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NORD (RELIGIONS DE I/EUROPE DU)

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entière englobe, à l’Est et au Sud de la Scandinavie, toute la partie forestière et la partie septentrionale de la zone cullivoe de la Russie, la plaine de l’Alleina ^’ne du Xord et ses prolongements occidentaux du royaume des Pays-Bas et de la Belgique. Il comprend en outre une bonne partie de la plus grande des terres de l’arcLipel britaiinitjue, et loin au Nord, sous le cercle polaire boréal, le » pays des glaces n. l’Islande. C’est bien là, du moins pour les géologues, loute l’Europe du Nord, puisque ce fut naguère le iliamp d expansion, dans leurs différents stades, des glaciers de l’époque quaternaire ; leurs dépôts sont là pour en témoigner encore aujourd’hui.

Les géographes ne peuvent pas, par contre, appliquer cette dénomination à des pays qui se prolongent jusqu’aux rivages les plus occidentaux de la mer du Nord et qui appartiennent en fait à l’Europe centrale. Peuvent-ils, d’autre part, comprendre la montagneuse péninsule Scandinave dans ce qu’ils appelleraient volontiers la « basse Europe ii, ou

« l’Europe des plaines »’.' et peuvent-ils en exclure

une bonne partie de la Russie méridionale ? Mieux vaut avouer qu’au point de vue topographique notre expression d’ « Europe septentrionale » n’est guère satisfaisante, car elle sépare les uns des autres des pays dont l’homogénéité physique est indéniable, el elle en groupe par contre de disparates. Adoptons-la néanmoins, faute d’une meilleure, pour désigner toute la partie de l’Europe qui, dans ses grandes lignes, correspond aux contrées dont nous avons tout à l’heure indiqué les limites. Entre l’océan Glacial arctiiiue, d’une part, et, d’autre part, la lisière méridionale de la zone forestière de la plaine russe et les talus septentrionaux des montagnes qui, dans l’Europe centrale, constituent par delà le fossé du Danube les glacis du grand massif alpestre, toutes les terres concourent à former l’Europe septentrionale.

B.’Variété des races humaines de l’Europe du Nord. — Sur cet immense territoire, d’aspects si divers suivant les pays — quel contraste entre les montagnes de la Scandinavie, les plateaux de la Finlande et les plaines russes ! — vivent des populations très nombreuses et très variées. Aucune homogénéité de race. Et la chose se comprend parfaitement à la seule inspection de la carte.

Entre les rivages septentrionaux de ces petites

« méditerranées » que sont la mer Noire et la mer

d’Azov, et la lisière méridionale de la zone forestière, se développent jusqu’aux bouches du Danube et jusqu’aux plaines arrosées par la Vislule une série de steppes plus ou moins déprimées, qui constituent la voie d’accès la plus commode pour passer d’Asie en Europe. C’a été naguère un territoire de parcours pour les peuples venus de l’Orient, au cours de leurs migrations successives vers l’Ouest. Qu’ont fait, alors, les êtres humains antérieurement établis dans les steppes’? Pour sauver leur vie et leur indépendance, à défaut de leurs pauvres richesses, ils se sont réfugiés dans les profondeurs de la foret, où, à la suite de nouveaux déplacements de peuples, d’autres arrivants, d’autres fugitifs sont venus les rejoindre à leur tour, et même les refouler plus avant. Tient-on compte, d’autre part, de l’existence d’un second chemin d’invasion tout à fait au Nord, de la continuité des toundras sibériennes jusque sur les bords du golfe de Mezen, de la répétition — moins fréquente sans doute — des mêmes faits sur les territoires baignés par l’océan Glacial arctique et sur les steppes situés au Nord du Pont-Euxin, on s’explique aisément l’extrême variété des populations établies sur les différents territoires qui constituent notre Europe du Nord. En réalité, chaque Invasion y a laissé sa trace.

Si, dans les parties les moins accessibles et les plus reculées tout à la fois (péninsule Scandinave) ou encore les plus occidentales (pajs voisins de là mer du Nord), les habitants appartiennent aujourd’hui, dans l’ensemble, à une seule race, il n’en va pas de même plus à l’Est. Multiples et très différentes les unes des autres par le type et par les caractères somatiquessontles populations de la majeure partie de l’Europe du Nord ; tous les voyageurs le constatent successivement et tous les savants le eonOrment.

Sans doute, les flots répétés de la colonisation germanique ont-ils anéanti au cours des siècles, sur les bords de l’Elbe et de l’Oder, bien des populations de race slave dont seuls ou presque seuls les textes historiques attestent aujourd’hui l’ancienne existence (dans la Lande de Lunebourg, par exemple). Néanmoins, « juclques îlots sporadiques subsistent encore çà et là ; tels ces Wendes de la Lusace dont le groupe le plus septentrional descend jusque dans les paj s atteints par les dépôts glaciaires Scandinaves (région lacustre du Brandebourg). Plus à l’Est, dans les plaines arrosées par la Vistule el par ses aflluents et sur les rivages de la mer Baltique, voici des poi)ulations d’origines très diverses, ici des Slaves appartenant à des branches différentes et plus ou moins altérées de cette grande race, là des Allemands, ailleurs des Finnois… Que dire enfin du bassin moyen de la Volga, sinon qu’il est, suivant la très exacte expression d’un voyageur, o une mosaïque de races » ? (Ch. Rahot.) On y rencontre en effet des représentants de la race mongole et de la famille ouralo-altaique (Ougro-Finnois et Turco-Tartares), des Slaves, des Germains, se pénétrant étroitement parfois les uns les autres. Point de territoires nettement délimités où soient cantonnés ceux ci et ceux-là ; « à côté d’un groupe (innois vous rencontrez un village tatar et, au milieu de Musulmans, des Russes u. En présence d’une eompénétralion aussi intime de races différentes, on ne saurait prétendre établir des frontières entre leurs représentants ; la tâche est irréalisable dans un pays où, comme de puissants torrents, les grands courante des invasions passées par la vallée de la Volga oni rompu la masse compacte des populations primitives tout en laissant subsister, de l’ancien niveau humain des témoins pareils à ces collines qui se dressent iso lément au milieu des plaines, vestiges d’anciennes formations géologiques.

C. Variété des religions de l’Europe da Nord A cette variété de races répond — et d’elle découh naturellement — une très grande variété de langues de mœurs cl de religions très différentes les une des autres.

Pour les langues, que d’exemples il serait facile d donner 1 Voici ces Wendes ou Serbes de Lusace noyésaujourd’hui au milieu d’une masse d’Allemand qui les isolent de toutes parts des autres Slaves le plus rapprochés. Tchèques, Slovaques et Polonais Bien qu’ils ne soient plus 160.000, ils parlent deu : idiomes distincts, et si dilTérents l’un de l’autre qu les gens du peuple ont de la peine à s’entendree que beaucoup de linguistes y ont reconnu deux lan gués particulières (L. Niedeblh). On connaît d’aulr part la division des Russes en Grands-Russes, Petits Russes et Biélorusses ou Russes-Blancs ; là encore on constate de nombreuses et importantes différen ces dialectales. Et parfois, à cùté et même au mille de ces populations slaves, vivent d’autres peuples tout à fait dilTérents d’origine et parlant des langue au génie absolument autre, voire même encore pri milives. Telle cette langue des Tchouvaches, dont 1 plupart des termes sont empruntés, et qui ne pos sède pas mille mots originaux.