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ORIGENISME

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celui-là est par celle-ci Christ, et celle-ci par celui-là Dieu ; qu’il soit anathème.

9. Si quelqu’un dit que ce n’est pas le Verbe de Dieu incarné, d’une chair animée par une àme raisonnable et intelligente, qui descendit aux enfers et remonta en purtonne au ciel, mais que c’est l’intelligence qu’en leurs blasphèmes ils appellent proprement Christ, [vroduit par la contemplation de la Monade (divine), qu’il soit anathème.

10. Si quelqu’un dit que le corps du Seigneur ressuscité eit éthéré et de forme spliérique ; qu’il en sera de même des autres corps ressuscites ; que le Seigneur le premier déposera son corps et que ])ai-eillement tous les corps s’en iront dans le néant ; qu’il soit anathème.

11. Si quelqu’un dit que par le jugement ù venir il faut entendre I anéantissement des corps, et assigne comme dénouement h la fable (de ce monde) la nature immatérielle, en sorte que rien ne subsiste des éléments de la matière, mais l’intelligence nue ; qu’il soit anathème.

12. Si quelqu’un dit que les puissances célestes et tous les hommes et le diable et les esprits du mal seront unis purement et simplement au Dieu "Verbe, tout comme l’intelligence qu’ils appellent Christ et qui, existant en forme de Dieu, se serait anéantie, selon eux, et que le règne du Christ prendra fin ; qn il soit auatlième.

13. Si quelqu’un dit qu’il n’y aura aucune différence entre le Chi-ist et tout autre être raisonnable, soit pour l’essence, soit pour la connaissance, soit pour l’infinité de puissance et d’énergie ; mais que tous seront à la droite de Dieu comme leur prétendu Christ, comme ils étaient dans leur fabuleuse préexistence ; qu’il soit anathème.

14. Si’quelqu’un dit que tous les êtres raisonnables seront réduits h l’unité par la disparition des hypostases et des nombres en même temps que des corps ; que la connaissance des êtres raisonnables aboutira à la destruction des mondes, à l’abandon des corps, à la suppression des noms, qu’il y aura identité d’hypostaKes ainsi que de connaissance et que, dans la fabuleuse restauration, il n’y aura que des intelligences nues, comme dans leur absurde préexistence ; qu’il soit anathème.

15. Si quelqu’un dit que 1 avenir des iîitelligences sera identique à leur passé, avant leur descente et leur chute, en sorte que le commencement réponde à la fin, et que la fin soit la mesure du commencement ; qu’il soit anathème.

Sur les luttes origénistes du yi" siècle, notre meilleure autorité est Cyrille db Scythopolis, biographe Je S. Sabas. Voir Vita Sahae, éditée par J.-B. CoTBLiBR, Ecclesiæ græcæ Moiiumenta, t. III, p. 220-376, Paris, 1688 ; rééditée en grec, avec une traduction slave du xiii" siècle, par N. Pom.ialovskij, S. Pétersbourg, 1890. Cyrille de Scythopolis (f 558 ?) a jalonné de dates jjrécises la carrière de saint Sabas (}- 5 décembre 53a) et poursuivi l’histoire des luttes origénistes jusqu’à l’année 555, pour montrer l’accomplissement d’une parole prophétique attribuée à son héros. Il nous donne le moyen de reconstituer cette époqueet, en particulier, d’opérerle discernement entre les deux fériés de 9 (10) et de 15 analhématismes, dues à l’initiative de Justinien. La première est inséparable de la Lettre à Menus qui la motive, lettre qui nous a été conservée par une tradition littéraire très ferme. Elle a été sanctionnée par le Bynode local de 5^3. La deuxième se donne expressément comme la pensée de 165 Pèresdu V concile ; elle n’a rien de commun avec le patriarche Menas, mort le 2^4 août 502, plus de huit mois avant l’ouverture oiricielle de ce concile ; d’ailleurs elle co’incide très exactement avec une lettre de Justinien au V concile, qui nous a été conservée par le moine Georges Hamartolor, historien du ixi* siècle (Chroriicon, IV, ccxviii, P. G., ex, jSo C-784 B ; même texte chez Cedrenos, llistoi-iaritm Cumpendium, P. G., CXXI, 920 D-724 D- Juxtaposition des 15 analhématismes et de la lettre, chez Diekamp, Origenistische Streiiigkeiten, Y). 90-9 ;  ;).

