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ORDINATIONS ANGLICANES

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Tanilia que l’Orient secouait peuà peu les derniers restes (le la coutume autc’uicoenne, en Occident la théologie sacrainentaire, créée par saint Augustin, allait passer par bien des épreuves. Le docteur d’Hippone avait recueilli et développé la forte doctrine traditionnelle du Pape Elionne ; l’extinction grailuelle des sectes novalienne, donatiste, luciférienne, semblait devoir laisser le champ libre à l’observance légitime ; mais à la place des antiq<ies dissentiments de principes, surgirent des nialeutenilus qui compromirent tout. Les termes énergiques auxquels en diverses circons’.ances les Papes du v « et du VI" siècle recoururent pour llétrir l’exercice scliismatique liu pouvoir d’ordre, furent souvent mal interprétés, comme contraires à l’existence même du pouvoir d’ordre dans le schisme : ainsi telles décrétaies des Papes Innocent 1, Léon le Grand, Péh-ige, contribuèrent à créer un courant d’opinion que leurs auteurs eussent été les premiers à déplorer. D’ailleurs on relève même en Occident, à l’état sporadique, des inliltrations de la théologie orientale. Au vir’siècle, le moine grec Tiiéodore de Tarse, donné par le Pape Vitalien pour réfoi-mateur et pour chef à l’Eglise de la Grande-Bretagne, infligeait une réordination à un évoque consacré par des prélats indigènes. Plus tard se produisirent des faits de plus grave conséquence. Ce fut d’abord en 76g la compétition de Constantin et d’Etienne lU pour le Saint-Siège, et la déposition par Etienne 1Il des clercs ordonnés par Constantin. En France, au ix’siècle, ce fut l’opposition faite par les hauts prélats de l’empire carolingien aux ordinations accomplies par les chorévêques, opposition appn3’ée par la législation apocryphe des Fausses Décrétales(voir ci-dessus, t. I, 907-908) ; puis la lutte entamée par lîincmar contre les clercs ordonnés par Ebbo, son prédécesseur sur le siège épiscopal de Reims. AConstantinopIe, le conflit entre le patriarche Ignace et Photius donna au Pape Nicolas 1" l’occasion d’écrire une lettre sévère, dont les expressions un [jeu fortes purent être prises pour)ine condamnation pure et simple des ordres conférés par l’intrus. A Rome, l’inconséquence de Jean VIII qui, dans le temps même où il admettait à l’exercice de leurs ordres les clercs ordonnés par Photius, faisait, sous la pression d’autres nécessités, renouveler la consécration de Joseph, évêque de Vereeil, préalablement sacré par un prélat rebelle, accrut la confusion des idées. En 897, le.s princes de Spolète faisaient déterrer le corps du Pape Formose, accusé de trahison envers leur dynastie ; les ordinations de ce Pape furent cassées et tenues pour nulles sous les pontilicats de Serge III et de Jean X. En 964, la rivalité de Jean XII et de Léon VIII renouvelait, en l’aggravant, le scandale causé deux siècles plus tôt par la rivalité de Constantin et d’Etienne III.

.Vu x^ siècle, apparaît dans son horreur la plaie de la simonie, l’hérésie simoniaque, selon une expression bientôt reçue dans l’Eglise. Toute une école de canonisles rejette purement et simplement, comme nulles, les ordinations accomplies par les prélats simoniaques, et, sur ce point, la pratique de la Curie romaine oscillera entre la rigueur et l’indulgence, jusqu’auxjours de Grégoire Vil et d’Urbain II. Tandis que saint Pieri’e Damien maintient la validilé des ordinations même illicites, et que des canonistes comme Cernold de Constance retrouvent, pour les défendre, la théologie de saint Augustin, d’autres, tels que les cardinaux Humbert et Deusdedit, confondent persévéramnient validité et licéité.

