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ORDINATIONS ANGLICANES

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de Cranmer et pour la discussion de ce point spécial, EsTcouuT, op. cil., Appendice viii)

Ce cas est d’ailleuis le seul qui demandât quelque explication. Hors de là, et pour autant que les documents subsistants nous permettent d’en juger, c’est toujours la règle indiquée plus haut qu’on suivit, soit pour faire, soit pour omettre la dégradation des prélats condamnés. On n’a qu à se reporter à la statistique de 26 exemples, tous tirés du règne de la Reine Marie qui fut dressée par les auteurs de la responsio au ne re anglicana de MM. Lacky et Puller, c’est-àdire Oïdines AnglUanl (pp. 174 à i^j).

On y trouvera ces exeuqiles rangés en un tableau à deux colonnes, selon que les ecclésiastiques dont il s’agit avaient été ordonnés d’après le Pontifical ou d’après l’Ordinal anglican. De cette liste, nous ne citerons qu’un cas, véritablement typique. Jean Kogers et Jean Bradford, tous deux préljendiers à Saint-Paul de Londres sous le règne d’Edouard VI, furent accusés d’hérésie et cités en jugement à une session qui se tint dans l'église Sainte-Marie Overy de Southwark en janvier 1555. Leur cause fut soumise à une commission d'évéques, sous la présidence d’Etienne Gardiner, évoque de Winchester. « Hi a judices Joannem Rogers tanquam presbyterum

« condemnarunt, ipsiusque antequam morte allice « retur degradationem mandarunt, et Joannem Brad « ford ceu laicum [licet juxta ritum Edwardinum
« admissus fuerat] condemnarunt atque clausulam
« consuetam degradationem injungentem prorsus

» deleverunt. » Ce qu’il y a dans ce cas de particulièrement frappant, c’est que l’original de la sentence jjortée contre ce Jean Bradford se conserve à la bibliothèque du Britisli Muséum (Harleian Mss. A" i'21, /'. 40. / ;.), et ce texte, évidemment copié par un scribe, contient la clause de dégradation usuelle : « Et eo

« prætextu degradandum et ab omni sacerdotal ! 
« ordine deponendumetexuendum fore debere, juxta

sacros canones in hac parte editos et ordinatos. » Mais sur cette clause, le document porte en surcliarge une rature très nette.

Comme le note Lkon XIII dans l’encyclique Apostolicæ curae, c’est le jugement formulé dans ces lettres apostoliques de Jules III et de Paul IV qui fonda la pratique — toujours observée dans la suite — de réordonner sans condition tous les convertis venus des rangs du clergé anglican qui, en passant à l’Eglise catholique, désiraient entrer au service de ses autels :

Aucloritates quas excitavimus Julii III et Pauli IV aperte oslendunt initia ejus disciplinæ quæ tenore constanti jarn tribus acteculis custodita est, ut ordinationes ritu edwardiano habeientur înfeclæ et nullae, cui disciplin.ie itmplissime suffragantur testiiuouia mulla earumdem ordinatiorium quue, in hac etiam Urbe, sæpiu3 absoluteque iteratæ sunt ritu catholico. 1d hujus igitur disciplinæ observantia vis inest opportuna proposilo. Nani si quidqnam dubitalioois resîtieat in quamnam vere sententiaoi ea Ponlificum diplomata sint accipienda, recte illud valet : Consuetudo optima leguin interpres. Quoniam vero firmum aemper ratumque in Ecclesia nianserit Ordinis sacramentum nefas esse iterari, fier ! nuUo modo poterat ut t ; dem consuetudinem Apostolica Sedes tacita paterelur et toUrarel.