Autrefois on tenait pour certain que le’V" Concile

œcuménique avait délibéré sur Origène et l’avait condamné ; d’autant que plusieurs conciles subséquents font allusion à cette condamnation et la renouvellent. Otte conliance fut ébranlée par la publication, que lit Sunius, en lôfi’j, des Actes du Ve concile, oii l’on ne trouve pas trace de ces délibérations. Ces Actes font allusion (v’session, Mansi, IX, 272 D) à un anathème récent, qui est expressément renouvelé (vin* session, anath.ii, (i((/., 381J B). Mais comme on n’en voyait pas l’origine, on a parfois supposé que l’anatlième remontait à l’année 5/(3.

Cette solution, inaugurée par Henri de’Valois, reprise parllEFELE, ne peut se soutenir, carie synode œcuménicjue de 553 est une tout autre personne morale que le synode local de 543. Les Actes portent, Mansi, IX, 272 D : Necnuii eliam Origeriein et si ad tempora Theophili sanctæ memoiiæ vel supeiius aliquis recurreril, post mortem ini’eniet anatlientatizatiim : rjiiod eliam nunc in ipso fecit et vestra sanctitas et Vigilius religiosissimus papa antiqiiioris Romae. Il faut donc nécessairement admettre qu’avant cette date une condamnation d’Origène par le même V concile était intervenue. Tout concourt à prouver que cette condamnation précéda l’ouverture officielle du concile, convoqué à propos des Trois chapitres (Ad. Jûlicher, Tlieol. I.iteraturzeitiing, igoo, p. lyG, soutient le contraire ; mais je ne puis le comprendre). C’est sans doute pour cette raison que les Actes ofliciels du concile, tout entiers relatifs à l’affaire des Trois chapitres (5 mai-2 juin 553), ne s’étendent pas surl’origénisme : cette question a dû être liquidée en mars ou en avril, et comme elle n’avait pas figuré au programme olliciel de la convocation, la décision ne fut pas enregistrée à titre de décret conciliaire ; mais on ne laissa pas de solliciter l’approbation dupape Vigile, nous venons de le voir. Et c’est bien cet acte du Y" concile que’confirment divers conciles subséquents : concile de Latran sous Martin I (6^9), can. 18, Mansi, X, 1157 B ; Vie concile œcuméniqui- (G80), Art., xviir, Mansi, XI, 632 E ; concile in Triillo (692), can. t, Mansi, XI, 937 C ; VU" et VIII « conciles œcuméniques (787 et 870), Mansi, XII, io38E, XIII, 377B et XVI, 180 DE. Le Liber diurniis Pontificum liontanornm, attestant le cérémonial usité à Rome durant la première moitié du vin^ siècle, rapporte la formule d’une profession de foi dite par le pape lors de son sacre ; après une allusion au Ve concile (ccuménique, on lit (P. I, , CV, 49 B- — cf. éd. Th. Sickkl, Vindobonae, 1899) : In hoc Origenes, cuni impiis discipulis et sequacihus Didymo et Evagrio, et qui creatoreni omnium Deum et omnem ralionaleni eius creatiiram gentilibus fabulis posecuti sunt, aeleriiæ sunt condemnationi suhmissi.

Le fait d’une sentence rendue par le V concile œcuménique contre certaines doctrines d’Origène, contre sa personne et quelques-uns de ses plus illustres disciples, n’est pas seulement supposé par les grands conciles du vu’, du vin et du ix" siècles ; il est garanti par des témoignages conlenii)orain3. Dès 557, CYHtLLiîDE ScYTHoroLis affirme que le Ve concile a frappé d’un commun anathème Origène et Théodore de Mopsueste, avec l’enseignement de Didyme et d’Evagre sur la préexistence des âmes et la restauration universelle. Il écrit, Vita Sabae, p. 374 : Tî34 TOi’vuv Kyiv-i y.y.l oi/.ouiJ.v/i/.f, t Tr£ij.7ïT/ : 4 auviëou h KwvstkvtivcuTTO /ît 7Vvt/.ûpoi’78£t^r, ^^ y.Oi’jCi zO( XK^oiwtfj’/.v$ ie.Çlr, BtYsa.v

wjr/Mli-y.Ti Cifjf/évrii ; T£ zai 0£C(’15w/5O ; è Mo’pisusTriv.^^ xv.i tv. Tispl

On admettra dilTicilemenl que, si près des événements, la vérité historique ait été déformée par la tradition de Jérusalem. La tradition d’Antioclie nous est rapportée par Evagre le Scolastiquk, témoin orthodoxe et véridique, qui avait dix-sept ans à