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OCCULTISME

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été instruits du complexe, quand ils ne déchiffraient pas le simple ? Les astrologues invoquaient tantôt l’expérience des siècles, tantôt la « révélation des dieux détrônés et révoltés » (Bouché Leclkrc.q, o. c, p. a5). Mais l’expérience des siècles est muette sur les résultats de l’astrologie, qu’on ne peut vérifier au delà des limites d’une vie humaine ; elle n’enseigne que l’universalité d’une curiosité, non d’une réussite ; et quant aux anges ou « dieux » révoltés ou détrônés, leur témoignage est très suspect.

Du reste, diabolique ou charlatanesque, cette science était assez imparfaite pour limiter le nombre des planètes a<ix proportions connues des profanes. Bouché-Leclercq y a fait une allusion discrète (p. 24 ! 5, 0. c) ; mais les fervents de l’occultisme ne savent que penser d’L’ranus et de Neptune (A. os Thyank, Petit Manuel d’asiiol, p. g). Lbverbieb, comme on sait, leur a révélé cette dernière planète, dont la découverte est très grave « parce qu’elle porte atteinte au se[)tenaire » (Haatan, Traité d’nstrul. judiciaire, p. ly) ; mais Pionn (inlrod. à la réédit. de Fludd, p. xix-xx) se console et venge les occultistes en nous annonçant qu’ils ont non seulement devancé, mais dépassé Leverrier. Ils parlent de deux autres planètes qui restent à découvrir. Ainsi il y aura douze planètes ! Mais oiisont « Vulcain » et « Pluton " ? Leur découverte promise reste aléatoire. Et le dogme septénaire n’en a pas moins été ruiné par la découverte d’Uranus.

Le bilan de l’astrologie se solde par bien des erreurs. Et les fidèles eux-mêmes s’en aperçoivent. L’horoscope (ou fixation du destin de l’homme d’après la position des astres à la naissance), l’horoscope, considéré encore de nos jours comme une pratique savante(cf. Papus, Premiers éléments d’as-Irosophie, pp. l[S- ! ig ; JuLiivNo, A’oh »’. Traité d’Astrol. y)/ot, Chaoornac, 1906 ; — Pioui), Formulaire Je Haute mafiie, liaragon, 1907), n’en est pas moins sujet à caution et mainte fois erroné. <i La faute, disent les initiés, n’est jamais imputable à la science, mais à celui qui l’exerce » (Fludd, Etude du macrocosme, p. 28 de la réédition) ; mais elle est toujours possible, donc la science est toujours précaire (Selva, Traitéthéor. et prat. d’Astrol. ^énéihliaque, Chamucl, 1900 : « L’astrologue est obligé parfois d’attendre toute sa vie., que le hasard lui fasse tomber sous les yeux l’horoscope dont la constitution » résolve

« le problème qui s’est posé pour lui », p. ^a). En

outre, on ne peut se (ier à l’asirologie « comportant (Fludil, p. 270) des pactes avec lesdémons » : autrement dit. une part d’incertitude tient à la liberté, limitée pourtant, des démons, à plus forte raison à celle des hommes. Lesastres a inclinent et ne nécessitent pas "(p. 86 de Vanki. Hist. de Tastrol., chez Ghacornac, 1906) ; leur position à l’heure de la naissance n’autorise pas « le fatalisme, mais la prudence » (Bois, o. c-., p. 56). S’il en est ainsi, l’astrologie est vaine ; et, s’il n’en est pas ainsi, comment les mêmes etTets ne sont-ils pas toujours observés sous les mêmes latitudes ? Cahnéadb (Bouché-Lbclbbcq, op. cit., 27) et Skxtus Empiricus (ibid.. p. 28) demandaient déjà pourquoi tous les gens qui meurent dans une même catastrophe ne sont pas nés sous le même signe, et pourquoi lesElhioiiiens qui naissent sous le signe de la Vierge ne laissent pas que d’être noirs, nonobstant l’efTet imputé à ce signe ?.A quoi Ptolbméb répondait déjà que les inihiencesuniverselles dominent ces « génitures particulières » 1 Cf. aujourd’hui JuLKVNO (ABC de l’Astral., p. 48). — Ce qui est certain, c’est que les seuls horoscopes exacts sont réussis après coup, après la mort et non à la naissance de l’intéressé : tel l’horoscope de Jeanne d’Arc (par JoLEVNo, dans ! , e Voile d’Isis, p. ^89-2^0 : « La lune

