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ORDINATION

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retrouver dans le rile de l’ordination la trace de celle distinction. Au pouvoir sur le corps réel du Christ, répond la tradition des instruments, avec la formule :

« Reçois le pouvoir d’ollrir sacrilice à Dieu… » ; au

pouvoir sur le corps mystique, repond l’imposition des mains, à la lin de l’ordination, avec la lorniule : f Ueçois le Saint-Esprit ; à ceux à qui tu remcltras les pécliés, ils sont remis.. » Ainsi le rite essentiel de î'ordinatior sacerdotale comporte deux éléments. Proposée dès le eoramen cernent duxiv' siècle par Duns Scot, cette solution jouit toujours d’une faveur jiarticulière dans l’ordre séraiiliique. >'oninions, au XVI' siècle, Elbel ; au xvne, Maslrius ; au xviii', lrassen. Au xvii= et au xvm’siècle, sa vojjueeslexlraordinaire et s'élend à toutes les écoles. Parmi ses défenseurs, on peut citer les Dominicains Jean de Saint-Thomas et liilluart ; les Jésuites Tolet, Vasquez, Sanchez, Beliarmin, Lessius, Pallavicini, Busembaum, Escohar, entre beaucoup d’autres ; des docteurs parisiens comme Gerson au xv’siècle, Uamaclir, Vsambert.Halliir au xvii^ ; des Ermites de saint Augustin, des (larmes, des Barnabites, etc. A la lin du xvni'.la fortunedecetle opinion est bien ébranlée ; ellenecompte presque plus de représenlants au xix*.

, 'j" '^otutioii. — Procède, comme la précédente, de la préoccupation d’accorder la doctrine du concile de Florence avec le sens attaché par 1 Ecriture et toute 1 antiquité chrétienne aurite de l’imposition de mains. Seulement, au lieu de descendrejusqu'à la lin durite de l’ordination, l’on s’arrête au eommencemenl, oii se rencontre unepremiére imposition des mains. Et l’on distingue deux éléments essentiels : imposition des mains avec l’invocation du Saint-Esiu-it ; tradition des instruments avec la formule : <' Reçois le ])ouvoir d’olTrir sacrilice à Dieu. » Cette opinion n’est guère anlérieiu’e au xviii' siècle. Elle compte encore aujourd’hui des défenseurs, tels que M. Tanquerey et ie cardinal Billot.

'/" Siiltilion. — C’est la sjntlièsedes deux solutions pi'écédenles. Elle n’attache une importance exclusive nia la première ni à la seconde imposition des mains, inais voit dans le rite sacramentel un ensemble 'omplexe, renferraanltroiséléments essentiels : l' imposition des mains avec 1 invocation du Saint-Esprit ; .radilion des instruments aec la formule : a Hec.'ois e pouvoir d’offrir sacrilice à Dieu « ; 2' imposition les mainsavecla formule : « Reçois leSaint-Espril… » — Parmi les défenseurs de cette opinion, qui n’ob ; int.)aniais une très large diffusion, nommons le carlinal de Lugo, S. J., le cardinal Gotti, O. P., Euscbe mort, des Ermites de saint Augustin.

5 « Suldtion. — C’est un amendement de la troisième. 3n distingue encore deux éléments essentiels, qui sont la première imposition des mains et la tradiion des instruments ; mais au lieu de requérir l’un l l’autre pour l'œuvre sacramentelle, on admet que 'iii} ou l’antre petit snllire à la procurer. Le Jésuite 1 niçois. iico ()- 1651) fut des premiersà proposer ftle o[)inion.

G' Siiliiliiiii. — S’inspire de l’antiquité chrétienne "l de la liturgie universelle, pour admettre un seul rite essentiel de l’ordination sacerdotale : l’imposi-tion dos mains avec l’invocation du Saint-Esprit..Cette solution ne peut s’appeler nouvelle : dès le xiii’siècle, l'éminenlissime auteur la rencontre dans l’université de Paris, avec Gnillaiime d’Auxerre et Guillaume d’Auvergne ; dans l’ordre franciscain avec .saint Ronaventure ; dans l’cudre dominicain avec Pierre de Tarentaise (Innocent V) et IluguesdeStrasjbourg..u xiv « et au xv* siècle, elle subit une éclipse presque complète, sous l’inlluence des causes qui préparèrent le Décret deFlorencepourles Arméniens, au xvi « on la retrouve dans les milieux les plus

divers, depuis Henri VIII d’Angleterre s’attaquant à l’hérésie luthérienne, jusqu’au Dominicain Pierre - oto et au Jésuiie Pierre Canisius ; au xvir, après la renaissance des études de théologie positive, elle recrute df nolablesadhérents : l’orientaliste Arcudius, le Jésuite Petuu, lOratorien Morin, le Dominicain Goar : tous ces auteurs se sont illustrés par leur connaissance étendue de l’antiquité chrétienne. Au xviii' siècle, les sorbonisles Witasse, Habert et Tournély ; Huet, évêque d’Avranehes ; les Dominicains Noël Alexandre, Drouin et Concina ; les Bénédictins Martène et Chardon ; saint Alphonse de Liguori. Au xix', elle règne décidément dans toutes les écoles, et il devient inutile de citer des noms. Le Père Chr. Pescli, S. J., a pu écrire, de nos jours :

« Parmi les auteurs modernes, ; peine s’en trouvet-il qui soient d’un autre sentiment. » 

Le tableau suivant, où nous résumons les précieuses données fournies par le cardinal Van Rossum, permet de saisir le mouvement des diverseï opinions.

" BOL.

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Pour traduire cette statistique, disons que la croyance à l’ordination sacerdotale par la tradition des instruments domina dans l’Ecole jusqu’au XVII » siècle. A côlé de cette croyance, un nombre grandissant de docteurs accueille l’idée d’un pouvoir sacerdotal conféré par l’imposition des mains ; mais leur attention se porte de préférence sur l’imposition des mains qui termine l’ordination et se rapporte à la rémission des péchés. Cependant l’imposition des mains initiale n’a jamais été complètement perdue de vue. Son importance est remise en pleine lumière au xvii' siècle par des hommes profondément versés dans la connaissance de l’antiquité chrétienne, et les conclusions dogmatiques ap|)nyées par de nombreux docteurs sur l’autorité du Concile de Florence, en paraissent ébraiib’es. On élabore des solutions mixtes, où, à l’imposition des mains initiale, est associée la tradition des instruments. Mais l’avenir appartient à la solution radicale, (]ui présente l’imposition des mains initiale comme le seul rite essentiel de l’ordination. Dominante au xviii' siècle, cette solution rallie de plus en plus, au XIX", la presque unanimité des théologiens.

Très (d)jective d’intention et de fait, la statistique du cardinal Van Rossum pourra être complétéeelle pourra aussi être discutée en quelques-uns de ses éléments. Tels disciples de saint Thomas font observer que le saint docteur n’ignore pas le rôle capital de l’imposition des mains. Le cardinal ne l’a certes pas oublié ; aussi s’esl-il abslenu de ranger purement et simplement saint Thomas parmi les tinants de la première solution. Il reste vrai que le saint tibcteur n’assigne à l’imposition des mains qu un rolc préparatoire, et réserve à la tradition des instruments le rôle essentiel. (Saint Thomas, In I V [>., 2'i, q. 2, art. 3.) D’autres noteront (vt>ir J. on GuiBKRT, Iteviie pratique d'.4/iol()f ; élif/iie, t. XIX, p. 212, décembre 1914) que la dernière solution doit