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ORDINATIONS ANGLICANES

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Registre de Lanibeth, émet bien contre Ce document quelques soupçons fondés sur l’histoire de la Tête declieval, qu’il admet sur l’autorité de Neal ; mais il renvoie aussi à un passage antérieur de son livre, où il a signalé un grande impedimentum contre la validité des ordres nouveaux : Suhlala itimiriim yeræ ordinatiiinis siih Eda’ordo VI forma deOiiaqiie intentione faciendi giiod facit Ecclesia. Et si nous passons à Pierre Talbot et à son Erasliis senior écrit en 1662, à Jean Constadlk et à son Clerophiles Alctltes composé vers i^So, nous y trouvons toute la question de la validité de la matière et de la forme étudiée aussi méthodiquement qu’on pourrait l’attendre d’un auteur moderne.

Hien ne justilie donc l’assertion courante chez les écrivains protestants, d’après laquelle les catholiques n’auraient à l’origine basé leur rejet des ordres anglicans que sur leur croyance à la légende de la Télé de cheval, et auraient attendu de la voir définitivement réfutée pour s’aviser d’y substituer des arguments d’un autre genre, dont ils n’avaient jamais rien dit jusque-là.

L’historicité de la consécration célébrée â Lambetb en 1559. — La première mention publique de la cérémonie de Lambeth et du Registre (voir le texte de ce registre chez Couraver, éd. de Haddan, ou EsTcouRT, pp. io5 sq.) qui la relate, semble se trouver chez François Mason, dans sa Vindicalion of the Anglican Clntrch, publiée en 1641 (livre 11, chap. xv). Un événement ainsi révélé après tant d’années de silence ne devait pas trouver créance facile dans les rangs des catholi(iues. Champney, répondant (chap. xni) à l'édition primitive de Mason, parue en 1616, s'étonne qu’au début du règne d’Elisabeth, lorsque Sander, Harding et d’autres catholiques réclamaient la preuve de la consécration des nouveaux évêques, ni Jewell ni les autres ne leur aient jamais cilé ces pièces, où Mason prétendait découvrir cinquante ans après l’attestation authentique du fait. Si ces documents existaient alors, et s’ils étaient de nature à trancher délinitivement la controverse, pourquoi, demandait Champney, les a-t-on laissés si longtemps dans l’oubli ? L’objection était aiguë et elle prouvait tout au moins, comme nous l’avons dit, qu’on avait dû précédemment juger le contenu de ce témoignage peu satisfaisant ou peu honorable par quelque endroit. Mais la tare était probablement dans la personnalité même des consécrateurs, laquelle n'était certainement pas pour rehausser la cérémonie. En tout cas il est sûr que le Registre de consécration existait dès le temps des premières controverses ; et maintenant ([ue nous avons accès à tous les documents, nous ne saurions plus douter raisonnablement ni que la consécration de Mathieu Parker dans la chapelle de Lambeth ait vraiment eu lieu le 17 décembre 155g, ni que les circonstances de la cérémonie aient été réellement telles que les décrit la mention portée au Registre de Parker, — en d’autres termes que le consécrateurait été Guillaume Barlow, ancien évoque de Bath et de Wells, avec pour assistants (ou, si les anglicans préfèrent, pour co-consécrateurs) Jean Scory, ancien évêque de Rochester, puis de Chichester, Miles Coverdale, ancien évêque d’Exeter, et Jean liodgkins, ancien évêque auxiliaire de Bedl’ord. Le Registre est à croire encore quand il assure que le rite employé fut celui de l’Ordinal d’Edouard VI, mais que, contrairement aux rubriques du Pniyer Book, d’après lesquelles c’est l'évêque consécrateur seul qui prononce sur le candidat que lui présentent les prélats assistants la formule accompagnant l’imposition des mains, les quatre évêques proférèrent ensemble les

paroles rituelles : « Reçois le Saint-Esprit, etc. », en imposant les mains au nouvel élu.

Car non seulement le Registre lui-même, quoique suspect à quelques auteurs, semble à des critiques autorisés porter toutes les marques internes d’authenticité (voir EsTcouRT, op. cil., p. 96), mais beaucoup de témoignages s’accordent à parler dans le même sens. Tout d’abord c’est la mention qui se trouve dans le diaire privé de Parkkh (conservé dans la bibliothèque du Collège de Corpus Clirisii à Cambridge) : « 17 Decerab. anno iSSg. Consecratus sum in Archiepiscopum Cantuar. Heul Heu ! Domine, in quæ tempora servastime ? » Ce diaire, donné par Parker lui-même à la bibliothèque de ce collège, ne semble par avoir attiré l’attention au temps des anciennes controverses, — ce qui, pour le cas présent, fortifie sa valeur probante, puisqu’on ne saurait ainsi le soupçonner d’avoir été composé pour les besoins de la polémique.

Nous possédons, en second lieii, la mention, également contemporaine, du diaire de Macuyn : « Le

« XVII' jour de décembre, fut le nouvel évêque de
« Cantorbéry sacré là à Lambeth… Le xx' jour de
« décembre avant midi fut la vigile de Saint-Tho-, 
« mas ; Mon Seigneur de Cantorbéry alla à l'église
« de Bow, et là furent sacrés de nouveaux évêques. » Ce

Machyn était un drapier de Londres qui notait ainsi dans son diaire les événements d’intérêt public qui venaient à sa connaissance. Sans doute lui avait-on commandé du drap pour ces décorations de la chapelle dont parle aussi le Registre (sur ces décorations, voir également Col’raybr, op. cit., p. 332, dans l'édition de Haddan). Et ce qui donne encore au témoignage de Machyn une valeur documentaire toute spéciale, c’est qu’il ne semble pas avoir été remarqué avant la publication de ce diaire par la Caniden Society au xix° siècle.

Troisièmement il existe au State Paper 0//ice une pièce exposant la manière dont il faudra procéder à la consécration de Parker. Le texte central est manifestement de la plume d’un employé quelconque. La marge de gauche porte quelques notes de la main du Secrétaire d’Etat Cecil, et la marge de droite une autre note de la main de l’Archevêque Parker. Ce document est d’un tel poids pour établir la vérité de la relation contenue dans le Registre de Lambeth, que nous croyons devoir le donner en entier. En voici la référence : State Paper Office, Domestic, Elizaheth, iSôg, July, vol. V. ov aussi EsTcoURT, pp. 86 sq.

Copie en serait envoyée ici.

1. Demande est à faire de Lettres Patentes de la Reine, dites Significaverunt, à J’Archevêque de la Province pour la confirmation de l’Elu et pour su consécration. Il n’yapasd’ur- 2. Quand le siège chevêque ni IIII Archiépiscopal est évêques â trouver vacant, alors, « près

présentemen t. DoncQunerendum etc.

élection, de pareilles Lettres Patentes pour la confirmation de l’Elu sont à envoyer à tout nutie Archevêque des domaines du Roi. Si tous sont vacants, ù 1111 èvéques à désigner par les Lettres Patentes de la Iteine,

A.2r,.UenrIVIII, cap. 20, l’ordre est intimé universellement, de manié re que la restitution du temporel soit faite après la consécration, comme il me paraît d’après le dit acte.