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ORDINATIONS ANGLICANES


Il aditionnelle de l’Eglise catholique, l’essence même (iii sacrilice eucharistique, autrement dit l’olTrande du Corps et du Sang du Christ, rendus présents sur i’aalel par les pai-oles de la Consécration ? Dépouiller la liturgie de toute trace de caractère sacriûcatoirc pour la transformer en pur service de coiuraunion, cesl-à-dire enunesimple cérémonie d’administration d'- la communion au peuple, c’est là, on n’en peut liciuler, l’intention qui domina d’un bout à l’autre le f.M.'Qionial des Prayer JBooks d’Edouard VI. La pensi ! de ceux qui le réglèrent était que, sur la croix, le Christ s'était offert en sacrilice une fois pour toutes, pour la Rédemption de tous les hommes et la rémission de tous leurs péchés ; que par suite ce sacrifice n’avait plus à être renouvelé ni continué par aucun autre, et spécialement par celui que, selon la doctrine papique, les prêtres prétendaient ollVir sous les apparences du pain et du vin dans chaque messe qu’ils célébraient ; qu’eulîn le Sacrement de l’Eucharistie n’ayant été institué que pour donner une nourriture spirituelle aux croyants, ceux-ci n’avaient point d’autre offrande à présenter à Dieu en action de grâces que celle d’eux-mêmes, et qu’ils n’avait nullement à Lui offrir le Corps de son Kils, lequel d’ailleurs ne se trouvait pas là sur l’autel de manière à pouvoir être reçu réellement d.uis leur bouche, mais seulement dans leurs cœurs par la foi.

Pour démontrer que tel était bien le but visé par les Réformateurs, on pourrait citer d’innombrables passages tirés des écrits de Cranmer et des autres personnages sous le contrôle desquels fut rédigé le nouveau Prayer Book. Bornons-nous aux suivants, à titre d’exemples :

Pour parler un peu plus amplement du sacerdoce et du aucriGce de Christ, c'était un si haut Pontife qu’il Lui a suflB de s’offrir une fois pour abolir le péché jusqu'à la iin du monde par une seule effusion de son sang. C'était lin prêtre si eccompli que par une seul< ; ohlation II a f^xpié un monceau infini de péchés, laissant à tous les pécheurs un remède facile et tout prêt, puisque son unique sacrifice devait suffire pour beaucoup d’années à tous les liommes qui ne se montroraient pas indignes. El 11 prit sur Lui non seulement les fautes de ceux qui laient morts bien des années auparavant et avaient mis ?n Lui leur confiance, mais aussi les fautes de ceux qui usqu'à son deuxième avènement devaient croire sincèrement en son Evanj^iie. Si bien que maintenant nous ne levons plus cherch*^r pour remettre nos péchés d’autre jrètre ni d’autre sacrifice que Lui et son sacrifice… Or, mr ce 'jui vient d'être dit. tout homme peut aisément jomprc’mlre que l’offrande du prêtre i la messe, ou l’ap->licatif » n de son ministère fait© ri son grè pour ceux qui sont vifs ou morts, ne peut gagner ou mériter ni pour hiinénie, ni pour ceux à l’intention de qui il chante ourécite, a rémission de leurs péchés ; mais pareille doctrine ()apique est contraire h la doctrine de l’Evangile et inju-ieuse nu sacrifice de Christ. Car si seule la mort de Christ est l’ohlation, sacrifice et rançon pour lesquels nos >échés sont pai-donnés, il s’ensuit que l’acte ou le minisèro du prêtre ne peut avtdr le même oQjce. Aussi est ce m blasphème abominable de donner à un prêtre l’office ou lignite qui n’appartient qu'à Christ seulement.

.-Vnssi longtemps que régnait la Loi, Dieu souffrait que

ies bêles sans raison Lui fussent offertes ; mais inainte lant que nous somnies spirituels, nous « levons offrir des

^)blations spirituelles au lieu de veaui, de moutons, de

, loues et de colombes. Nous devons tuer le diabolique

prgueil, la furieuse colère, l’insatiable avarice, etc., et

ous ceux qui appartiennent ù Christ doivent crucifier et

nimoler ces vices pour Christ, comme II s’est crucifié

>our eux. Tels soient les sacrifices des Chrétiens, et que

.le teiles hosties et oblalions soient acceptables à Christ.

