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ORDINATIONS ANGLICANES

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l’ollice auquel le candidat doit être élevé, ainsi que la requête omcielle faite à Dieu de l’y promouvoir, l.cs mêmes sacramenlaires anciens renferment des formes similaires pour la collation de l'épiscopat et du diaconat : les degrés en question s’y trouvent clairement désignés, puis on ajoute une prière demandant à Dieu de les conférer.

Tournons-nous vers l’Orient. VEuchologium de GoAR nous fournit les rites d’ordination de l’Eglise grecque orthodoxe ; les liitus Orientales de DenzinGERnous donnent les formes Maroniles.Nestoriennes, Arméniennes et Coptes. (Ces dernières se trouvent aussi dans l’Appendice xxxiii, des Anglican Ordinations du chanoine EsTcouRT.)Nous avons là toutes les formes dont on puisse prouver que l’Eglise catholique les ait jamais sanctionnées, soit en les employant elle-même, soit en acceptant les ordres conférés par leur moyen. Or ces formes, toutes diverses entre elles quant au détail des expressions, gardent toutes la même caractéristique essentielle : toutes désignent clairement le degré ou la fonction et demandent que le candidat y soit élevé, avec les grâces nécessaires pour s’acquitter fidèlement de sa charge nouvelle.

Il existe bien encore une ou deux autres formes aberrantes : ce sont celles qu’on trouve dans les Constitutions apostoliques, dans les Canons dits de saint Hippolyte et dans ce qu’on appelle le livre de prière de Sérapion (Voir l’article du D' Georges Wobbermin dans la collection Texte iind Untersuckungen de Leipzig, 1899, ou le tome II des Cnnstitutiones Apostolicae, éd. Funk.Paderborn, 1906). Là encore la forme des trois ordres est d’un type analogue, sauf que, dans le dernier de ces documents, la formule pour le presbytérat ne détermine pas clairement ce degré ; mais la faute en est peut-être à une omission ou à une corruption du texte, accidents qui menacent toujours les restes littéraires de ce genre. Le chanoine Estcourt, dans l’ouvrage cité, donne aussi un extrait de certaines formes Ethiopiennes pour les troisordres, telles que les a copiées Mgr Bel dans « certains livres Abyssins « (Voir aussi le Month, juin 1914). Mais il ne semble pas que nous ayons là le texte complet, et en tout cas, rien ne prouve que le Saint-Siège ait jamais garanti de son .Tutorilé la validité des rites schisniatiques perdus dans ces régions reculées.

La forme d’ordination de Bucer sert de modèle a l’Ordinal anglican. — Telle fut la témérité avec laquelle on rejeta en bloc les formes d’ordination traditionnelles : il nous reste à voir ce que les l’u lormateurs anglicans imaginèrent pour les remjilacer.

Ce qui frappe d’abord quand on examine le Prayer

liocik d’Edouard VI, c’est qu’il ne retient à peu près

rien des cérémonies anciennes. Si ensuite on veut

avoir dans quelle mesure le service nouveau consti

; iu' une composition originale, dans quelle mesure

(irocède au contraire d’une source allemande —

lume on peut bien le soupçonner après ce qu’on a AU du Service de Communion — on fera bien de consulter un document intitulé : fle ordinatione légitima Ministrorum revocanda, qui se trouve dans les Si ripta anglica de ce réformateur Strasbourgeois lîrcER, que Cranmer invitait à passer en Angleterre |Hiur y collaborer à son travail de réforme. Le titre lie cet écrit révèle assez clairement l’intention de l’auteur : Bucer était de ceux qui, mécontents du rite alors en usage pour la création des ministres dti culte, souhaitaient de lui en substituer un autre, de forme plus pure et plus légitime. Nous allons voir quel lien rattache son ouvrage au nouvel Ordinal

d’Edouard VI, qu’on était justement alors en train de composer. Mais interrogeons d’abord siu' ce sujet MM. Dbnny et Lacky dans leur De Ilierarchia anglicana, ouvrage publié en 1896, appuyé d’une préface approbative du Dr. Jean Wordsworth, évêque de Salisbury, et composé en latin tout exprés pour que lescatholiques du Continent pussent y lire, au moment même où la question se discutait dans une Commission nonmiée par Léon XUl, les véritables arguments pour la validité des Ordinations anglicanes :