en aspect avec Jupiter, lui donnait la foi religieuse ; avec Mercure, la vivacité d’esprit. " Il n’y a eu qu’une Jeanne d’Arc pourtant, sur combien de créatures nées le 6 janvier 1412l) ; tel encore rhorosoo|)e de Gambetta établi par Flambart (anc. élève de I Ecole polytechnique. Traité sommaire d’astrologie scientifique ) : mais on ne nous apprend qu’en 1902 que la

« révolution solaire » du 2 avril 1882 mettait en

péril la « vitalité » de Gambetta, qui mourait en effet quelques mois plus tard ! On a osé dire que la nativité la plus illustre du monde, celle de N.-S., fut une confirmation de l’astrologie, et que le " cas des mages fut pour les exégètes et polémistes chrétiens un embarras des plus graves », l’intelligence providentielle des trois Rois étant un « certificat de véracité délivré à l’astrologie » (Bouché-Lkclehcq, Asirol. gr., p. 611). Il y a 14 une confusion bien singulière : jamais, en astrologie, une étoile sp^iale n’a été considérée comme ayant un sens particulier pour la destinée d’un homme : on ne tient compte que des positions variées d’astres toujours lesmèmes, de leurs latitude et longitude géographiques et géo ! centriques, de leur ascension droite et de leur déclinaison (Flambart, op. cil., p. 13), ainsi que des rapports entre les planètes et les signes du zodiaque (maisons astrologiques, cf. Papus, Traité d’Astrosophie, p. 4Ô). — En second lieu, dans le cas de N.S. J.-C, l’étoile des Mages était évidemment miraculeuse puisqu’elle marchait : Kepler ne la reconnaît pas dans l’astre qui apparut en iCo4, et dont une précédente apparition aurait pu coïncider avec l’époque du Sauveur (cf. H. G. Voigt, die Geschichte Jesu uud die Astrologie, Leipzig, 1911).

Ij 9) Conclusion, — Le principal effet de l’astrologie et des sciences occultes en général est de faire douter du libre-arbitre et dé favoriser [lar suggestion toutes les causes libres qui peuvent concourir au résultat prédit. La divination trouve un concours efficace dans la crédulité : la prétendue pré-ootion de l’avenir est en réalité une pré-action. Qui ne connaît un récit authentique de malheureuses victimes de la <i bonne aventure » ou d’une consultation de chiromancienne, influencées à leur insu et réalisant d’elles-mêmes, plus tar<i, un malheur ou une faute que les lignes de la main ou le livre stellaire leur ont fait croire inévitables ?

2. L’action a distance. — L’occultisme vient d’être étudié comme source de prétendues révélations. Examinons maintenant ses secrètes influences. II se flatte d’exercer sur la matière que nous déclarons inanimée, et qu’il feint de croire vivante, une certaine action dont il a le monopole. Il en exercerait une autre sur les âmes humaines, et se jouerait de l’espace comme il se rit du tenifis. Il établirait enfin un lien entre la clairvoyance humaine et les secrets de la nature. Ainsi les « trois mondes, le divin ou archétype, le monde des orbes ou région ëthérée, et le monde sublunaire ou région élémentaire constituent l’univers ou Pan ou Phanès » (Fabre d’Olivkt cité par Haatan, Traité d’Astrol., Chamuel, p. 9). Entre ces trois mondes, l’influence réciproque est considérée comme l’abc de l’occultisme ; il y a un lien entre l’astrologie et l’alchimie, entre l’alchimie et la magie, entre la magie et la sorcellerie, entre la sorcellerie et l’envoûtement, etc.

A) Phétendubs actions sur la matière. — | 1) Inanimée. — Des prétendues conquêtes de l’occultisme sur la constitution intime de la matière, il n’est guère resté que les traditions de l’alchimie et de la médecine « spagyrique » : non pas qu’elles fussent plus convaincantes, mais parce qu’elles portaient sur des objets si chers à l’homme (or et vie) que la persévérance s’est cabrée contre les insuccès et les