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OCCULTISME


'en donne qn'" une iile’e approximative », il y faut es conditions étranges : agencement de certaines Buleursdans le local, nombre impair des disciples à litier, purilication de l’esprit avant de se préparer

pour Dubjel) », autrement dit pour la clairvoyance.

Ainsi conçu, l’occultisme est [ilutôt défini par ses loyens que par sa lin. Il diffère de la science par ne audace qui se propose d’emblée les plus mystéieux secrets de Dieu, de la nature, de l’homme, de avenir ; il dilïère de la Révélation par l’inconstance e ses résultats, le vague de ses origines, par l’anoyniat de son autorité, par son caractère téméraire u trouble suivant qu’on l’envisage comme doctrine u comme discipline. La science occulte ne demande as ou ne livre pas les rapports qui existent entre on objet et ses moyens. Lancelin (_loc. cit., p. 2^) ite comme textes de l’occultisme la Table a’Enteaude d’HERMKS Tbismbqistk et les Lames de Thol, lais ces documents, même publics, ne se révèlent as au « public même savant », qui n’y « comprend ien, absolument rien u ; les a sciences supérieures » 'ont été « enseignées aux initiés u que sous lecouert d’une langue et d’une écriture mystérieuses alléoriques. L’illustre chimiste Bkrthblot paraît s'être ompé en considérant l’occultisme (Ori^'fne.s t/e l’Alhimie, pp.vi-vii) comme l’apanage historique d’une

période… demi-rationaliste, demi-mystique, … ansition nécessaire entre l’ancien état des esprits lires à la magie… et l’esprit actuel absolument posif ». Il est ine.^act qu’une pareille période ait jamais listé : pour les contemporains de Zosime ou d’Olymiodore comme pour nous, l’esprit scientilique et i foi dans la Révélation pouvaient coexister sans ntinomie. L’ambition de les confondre, de « conilier la superstition et la science « (Léon Daudet, ilé par Bois, Le Monde i/tvisilile, p. 154), de créer un

terrain neutre » entre la « théologie moderne revue t corrigée « (aiif^eŒsserte, Blavatski, t. I, p. xvii e l'éd. allemande), est irrationnelle. En fait.l’occulisme se reconnaît hostile à la science comme à )ute révélation. « Il a contre lui la philosophie laine… et la théologie » (PArus, Occ. et spiritual., p. loi), il est une « autre forme de vérité > (Leaobrater, p. cit., chap. Il) que la foi, et il croit suppléer la cience qui fait « faillite » comme les religions qui nt « vieilli » (Pagnat, L’Occ. et la cotise, mod.,

a. Existence de l’occultisme. — L’occultisme a tou)urs existé ; ce n’est pas une vue de l’esprit. Les chantillons de la littérature en sont des témoins niversels. Les dramaturges auraient-ils fait tant 'emprunts à l’occullisme si tous les hommes ne conidéraient également comme possibleou comme préjniable, sur le théâtre de leur propre existence, intervention d’un deiis ex machina, qui n’a rien de ivin, mais rien d’imaginaire non plus ? (Cf. les thèses e Fhibdrich, Leipzig, 1908, sur le théâtre français ; — e Stæhlin, Naumhurg, iijii, sur Eschyle ; — de RUDRR, J)ie Ma^ie im en^lisclifn Draina des Elisabethnischen Leitalters allusions de Shakespeare à la [jiromancie, p. gl ; de Lyly à l’hydromancie, p. gS, le.) — Les adeptes de l’occullisme, comme les nonlitiés, y reconnaissent une doctrine aussi ancienne ne la chute de l’homme : selon de Cauzons (La Mu^ie t la.Sorcellerie, p. ag), « les vieilles races charaites u touraniennes, dites de Summer et d’Accad, habiintlaChaldée avant les Assyriens classiques », ont récédé les Babyloniens qui entretenaient des a étuiants es haruspices ». (Alfred Boissibr, Choix de ! xtes relatifs à la divination assyro-babylonienne, ol. I, p. 122) De l’Assyrie, sinon même de l’Inde (cf. 4.i ; oLLioT, L’Occultisme dans l’Inde, la Doctrine des itris, 187g, iU= partie, p. 212 sq. ; — V. Henry, Magie