Au XII’siècle, l’école juridique de Bologne élabore une théorie subtile, qui distingue les ordres conférés hors de l’Eglise par un évêque jadis consacré dans l’Eglise, des ordres conférés par un évêque lui-même

consacré hors de l’Eglise. Cette théorie, exposée ilaiis le Décret de Gratien, aura pour principaux défenseurs Roland, Rufin, Jeande Fænza.

Une réaction ne tarda pas à se produire avec Gandulph, qui, pour caractériser la propriété du pouvoir d’ordre, Iransmissible pour ainsi dire automatiquement en dehors du contrôle de l’Eglise, crée la formule expressive : Ordo e>t a/iihiilaloriiis. Peu à peu, cette théorie gagne du terrain : l’un des docteurs de la théorie adverse, Roland, devenu Pape sous le nom d’Alexandre 111, lui fait déjà certaines concessions ; elle triomphe avec saint Raymond de Pennafort. Les grands docteurs scolasliques, Alexandre de Halès, saint Thomas d’Aquin, Uuns Scot consacreront définitivement cet enseignement, dominant, dès le début du xin*^ siècle, dans l’Université de Paris.

Malgré un retour olTensif au temps du grand schisme, la théorie qui subordonne à l’autorisation de l’Eglise la transmission dn pouvoir d’ordre était dès lors délinitivement vaincue.

Conclnsions. — Une vue rétrospective sur la controverse des Réordinations découvre dans cet épisode une série de faits dont l’histoire des dogmes offre bien d’autres exemples. A la vie latente du dogme succède une période de lutte, puis l’épanouissement définitif.

La période de vie latente répond aux deux premiers siècles. L’Eglise n’a jamais ignoré complètement les exigences de l’investiture donnée par le Christ aux Apôtres et à leurs successeurs ; une tradition ancienne en fait foi, et le Pape saint Etienne, dansun rescrit célèbre, a rendu témoignage à ce germe de vérité déposé dans la conscience de l’Eglise.

La période de controverse, ouverte au temps de saint Cyprien, ne fut close qu’à l’avènement de la scolastique. Saint Augustin, par les principes féconds qu’il posa et le progrès décisif qu’il Cl réaliser à la théologie sacramentaire, fut le principal ouvrier des progrès à venir.

A ces progrès, l’enseignement de l’Eglise, depuis le xiii* siècle, et particulièrement au concile de Trente, a mis le sceau. Seule rinexpérience pourrait prendre scandale des tâtonnements qui ont précédé ; et seule l’ignorance ou la mauvaise foi pourrait y trouver une arme contre la réalité des promesses faites par le Seigneur à son Eglise.

A. d’Alês.


ORDINATIONS ANGLICANES. — Sommaire. /}ut de Vaitlcle. — Obiginb du schisme d’Henri VIII

(1530- 10/17). SEPARATION d’avec LE PaPE, MAIS MAINTIEN DES FORMES LITURGIQUES DU CULTE. NoU ieau.t : changements SOUS Edouard K/ (1547-1557).

— Innovations liturgiques. Doctrine nouvelle que ces changements visaient à exprimer. Sources du noKi’eau Prayer Book (le premier d’Edouard VI, 1549).’-" formula Missæ de Luther. Le premier Prayer Book, mutlation du Missel de Sarum. Le deuxième Prayer Book d’Edouard 17(1552). Nouvelles mutilations. — Introductio.v de l’Ordinal d’Edouard VI (1550). Les Eglises latiouales ont-elles le pouvoir Je régler leurs rit^i sacramentels ? Innocent f. Morin. Type ancien c mmun à toutes les formes d’ordination. La forme d’ordination de Bucer sert de modèle à l’Orainal anglican. Evêques consacrés sous Edouard VL d’après l Ordinal nouveau. Marie Tudor (1553-1558). Réconciliationavec Rome, Elisabeth (1558-1605). Rétablissement du schisme. Installation d’une nouvelle lignée d’évêques et d’un nouveau clergé. Les ordres des nouveaux évoques dérivent tous de l’archevêque Parker,