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NATALITE

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embarrasse visiblement M. Worms. (Op. cit., p. 117 et s.) Donc il faudrait bien faire intervenir ici le jeune àf-e de la tille séduite.

Mais, du même coup, nous tirerons une autre conclusion au point de vue du néo-malthusianisme : c’est que la décroissance de la masculinité en France au XIX" et an commencement du xx’siècles, en contraste avec une masculinité plus élevée et plus constante en Allemagne, est un indice déplus du néomalthusianisme français. Ainsi, en France, la supériorité naturelle du sexe masculin a diminué et diminue toujours, parce que les Françaises, acceptant le premier ou les deux premiers enfants, quand elles les acceptent, accouclient moyennement plus jeunes qu’autrefois, alors qu’elles repoussent systématiquement d’une façon plus ou moins active ou passive les grosBesses qu’elles auraient à trente, à trente-cinq, à quarante ans et même au delà.

La France, au point de vue des ravages du néomalthusianisme, tient incontestablement le premier rang dans le monde entier. Elle est cependant suivie d’assez près par la Nouvelle-Zélande et l’Australie, — pays, comme l’on sait, du « socialisme sans doctrines » le plus complètement réalisé qui soit encore. — Le Nord-Est des Etats-Unis — Maine, Vermont, Gonnecticut, etc., — ne vient pas ensuite à une bien grande distance.

Pour la moyenne de la période igoi-1910, on peut tenir pour sensiblement exacts, en ce qui concerne l’Europe, les coefficients de natalité qui suivent :

France

ao

Belgique

26

Angleterre

37

Hollande

30

Italie

32

Espagne

34

Allemagne

34

Autriche

34

Hongrie

36

Russie

38

Depuis lors, la natalité allemande a considérablement diminué, tout en étant restée, jusqu’à la guerre de igi^, supérieure de beaucoup plus de moitié à la nôtre.

Nous ne nous arrêterons pas aux conséquences économiques, militaires, politiques, etc., de cette situation. Les événements les ont fait sentir et voir à beaucoup d’hommes qui n’y voulaient prêter aucune attention ; et les journaux, presque de toutes les opinions, ont attiré sur ce point les préoccupations d’une partie du public.

« La mort de la France, disait le docteur Bp.rtil-LON, 

sera un des faits marquants du xix « et du XX’" siècles. Le mal est absolument spécial à notre pays… » « La population de la France, disait le journal japonais le Tniyo (octobre 1904) diminue de jour en jour, et il n’est point déraisonnable de croire que la France disparaîtra du rang des nations vers la lin An XX » siècle. » (/.a dépopulation de la France, 1911, p. a, 3 et 13)

Le tout est donc de savoir si elle parviendra à triompher du fléau qui la ronge, et qui la fera périr si elle n’en triomphe pas.

VL La latte contre le néo-malthusianisme. — Ainsi, la natalité a considérablement diminué et la France est menacée de se dépeupler. Déjà les années 1890, 18gi, 181j2, 1896, 1900, 1907 et 191 1 ont présrnté des excédents des décès sur les naissances (bien entendu, nous ne disons rien des années de la guerre), il est vrai que les facilités olTertesaux étrangers et enfants d’étrangers pour acquérir la qualité

de Français ont permis que le nombre des étrangers olliciellement reconnus comme tels ne variât pas, tandis que le nombre des habitants recensés était cependant en légère progression dans chaque période quinquennale. Nous laissons de côté les appels faits aux étrangers pour <iu’ils viennent combler nos vides.

Nous ne nous arrêtons pas non plus aux mesures diverses par lesquelles la mortalité et particulièrement la mortalité infantile peuvent élre combattues : car ces mesures méritent toujours d’oire approuvées, si florissante que la natalité puisse être, l’ar ailleurs il est vrai, dans une société systématicjuement néomalthusienne comme la nôtre, il n’est pas rare que la mort d’un preraier-né provoque la naissance d’un second enfant qui vienne le remplacer. Ainsi l’hygiène, qui est un bien, peut inciteràun mal. Finalement, c’est la volonté des ménages qu’il faut mouvoir. Et comment l’atteindre ?

On a proposé les considérations tirées de l’intérêt national compromis. Mais ni le vice, ni les suggestions de ce que l’égoisme croit être l’intérêt privé ne céderont devant des arguments de cet ordre. Nos politiciens et nos gouvernants en sont la preuve.

On a proposé surtout les avantages ptciiiiiaires, soit sous forme d’exonérations d’impôts, soit sous forme de primes ou allocations de l’Étal, soit enfin sous forme de déchéances de droits de succession. Mais d’abord les exonérations d’impôts et les déchéances de droits de succession n’atteindraient guère ou pas du tout les milieux pauvres, ou à peu près pauvres, très modestes, par conséquent sans beaucoup d’impôts directs et sans perspectivesd’héritages à recueillir ; en un mot, elles n’atteindraient pas les milieux ouvriers urbains, où fleurit cependant le néo-malthusianisme, accompagne de déformations morales de tous les genres.

Convenons que parfois l’on est un peu hanté par le souvenir des lois caducaires d’Auguste, frappant les cælibes et les orbi, regardant ai eo indifférence les solidi cnpaces et réservant aux seuls patres les parts défaillantes ou caduc, 1 ou bien in causa caduci. Le docteur Bektillon croit pouvoir sans doute expliquer par ces lois l’augmentation considérable du nombre des citoyens romains après Auguste, et il réclame des mesures analogues. Mais il ignore que les affranchissements conféraient dans la généralité des cas la civitas romana, si le niunnmissor la possédait déjà ; il ignore également que cette civitas romana fut étendue déplus en plus largement après Auguste, avant de l’être sans distinction à tous les habitants de l’Empire, par Caracalln, au début du m* siècle. De fait, toutes les lois caducaires ne corrigèrent rien.

Pourtant, dans cet ordre d’idées, on nous a proposé récemment les combinaisons les plus variées : par exemple, que l’Etat eût une part d’enfant et fût un copartageant si le défunt ne laissait qu’un ou deux enfants (docteur Bertillon), ou bien que les divers cohéritiers venant en concours entre eux eussent chacun autant de parts à prétendre qu’ils auraient eux-mêmes d’enfants (commandant Toulée). Sans noter une fois de plus que des lois de ce genre n’intéresseraient jamais que les milieux où l’héritage a une certaine importance, c’est-à-diie une partie seulement de la population, il faudrait aussi ne pas méconnaître que ces lois seraient manifestement injustes, non seulement à l’égard du ci’libat vertueux et continent comme celui des prêtres, des religieuses et d’une foule de laïques des plus honorables et des plus utiles à la s<iciété, mais injustes aussi à l’égard de frères et sœurs qui auraient été empêchés, par leur santé ou tout simplement par leur plus