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OCCULTISME

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Pierre de son reniement (Clara Baillod, Alectryomancii^, p. 23), mais le souvenir de Dieu qui lui avait i>ài lé du coq, de même la divination par les oiseaux (thèse de David, l.e droit uuf(iiriil et lu diminution o/f. des h’oinaiiis) empruntait à des remarques inconscientes des augures la seule sécurité que donne un rapport constant de cause à eir-l. S’il est vrai que Calclias (Homèrk cité par CiOKBON, De Di’iri.) ail i, révu par le vol des oiseaux que la guerre de Troie durerait dix ans, de deux choses l’une : Ou bien il y avait un rapport entre le signe et la durée de la guei re, et ce rapport était pressenti sinon compris par le devin : par exemple du sens des vents à l’atlenlc des secours venus par mer, etc. ; ou bien il n’y avait aucun rapport, et ce n'était pas une divination par les oiseaux. Un ra()port de ce genre, plus ou moins « occulte », mais plus ou moins concevable, existe entre les mouvements du devin et l’objet qu’il manie par sa divination. C’est ainsi que des objets inanimés peuvent servir à la manlique. Le Calchas ancien ou modrrne est alors le seul auteur du pronostic l’acile ou non, fondé ou non sur de bons éléments de conjecture ; une fois son pronostic fait, il imprime inconsciemment au cristal (cristallomancie : cf. GrasSKT, O. II. et aiiioiiia’liiii, p. 135 sq.), à la cou|ie (lécunomancio, cf IIunoer, in Uipziger Si-mitische .Sliiilien, pp. i-80. FiscHiîn et Zim.mbhn, igoS), aux dés et lettres (Heinevettrr, Les Oracles, Breslau, ig12), aux cartes du jeu de tarots (Papus, l.e Tarot dwinatoire ; cf. Bois, op. cit., p. 48), au dépôt du marc de café ou aux éclat, menls de l'éeaille de tortue Iirûlée (procédé de la Chine antique, cf. Journal Ayiatifjue, janv.-fév. 1911) les mouvements qui signifieront, d’après la clé » convenue, le pronostic élaboré dans son esprit. Cela, certes, n’enipcche pas le démon de « s’en mêler 0, comme je l’ai indiqué ailleurs (/i’ei'. prut. Jpolo^., 15 mai 1914) au vénéré niailre qu’un scrupule empêchail d’adopter ce point devue(GRASsKT, pp. ! , ; et 298 de l’Occ. Ii. et a. : « La question des anges et des démons reste une question ihéologique : la biologie l’ignore ; — je pose en principe qu’aucune doctrine religieuse ou philosophique n’a intérêt au succès de ces recherches [sur l’occultisme] « ). Mais quand le pronostic est tellement précis et troublant qu’il ne peut être humain ni dû an hasard, comment refuser de présumer une intfrveniion du démon ? Une psychonévrose grégaire (hypothèse de Duprat, dans Occ. et Spir., p. 12-1 3) n’explique pas un prodige, surtout isolé, de clairvoyance et d’exactitude ; et les médecins sont aussi qualiliés que personne pour conclure, en pareil cas, que l’explication par le préternaturel est logique. § 5) /.'intervention prélernuttirelle. — Nous n’approfoiidinms pas ici des raisons qui seront traitées à l’article SriBiTisMK. Nous dirons seulement, en ce qui concerne rO(.c » i/i.< ; me, que le concours des « mauvais anges I) est traditionnellement reconnu comme possible et probable dans nombre d’interventions divinatoires. " Je suis persuadé qu’il y a autour de nous des élres intelligents et invisibles qui peuvent quelquefois intervenir dans notre vie », dit le colonel UB Uocuas (Front, de la Se, 2= série, p. 25). — Se faisant l'écho de la tradition qui rapporte que » les mauvais anges avaient enseigné l’astrologie à Cham II ( ¥n ?/e et astrotooie dans Vantiq. et au niuyeii âge. p. ! o5). ^^^.UR Y justifie l’Eglise et l’Etat de leur rigueur séculaire contre certaines « pratiques véritablement criminelles » de l’occultisme (ibid., p. 145). Des hommes indifférents on hostiles à l’Eglise enregistrent cette tradition (cf. Hubkrt, article.Magie du Dictionnaire de Saglio, col. iSoy) universelle et bien antérieure au Christ (Babylonian Magic and