Rognante Eihvardo VI pluiirai adveneruiit in Angliam exules quibus in votis erat Ecclesiam Anglicanam in eandein refornialimiia viani redticcre quam ipsi in suis patriis sGCnti erant. Id pi-aesertini fiugitubant ut penilus aboleretur sHcerilotiutij, utquee ritu ordinationis omnia deti-uderenlur f[næ Sancti iSpiritus coUationeui postularent Horum omnitim longe præstaiilis'^imuB fuit Martinus Bucer, ArgenLoratensia. Lullieranus ei’at, spectalo nioderamine, qui, viris tani cui-ialibiis quam ecclesiusticis pertJ ; ratus, in Academiam Cuntabrigiensem ascilus professer ei’uditioni niagnopere profuit, ecclesiæ non mullum nocuit. Is quideiu librum composiiit de oi-dinatione légitima ministrorum revocanda qui propositum suumin ipso titulo præ se fei’t. Quippe non sacrum Ecclesiæ ministerium, non saccrdotium. non verum episcopatum relineri, sed ordinationes quasdam Apostolicas, quas jam pridem desuetas fuisse 30mnial>at, instaurari volait. Très ministrorum oïdines permisit, non tamen veros nec inler se vere distinctos, Unam duntaxat formulam ordinationis pro omnibus ordinibus exhibait quæ bis verbis enunliatar : « Manus omnipotentis Dei Patris et Kilii et <( Spiritus sit super vos, prolegat et gabeniet vos, ut

« eatis et fructum atferatis, isque maneat in vitam aetcr « nani. » Hanc vero formulam ila explicat ut omnes

ministri aequo jure presbyteri, quamvis in très ordines administrative dispositi, per eam ordinari intelligantur. Inter prinii ordinis presbyterum et secundi ea tuntuui ratione ut, cum ordinatur aliquis superinlendens, id est episcopus, orania aliquanto pluribus et gravius gerantiir et periiciantui- quam cum ordinatur pi-esbyter secundi oi’dinis vel tertii. Ita etiani fit nonnullum discrimen inter ordinationem secundi et tertii ordinis,

llunc tandem librum manibus versabant castigatores rilus AnglicMhi, f|ui multum auctoritatis Bucero tribuebant, nec tamen cjus consiliis bac in rc obtemperaverunt…

Ce témoignage d’adversaires est intéressant à enregistrer : donc l’intention de Bucer en inventant ce rite était d’abolir le véritable sacerdoce, pour restaurer en sa place une forme de ministère où il s’imaginait follement reconnaître l’institution primitivement établie par les Apôtres. Que les auteurs du De Ilierarchia anglicana aient raison en ce point, c’est d’ailleurs ce qui est clair pour quiconque étudie l'écrit du réformateur Strasbourgeois. Mais est-il également vrai que les réformateurs anglais de cette époque aient repoussé délibérément les projets d’un homme qu’ils tenaient en si haute réputation ? est-il vrai qu’en composant leur rituel ils aient pris soin d’en exclure toutes les doctrines de Luther et des autres hérétiques, afin de conserver et de perpétuer par des ordinations valides l’authentique sacerdoce de l’Eglise ? En ce cas, ils choisirent un moyen bien étrange pour réaliser un plan qui devait, de l’aveu d’auteurs anglicans, leur apparaître diamétralement opposé à celui de Bucer : de leur plein gré, sans rien qui les y forçât, ils adoptèrent presque intégralement le rite nu’nie que Bucer avait proposé, avec cette seule différence qu’ils substituèrent à sa formule d’ordination unique trois fornmles distinctes. La place nous manque pour donner ici le texte complet des deux rites ; citons-en du moins quelques extraits : leur parallélisme illustrera la parenté qui les unit, et qui, notons-le, ne porte pas seulement sur le détail de l’expression, mais aussi sur l’ordonnance de tout l’ensemble.