dans l’Inde antique, 190g, p. vu ; — Blavatsky, op. cit., p. xviii), la doctrine a passé à Pytu..goiui par un certain Zaratas ou Zahhatus (Porimiyrk, xii)qui fut maître en Egypte (cf. Ciiaignbt, Pylhagnre et les l’Uhngnrtciens, p. 40-4^), puis à Platon, puis aux néoplatoniciens. IMalgré les elTorts de Gauen, déjà signalés par VVier (Histoires, disputes et discours, Ed du Progrés médical, t. H, p. 52/|-525), les médecins du IIe siècle cherchent une cause occulte à la vertu des simples, comme les.ssyriens antiques, chez qui u l’omen remplaçait la pilule » (Air. BoissiER, op. cit., vol. I, p. 65). Ce n’est pas seulement la Grèce qui s’intéresse à la vulgarisation du mystère, par ses savants (cf. Suidas, art. ro'.ni’x) et ses artistes (cf. AitT, Die Apolcigie des Apuleius, Giesseii, 1908) : à Rome même, quand elle

« eut été envahie par les démons de l’Orient et par

leurs dévots, l’ancienne magie italique s’enrichit, se complique des apports de la magie perse, de la magie juive, de la magie égyptienne n (Gagnât, Conférences du Musée (tuimet, chez Leroux, Paris, 1904 :.Sorcellerie et sorciers chez les Homains, p. 138) ; et cela

« malgré la défense de la Loi desXIl Tables ». L’occultisme, populaire au Moyen Age dans les sombres

cachettes que la foi et la loi stigmatisent, s'étale de nouveau à l'époque de la prétendue c. Réforme « , puis à l'époque de l’Encyclopédie et de la Révolution. Cornélius Agrippa (1486-1535) renoue la tradition de Pythagore et de Platon, instruits par des « devins de Memphis » (Œuvres, livre I, p. 5-6) ; au xviiie siècle, Fabhb d’Olivet et surtout Cagliostro (cf. D Marc Haven, Cagliostro, chez Dorbon, 1912) popularisé sous son vrai nom (Joseph Balsamo)par Dumas père, fontéclore une épidémie d’occultisme, sous le nom de mesmérisme, puis de spiritis.me (v. ce mot). S’il paraît exagéré de direavec Bouhgeat (.Ua^-ic, p.48) que l’occultisme se transmet de génération en génération depuis cinquante mille ans, du moins peut-on admettre que « pendant de longs siècles les pythonisses, les sibylles, les augures elles haruspices, regardés comme des êtres surnaturels, dirigent les sociétés » (Bbghon, La Divination et sa répression dans l’histoire, p. u). Et les manuels si instructifs de Mannhardt (Lauherglaube…, etc. Leipzig, 1897) et de Kiesewettkr (Der Occultisnms des.ilterlunts et Die geheimnissenschaften, Leipzig, iSg.) pourraient se condenser dans ces remarques de L. Bertrand {L’occultisme ancien et moderne, Bloud et Barrai, iSgg, p. 42) : « L’occultisme moderne est calqué sur l’occultisme ancien » ; il existe un lien entre le sabéismechaldéen.la Kabbale (voir ce mol), leTalmud, la Franc-maçonnerie ; « à travers le voile de toutes ces allégories… sous le sceau de toutes les écritures sacrées, sur la face noircie des sphinx, dans les emblèmes de nos vieux livres d’alchimie, dans les cérémonies de réception pratiquées par toutes les sociétés mystérieuses, on retrouve les traces d’une doctrine partout la même et soigneusement cachée >i.(Eliphas Levi, alias Constant, prêtre égaré, cité par L. Bertrand, ibidem, p. 52)

3. Contenu de l’occultisme. — L’occultisme existe donc. Il oppose une doctrine à la vérité catholique. En ce qui concerne Dieu, la tradition occultiste, fidèlement recueillie par Fabrb d’Olivet (Commentaire des vers dorés de Pythagore, éd. Treuttel, 1813, p. 562-363), est apparemment vague, en réalité panthéistique ou athée. Qu’est-ce que ces sept façons de concevoir Dieu », au nombre desquelles Harbison, le théosoplie (Six conférences sur l’Occ, trad. allemande, 1897, m" conférence) compte le panthéisme chrétien » et le a polythéisme chrétien » ? Qu’est-ce encore, dans l’univre de Fabre d’Olivet lui-même, que cette divinité présentée tour à tour comme triple