H } a des arguments pour établir que le règne mcræ de Marie Tudor vit s’ouvrir la longue liste des convertis venus des rangs du clergé anglican, et que dès lors, sans égard aux ordres qu’ils avaient reçus suivant le rite nouveau, on se mil à suivre la règle donnée à Pôle par Jules 1Il et Paul IV, c’est-à-dire à leur conférer sans condition et d’après le Pontifical les ordres catholiques correspondants. Toutefois la démonstration ne va pas sans diflicultés, en raison

du caractère incomplet des témoignages documentaires. Nous éviterons donc d’appuyer trop fort nos conclusions sur cette preuve, et nous nous bornerons à exposer les faits dans la mesure où ils nous sont connus, sans leur attribuer ])lus de valeur qu’ils n’en ont. Un érudit anglican, leU^W. H. Frbre, a fait quelques recherches sur ce point et les a consignées dans une brochure de la Chiirch Ilistarical Society, intitulée : The Mariaii Réaction. « Si l’on compare

« entre elles, nous dit-il, les listes d’ordination du
« temps d’Edouard VI et celles du temps de Marie, 
« pour tous les diocèses où, comme à Londres, à

'< Oxford, à Exeter, les deux ont été conservées, il < est clair qu’un certain nombre de membres du a clergé d’Edouard VI se firent ordonner par les

« évêques de Marie Tudor selon le vieux rite latin.
« A Oxford, il y en a au moins trois exemples et
« probablement quatre ; à Exeter, deux ; à Londres, 

a au moins neuf et probablement dix. « Le D' Krere a manifestement employé beaucoup de temps et d’attention à recueillir dans les registres épiscopaux les matériaux de ses statistii|ues ; les travailleurs des deux camps doivent lui en savoir gré. Mais on ne peut dire que sa méthode de classement échapi)e à toute critique. Ses comptes rendus des ordinations de Marie Tudor sont bien plus sommaires que ceux des ordinations d’Edouard VI, et paraissent négliger des détails qui auraient pu aider à trancher les questions d’identité. De plus, il est visiblement peu familiarisé avec les dispositions du Droit canonique catliolique, ce qui le conduit parfois à des inférences peu fondées. Nous ne sommes pas tout à fait sûrs d’avoir identifié les seize cas de réordination dont il a voulu parler, mais il semble que ce soient les suivants.

Ordinations de Londres,

Jacques Clayton. Né à Byrstall dans le comté d’York, résidant à Hackney. Ordonné diacre suivant le rite d’Edouard VI le 23 juin lô.îO, par Kidley ; et pareillement ordonné prêtre en mai 1551. — « Probablement identique (t à un citoyen du même comté portant le même nom, (( ordonné sous-diacre à Londres en décembi-e 1554, diacre <( et prêtre au mois de mars suivant.)) (Frère)

Jean Hawes. Ecolier à Gunwell (c.-à.-d. GonvillejHall. Cambridge. Né à Walsham in the Willows, Suffolk. Ordonné diacre par Ridley, suivant le rile d’Edouard VI, le 4 octobre 1551. — Probablement identique au Jean Hawes ordonné sous-diacre, diacre et prêtre à Londres, le 9 mai 1554. Devint ensuite recteur de Ryckyngale, au diocèse de Norfolk.

Georges Uarrison. Membre du Collège Saint-Pierre de Cambridge. Né à Willesley, dans le comté de Leicester. Ordonné diacre pur Ridley à Saint-Paul, le 15 mai 1552. — Reçut pareillement les ordres mineurs et majeurs, y compris la prêtrise, à Londres le 9 mai 1554.

Thomas Degge. Membre du collège Sainte-Catherine de Cambridge. Né à Ashby dans le comté de Leicester. Ordonné diacre anglican à la même ordination que le précédent. Un Thomas Degge fut ordonné diacre a Londres le 4 mars 1557. « Il était alors membre du Peterhouse

« de Cambridge, mais comme on ne connaît à cette date

<( qu’un seul gradué de ce nom, les deux mentions se

« rapportent probablement au même personnage. » 

(Frère)

Robert Kynseye. Né à Warmynsham dans le comté de Chester. Membre du collège de la Trinité de Cambridge, Ordonné diacre anglican (et prêtre.') en août 1552 par Ridley, avec l’assentiment de l'évêque d’Ely. — Reçut les ordres mineurs et majeurs, y compris la prêtrise, le 20 et le 21 déc. 1553 à Londres. Curé de Ware.

Ordinations d’Oxford.

Nicolas Arscot, sujet du diocèse d’Exeler. Ordonné diacre anglican le 22 mars 1549 (vieux style) ', et prêtre an 1. On sait que l’Angleterre garda jusqu’en 1753 le vieil usage de commencer l’année au jour de l’Annonciation,