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ouvrir la voie au crime, el même en facilitant les unions el leur fécoiidité. » (Op. cit., tr. IV., 18p5, t. I, pp. 507-50y, Î^S 1118, 1120, 1122 el 1123)

Terminons par ce témoignage d’un positiviste militant et convaincu, M. Okherme, fondateur des Universités populaires : « Ce qui nous guérira de la dépopulation présente, dil-il, obviera à la surpopulation future… C’est parce qu’elle sait retenir où il faut, que l’Kglise peul pousser où il faut. » (Croilre ou dispuraitie, 1910, p. 179 et 2^4)

En résumé donc, si la pratique commune de la morale évangélique n'écarte i>as la nécessité du malheur ou du vice, il n’y aura plus que l’un ou l’autre, vice ou mallieiir, pour prévenir naturellement les excès de population ; mais gardons-nous, par ailleurs, d oublier les révélations économiques ou géographiques dont la Providence s’esl réservée l’heure el le secret

ce l’récisément, comme nous disions dans notre Cours d'économie politique, le xix" siècle a été l’une des plus admirables périodes de ces révélalions. Aucune époque ne le fut à un tel degré. Dans l’ordre géographique, ce fui la conquête effective des immenses territoires de l’Amérique du Nord, puis la pénétration du continent africain. Dans l’ordre économique, nous avons eu les transports faciles, qui accroissent les forces productives des populations en appelant les individus el les régions à se spécialiser toujours davantage ; nous avons eu la vulgarisation de la pomme déterre, qui triple le rendement des terrains légers ; nous avons eu 1 art d’utiliser la betterave à sucre, qui a doté nos climats tempérés de productions auparavant réservées aux tropiques ; nous avons eu la houille et le pétrole, qui, sans parler de l’essor donné par eux à l’industrie, ont rendu disponibles pour l’alimentation i)roprement dite presque tous les terrains absorbés jusquelà par les exigences du chaufTage el de l'éclairage ; enfin l’utilisaiion des forces hydrauliques a mis des millions de chevaux à notre dispositiim, el l'élecIrochimie, entre autres résultats, révolutionnera probiiblement l’agriculture par la lixalion de l’azote de l’atmosphère.

« C’est ce spectacle qui avait inspiré à M. LeroyBeanlieu son charmant apologue des trois Malthus

(Essai sur la répartition des richesses, 1881, introd., pp. 16 et s. ; Traité d'économie politique, 2' édil., t. IV, p. 532).

« Aux premiersjoursdumonde, dit-il ensubslance, 

quand le genre humain, fait de quelques familles seulement, vivait de fruits sauvages el des produits toujours incertains de la chasse, quelle épouvante se fût partout répandue, si un Malthus chasseur avait semé une théorie de la population d’après les seuls faits économiques dont on avait été Umoin 1

a L’humanité cependant marchait toujours, et la loi de la vie commandait sans relâche aux familles. Celles-ci se mullipliaient donc, mais en même temps elles allaient apprendre à s’adonner à l'élève du bétail. « A quoi songez-vous donc ? leur cria alors le Malthus des peuples pasteurs. Les pùlurages vont manquer à vos troupeaux, el la faim vous fera périr dans ces angoisses, imprudents qui ne savez pas commander aux forces de vie que vous portez en vous I »

a Ilélas ! on n'écouta pas davantage le Mallhus pasteur. Seulement, quand l’herbe commençait à devenir trop rare pour les troupeaux, on eut un Triplolème qui inventa la charrue ; et la terre fouillée par le soc donna des trésors de plus en plus abondants.

ic Enfin, après de longs siècles de celle vie culturale, quand la vieille Europe paraissait épuisée, quand la jeune Amérique était à peine traversée par

les voyageurs les plus hardis, quand l’Afrique et l’Océanie, vues seulement du bord des navires qui en contournaient les rivages, restaient encore à pénétrer, alors surgit un troisième Mallhus. Celui-là, c’est celui que nous venons d'étudier, et il s’est trompé comme les deux autres. » (Cours d'économie politique, 1910-1911, t. 11. p. 25 et s.)

Le problème psychologique et moral n’est pas cependant supprimé. Combien de siècles, en effet, l’humanité chrétienne n’a-t-elle pas vécu sur son étroite Europe, à peine occupée encore tout entière, alors que celle humanité, ignorant l’Amérique et l’Océanie. ne connaissait de l’Asie, de l’Afrique et même des régions orientales de l’Europe, rien autre chose que les Musulmans et les Tartares barrant la route ; i toute émigralion !

Les infranchissables limites que Mallhus devait décrire plus tard n’avaient donc alors rien de chimérique et Charles Pbuin a eu toujours raison d'écrire son chapitre : « Comment les doctrines de l’Eglise catholique luellent les sociétés dans les conditions de leur équilibre et de leur progrès naturel quant, 1 la population » (La Hichesse dans les sociétés cli, 'tiennes, 1861, 1. IV, ch. iv, t. I, p. 624).

IV. Le néo-malthusianisme. — Mallhus avait fourni sans le vouloir des arguments au vice et au crime. On ne manqua pas de les exploiter. Des économistes sans conscience recommandèrent ouvertement les manoeuvres anticonceptionnelles ; quelquesuns préconisèrent en propres termes lesavorlemenls et rétouffement des nouveau-nés, tJie painless extinction. Les apôtres de la prudence conjugale. SisMONDi, DuNovEK, Josiii’u Gabnibr en France, y préparent l’opinion dès la première moitié du xix' siècle En Angleterre, le trop fameux Stuart Mill, un des hommes les iilus étrangers à tout concept religieux et moral, et grand apôtre de l'émancipation des femmes, écrit que « l’on ne peut guère espérer que la moralité fasse des progrès, tant que l’on ne considérera pas les familles nombreuses avec le même mépris que l’ivresse ou tout autre excès corporel » (Principes d'économie politique, l848, 1. II, ch. xiii,

S ')

Même aujourd’hui en France, renseignement de nos Facultés de droit est, pour le moins, d’une indifférence déconcertante. On peut en juger par V Histoire des doctrines économiques de MM. Gide et HiST (1910), ou par le Précis d'économie politique de M. BnouiLiiET (1913) : ce dernier professeur constate sans plus de blâme ni de regret que « si l’homme n’a pas renoncé à l’amour, il a dissocié habilement ce que la nature avait fortement uni >> (Op. cit., p. 10).

Le mot « néo-mallhusianisine » n’est cependant apparu que vers 189^, introduit par un néo-m ; ilthusien militant. Van Houten, qui fut depuis ministre des Pays-Bas.

Des ligues nombreuses se sont formées pour-vulgariser ces pratiques soit anticonceptionnelles, soit aborlives. Un grand nombre de médecins y ont donné leur concours. Parmi les apôtres les plus connus ou les plus actifs, nous nous bornerons à citer en Angleterre Annie Besant, versée depuis lors à la théosophie, et le docteur Drvsdalk ; puis en I France Paul Robin-Robin, qui, fâcheusement illustré par les immoralités de la u coéducation m à Cempuis, se suicida en 1912. (Sur la propagande néo- 1 malthusienne, voyez entre autres Lkroy-Bbaoi.ieu, /.a question de lu population, igiS, p. 297, et db Femce, Les Naissances en France, 1910, p. 280 et s.)

Tout serl actuellement celle j)ropagande. De l’axeu du docteur Behtillon, l’apôtre très la’ique de