Vertu providentielle de la guerre.

III. Théorie catholique de l’ordre juridique international. — A. Sens et position de ta question. — B. Chrétienté du Moyen âge. — C. Equilibre des Puissances. — D. Régime de la Sainte-Alliance. — E. Concert européen. — F. Solidarité d’intérêts du monde contemporain. — G. Œuvre des Conférences de la Haye (1899-1907). — H. Sanctions internationales. — I. Œuvre du Traité de Versailles (28 juin 1919). — 3. Paix et Démocratie. — K. Paix et Nationalités. — L. Participation du Saint-Siège. — M. Conclusion.

Indications bibliographiques.

I. — Fondements du Droit international chrétien

A. L’Evangile.

La doctrine morale de l’Evangile est un message de paix et de réconciliation. Au nom du Père qui est dans les cieux, la paix divine et surnaturelle est apportée au fond des âmes ; une fraternité surnaturelle est établie entre tous les hommes, devenus, sans aucune distinction de races, les enfants adoptifs de Dieu. Des préceptes et des conseils d’une beauté sublime marquent les règles chrétiennes de la charité fraternelle, du pardon des injures, de l’amour des ennemis. La conséquence évidente d’une telle doctrine morale, dans un monde où elle serait observée comme elle devrait l’être, serait de faire régner la paix, la justice, la charité entre les divers peuples de la terre, comme entre les individus et les familles. Le genre humain, nonobstant la multiplicité légitime et nécessaire des nations et des langues, deviendrait une immense famille au sein de laquelle régnerait à jamais la fraternité du Christ.

Cette doctrine évangélique ne comporterait-elle pas, pour les disciples de Jésus-Christ, l’interdiction universelle et absolue de tout recours à la force des armes, la condamnation péremptoire de toute espèce de guerre, offensive ou défensive ? Pas plus aux Etats et aux peuples qu’aux simples particuliers, il ne serait permis, en aucun cas, de tirer le glaive du fourreau, car Quiconque fait usage de l’épée périra par l’épée (Matth., xxvi, 02). On ne pourrait donc pas parler d’un droit chrétien de paix et de guerre, puisque la paix serait seule légitime et que la guerre serait absolument proscrite, en toute hypothèse, par le Code divin de la morale chrétienne.

A différentes époques, pareille interprétation de l’Evangile fut soutenue par des sectes mystiques et illuminées. De nos jours, elle a été propagée par Tolstoï avec un succès prestigieux. Elle donne lieu à de singulières évocations de renseignement de Notre-Seigneur par les théoriciens de l’humanitarisme maçonnique, révolutionnaire et socialiste.

En réalité, l’interprétation dont nous parlons repose sur un énorme contresens, dont fait justice, non pas seulement la Tradition catholique, mais une saine exégèse rationnelle et critique des textes de l’Evangile. Le contresens consiste à transporter dans l’ordre social et politique les préceptes ou conseils d’ordre purement moral et religieux que donne Jésus-Christ pour la sanctification des âmes. Avec la même méthode, on exclura, au nom du Sermon sur la Montagne, la propriété, les tribunaux, tous les organes d’une société hiérarchique, non moins que la guerre et le service militaire. Mais on méconnaîtra, en même temps, la signification authentique et profonde du message évangélique, qui enseigne aux âmes le secret d’une rénovation morale et intérieure par le détachement, le sacrifice, tout en adaptant l’essor extérieur du royaume de Dieu ici-bas aux exigences raisonnables et hiérarchiques de la société humaine, aux conditions mêmes de la vie présente. Le langage et l’attitude de Notre-Seigneur font clairement comprendre qu’il tenait pour légitime, pour nécessaire, de respecter les institutions et les lois de l’ordre social, de rendre à César ce qui est à César, tout en réservant à Dieu seul le domaine mystérieux et plus élevé qui n’appartient qu’à Dieu.

Le recours éventuel à la force des armes, et, par conséquent, l’existence des institutions militaires, compte parmi les nécessités raisonnables qui, dans les conditions de la vie présente, peuvent s’imposer