Et toutes semblables messes papiques sont à bannir

jiimplement des Eglises chrétiennes, et l’usage véritable

de la Cène du Seigneur doit être lêfahli, en laquelle le

dévot peuple assemblé puisse recevoir le Sacrement

h ! un pour soi, afin de déclarer qu’il se souvient du

bienfait qu’il a reçu par la mort de Christ et pour témoigner qu’il est membre du corps de Christ, nourri de son corps et abreuvé de son sang spirituellement. (CiiANMEU, LurWs Suppc/', II, ."J’iô sq.)

A ces déclarations de Cranmer, nous pouvons en joindre d’autres, en raison des circonstances particulières qui leur tirent donner la l’orme d’une proclamation royale. Ecoutons la première des « Six

« raisons publiées pour expliquer pourquoi le Révé(I rend Père Nicolas Ridley, Evèque de Londres, a
« exhorté les églises de son diocèse, où ponr lors

u les autels subsistaient encore, à suivre l’exemple n de ces autres églises qui les avaient enlevés, et a avaient dressé au lieu de la multitude de leurs

« autels une décente table en chaque église ».

La forme d’une table fera mieux passer les simples des opinions superstitieuses de la messe papique au légitime usage de la Cène du Seignem', Car l’emploi d’un autel est d’y accomplir des sacrifices ; l’emploi d’une table est de servir aux hommes pour y manger. Or quand nous venons au repas du Seigneur, pourquoi venons-nous ? Pour sacrifier Christ à nouveau et le crucifier à nouveau, ou pour nous nourrir de Lui, qui n’a été qu’une seule fois crucifié et oITert pour nous ? Si nous venons pour nous nourrir de lui, pour manger spirituellement son corps et boire spirituellement son sang (ce qui est le véritable usage de la Cène du Seigneur), alors nul homme ne peut nier que la forme d’une table ne soit plus convenable ponr le repas du Seigneur que la forme d’un autel. (RiuLEY, Œuvres, p. 321 et App. vi)

Sources du nouveau Prayer Book (le premier d’Edouard VI, 1549). — Ces textes et d’autres du même genre, qu’on rencontre dans les écrits des Reviseurs, ne laissent place à aucun doute : s’il est vrai jusqu'à un certain point que le Missel de Sarum (identique, sauf quelques petits détails, au Missel romain) a fourni la matière première de leur travail de refonte, l’opération à laquelle ils l’ont soumis ne visait pas seulement à rendre plus simple et plus sociale l’expression de l’ancienne doctrine et de l’ancienne piété, fidèlement conservées quant à leur substance : le but poursuivi a été l'élimination complète de tous les éléments, de tous les termes qui donnaient à la Messe sa valeur essentielle aux yeux des Catholiques d’avant la Réforme. Et le modèle auquel on travaillait à se conformer n'était point tiré de quelque source primitive : il avait été fixé par les protestants continentaux de ce temps-là, comme une multitude de preuves l'établissent et comme il importe de bien s’en convaincre.

Strypb, dans ses Memorials of Arcliliishop Cranmer (vol. I, pp. cxxiv et 584), nous expose comme suit les préoccupations de Cranmer en l’année 1548 :

L’Archevêque poussait l’exécution d’un projet qui devait procurer une plus grande union entre toutes les églises protestantes. Ce projet eût consisté en l’adoption d’une commune confession et harmonie de foi et de doctrine tirée de la pure parole de Dieu, telle que tous pussent l’admettre d’un seul accord. Il avait remarqué quelles différences s'éleviiient entre protestants sur la doctrine du Sacreraient, sur les décrets divins, sur le gouvernement de l’Eglise et sur plusieurs autres matières. Ces dissentiments avaient rendu les tenants de l’Evangile méprisables à ceux de la communion romaine… Gela lui faisait juger très expédient de procurer l’adoption d’une pareille confession. Et pour cela il croyait nécessaire que les principaux et les plus doctes théologiens des diverses Eglises se réunissent ensemble et là, en toute liberté et amitié, discutassent les points controversés selon la règle de l’Ecriture, et, après mute délibération, rédigeassent d’un commun accord un livre d’articles et de points capitaux de la foi et de la pratique chrétienne, lequel servirait de doctrine fixe aux protestants.

Cranmer, nous explique encore le même auteur, pensait que l’Angleterre était à cette époque le pays

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