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ORIGENISME

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du système. Mais nous ne l’y avons pas trouvé ; on a vu qu’mn conseui- impitoyable comme saint Jérôme ne l’y trouvait pas, dans ses heures d’équité. Ce principe origénisle, du cycle formé décrit par la création, revient par exemple In loa/i., 1. XIII, xxxvii, liii, Preuschcn, p. 263 ; Contra Ce/s » iii, VIII, lxxii, sans les conséquences panthéistes qu’on en tire abusivement.

— HuET, Origeniana, II, i : , q. 6, 3 et q. ii, g (dans ce 2" passage, plus dur que dans le ! « , et peut-être inconséquent). Ici, et ailleurs encore, s’applique la remarque suggestive de Redepennino, Origenes, t. II, p. Sig : Nirgend ist sein System minder abgerundel und loserzusammengesclilossen als an diesen Ausgangspunkten, in der Lehre von den ersten und letzten Dingen ; zum Beweise, dass er niclit von diesen Punkten her, sondern aus der Mille herausbante, wobei sich zuletzt, gleichsam in der Peripherie des Ganzen, unzulanglich erwies, was in seinen Anfangen geniigend gefasst scliien.

II* Les anges dei’enant dénions ou hommes, et iice versa.

Conséquence de la doctrine générale d’Origène sur la déchéance et le relèvement des êtres raisonnables. Le principe de la déchéance des esprits célestes au rang d’hommes est posé Periarchon, I, vi, a (Koetschau, p. 81 ; texte grec conservé par Justinien, ap. Mansi, IX, 628 ; version latine en saint Jérôme, £/)., cxxiv, 3, P. t., XXII, 1061). Le principe du relèvement des démons au rang d’hommes, Periarchon, , vi, ’i (Koetschau, p. 83 ; texte grec, Justinien, ap. Mansi, IX, 629 ; latin, saint Jérôme, ibid., 1062). Le principe général de la migration des êtres raisonnables à travers toute l’échelle, des anges aux démons et des démons aux anges, paraît avoir été formulé plus complètement Periarchon, I, vji, 5 (texte rétabli par saint Jérôme, Ep., cxxiv, 4, P. L., XXII, 1062, 1068). Tous ces textes ont été plus ou moins mutilés ou supprimés par Rufin. — Huet, Origeniana, 11, 11, q. 5, i 1 ; q. 6, i’j.

i^’L’àme du Christ, seule victorieuse de toutes les épreuves, investie de lu fonction créatrice.

Fatal contre-coup de la doctrine de la préexistence des âmes, dans la christologie. Comme toutes les âmes, l’àme du Christ préexistait à la création matérielle ; a fortiori préexistait-elle à l’Incarnation. L’ardeur incomparable avec laquelle cette àme s’attacha au Verbe divin lui mérita le privilège de l’union divine et fit d’elle le nœud de l’Incarnation. Dès lors, l’élévation de l’humanité du Christ au rang divin apparaît comme la récompense de méritesacquis, non comme l’eiTet d’une pure Initiative divine ; et la carrière du Christ commence bien en deçà de l’Incarnation. Periarchon, II, vi, 3-5 ; Contra Celsum, I, XXXII, xxxiii, Koetschau, p. 84. — Huet, Origeniana, II, ii, q. 3, 6.

13" Ce n’est point le Dieu Verbe qui s’est anéanti, mais l’âme du Christ, unie au Verbe. Ainsi faut-il entendre Phil., 11, ^.

Commentant le texte de l’Apôtre Phil., 11, 7, Origène s’est montré dépendant des théories alexandrines sur les intermédiaires divins. Il paraît supposer que, dans l’œuvre de l’Incarnation, l’àme du Christ accomplit une médiation nécessaire, le Verbe divin ne pouvant s’unir directement à la matière ; voir Periarchon, II, vi, 3. Cette idée a été durement relevée par Théophile d’Alexandrie, qui semble ne l’avoir pas bien comprise et la dénature par son commentaire, £p. Paschalis 11, inter liieronyiuianas xcviii, 14, P. /.., XXII, 802. Le 7= anathémalisme de 553 fait écho à "Théophile. — Huet, Origeniana, H, 11 q.3, 8.

14° Le Dieu Verbe n’est pas appelé Christ proprement, mais abusivement.