Sorcerr, par W. tvivo, London, 1896, p. 46 sq. — et 109 sq). — Et l’on dirait que Figuier (Histoire du mrrweilleux, p. Sg), l’archiviste.VIarx (Fascicule ao6 de la Bihl. de l’Ecole des fîtes Etudes : 1914, Etude sur le Développement et la répression de l’hérésie. p. 36), le D' Laurent (op. cit., p. 34), le magistrat Bi’xHON (op. cit., p. 34-35) ont voulu, par le récit des scandales et des horreurs dont ils établissent la réalité sur des textes, par l’exhibition de tant de crimes monstrueux, par l'étalage de tant d’intentions perverses des sorciers, infanticide, luxure, sacrilège, ont voulu, dis-je, justifier les canons des souverains Pontifes contre eux (cf. Joseph Hansbn, Quelten… zur Gescliichte des Hexem’ahns, pp. 16-17, ^tc), et l’humble mais lumineux récit de saint Luc :

« Il arriva qu’allant au lieu de la prière nous rencontrâmes une jeune fille qui était possédée de l’esprit de Python et qui rapportait à ses maîtres un

grand profit par ses divinations, n (Act., xvi, 16.) j — Les livres modernes d’occultisme vulgarisent le j culte infernal de Satan ; leurs auteurs ne rougissent pas de dresser < autel contre autel.1 (Lancklin, Le ternaire magique, p. 3 ; — cf. Elipuas Levi, op. cit., p. 130-131 : u Sache donc, ô toi qui veux être inilic aux grands mystères, que tu fais un pacte avec la douleur et que tu alTrontes l’enfer, o) Bien pis, hélas I Ces livres donnent la formule du pacte avec le démon et signalent les conditions de l’appi-l infernal (Lambun, o. c, pp. 2^5-280 ; Gallois, o. c, p. H7-12Ç1) : un tel conseil, vulgarisé avec ou sans conviction, est proprement un attentat non seulement à la foi, mais à l’hygiène morale et mentale, ri même physique, des lectrices naïves si>llicitées de s’enivrer avant l’appel au démon et de s’aventurer ensuite à minuit dans les bois ! Pareil scandale est d’ailleurs aussi ancien que l’occultisme et ses mystères. Aux mystères d’Eleusis, si savamment étudiés par FoucART ('. li. Acad. Inscriptions et 8.-1… t. XXXVll et Les Drames Sacrés d’Eleusis, 1912), les cérémonies de la hiérogaraie (pp. i-'), op. ci/.) étaient évidemmenl obscènes, et l’on s'étonne seulement que leur docte historien puisse présumer que Us emblèmes « n'éveillaient pas chez les initiés les idées licencieuses qu’ils provoqueraient chez les modernes I). L’orgueil des « adeptes » arrivés aux « sommets vertigineux de la haute et divine science » (D' P. ui ! UiioLA, parlant du « Kl16dja i.Omer Habbv dans son livre posthume : El Klab, chez Mann) ; leurs divisions dignesde Babel (Bois, op. cit., p. xv) ; leurs railleries envers leurs dnpes ; leur feinte conviction que la personnalité de S ; (tnn n’est qu’un symbole (Lancelin, op. cit., p. 349 ; der Eiitlarvle Lucifer, Berlin, 1857, p. 17), tout indique que, si l’occultisme ajoute à la divination un concours mystérieux, c’est celui du démon. Ou le retrouve même sous la forme du serpent, comme dans le récit de la Genèse (voir notre article Gdérisons MiBArULEUSKs ; cf. aussi Caqnat, op. cit., p. 143 : « Alexandre d’Abonotichos », le « Cagliostro de l'époque » de Lucien, manipulait les serpents ; cf. aussi le récit du fakir cité par Don.*.to, La vie mystérieuse, p. 4). Comment d’ailleurs expliquer la disproporliou constatée par LiTTRK (loc.cit., p. XLiv) enU’e la " surprenante efiicacilé » des « arts divinatoicss, à une époque où les " sciences » étaient dans l’enfance, et la stérilité de ces sciences mêmes ? il semble qu’on puisse, avec Huysmans, s'étonner à bon droit qu’après avoir vu jadis le diable partout, on ne le reconnaisse aujourd’hui nulle part(préface au livre de Bois, p. vu).

5 G) L’hypnotisme et l’occultisme. — Les prodiges de la divination occultiste peuvent d’ailleurs, dans bien des cas, s’expliquer par un « état second >', par un dédoublement de la personnalité, par une