Ce grief touche de près au précédent. Dans la mesure où il est fondé, Origéne aurait méconnu la communicatiu idiomatum et parlé en nestorien. En pleine discussion des Trois chapitres, une telle accusation ne pouvait manquer de se produire. Mais il est douteux qu’Origène y ait donné prise. — Voir Huet, Origeniana, U, ii, q. 3, 16.

ib’La création matérielle retombera dansle néant.

Encore une conséquence de la théorie origénisle sur les épreuves des âmes. Si la création matérielle n’a d’autre raison d’être que de servir à leurpurilication, il est naturel qu’elleretombe dans le néant, une fois cette purification achevée. Encore faut-il distinguer entre la création purement matérielle et les corps unis à des esprits. La création purement matérielle doit être anéantie, selon Origéne ; les corps unis à des esprits ne retomberont pas dans le néant, mais seront transformés et participeront à la nature des esprits. En somme, Origéne atiirme la conservation de la matière après la résurrection ; mais la raison qu’il en donne est tout à fait inattendue : c’est qu’il estime une certaine matière indispensable à l’existence des êtres immatériels. L’idée d’un pur esprit, autre que Dieu, est étrangère à sa métaphysique, ou n’y entre qu’à titre d’hypothèse invraisemblable. Periarchon, II, i, i ; 11, 1, 2 ; iii, 3 ; x, 1, 8. Donc les corps ressuscitent, du moins pour aussi longtemps que les intelligences créées ont besoin d’un support ; Origéne ne les conçoit pas autrement. Mais le jour où ces intelligences viendront à se perdre en Dieu, selon le rêve origénisle, qu’adviendratil de ces corps ? On ne le voit pas bien, et certains passages donneraient à entendre que ces supports provisoires des âmes retomberont dans le néant. Periarchon IV, xxxvi (Koetschau, p. 361, d’après Justinien, ap. Mansi, IX, 532) ; ’kyy.-/y.r, ^i] T.por, yauii.iyn-j T’y/ ; /av££v Tr : j tCi-j (7wa « r6)y pu^tv, v.).lv.’tx 5( « ^, stfjiui « Twy ûiît’TT « 7-Ov. t dta Tcvy. Tî^[j, 7rr6>jj, « T « yevo’asvK TTî/îi rà o-/ixv. $z6tj.îv « istiVi.v.-Tùjv, /.y-i T.’j./.vi Tï^^ £TravOjo96Jo-£w^ re^Êtw ? yr."3U.£v> ;  ; zi^ rà ii, ï] (ivv.i KVK’/jz70v.t ry.îjTK, f"i<jTî TOxiTO vù yivî’jdv.i. — Huet, OrigB’nj’a/ia. ii, II, q. 9 ; q. 12, a, 3.

16" Tous les êtres raisonnables — anges, hommes, démons — seront enfin purement unis à Dieu, et le règne du Christ prendra fin,

Le rêve du salut universel hante perpétuellement l’esprit d’Origène. Il n’y met qu’une exception absolue : le diable refusera à jamais de se convertir à Dieu, In Rom., 1. VIII, ix, P. G., XIV, 1185B : Istius autem qui de cælo cecidisse dicitur, nec in fine sæculi erit alla conversio. Et dans sa lettre apologétique à ses amis alexandrins, il s’indigne qu’on ait pu lui prêter l’assertion contraire : c’est une folie manifeste. Cf. saint Jérôme, Apol. Adversus libres Rufini, II, xviii, 7’. L., XXIIl, 440 sqq. L’exception concernant le diable, fùl-elle unique, sulFirait à mettre en échec le principe origénisle d’après lequel toute créature fait retour à son état initial. Il est vrai que le diable, comme tel — c’esl-à-dire comme déchu — n’est pas créature, il est tout entier son œuvre, In loan., 1. II, vii, P. G., XIII, 136 (Preuschen, xiii ; p. 69, 5). Mais cette considération vaudrait pour toute autre créature qui se détourne de Dieu. Periarchon, I, vi, 3, il traite la question d’ensemble, et tout d’abord formule une distinction. Certains dénions sont tombés si bas et opposent une telle résistance aux forces d’en haut, qu’il faut, ce semble, entièrement désespérer de leur salut. Mais, en dehors de ces grands coupables, il y a, pour des démons subalternes, chance de parvenir au rang d’hommes ; et même, absolument parlant, tout être raisonnable peut, à force de purilications, s’élever de degrés en degrés, jusqu’à atteindre l’héritage céleste. Une fois tous les élus parvenus à ce rendez-vous