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MYSTÈRES PAÏENS (LES) ET SAINT PAUL

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laissaient pas d’effectuer l’union spirituelle de l’initié à la déesse du mystère. La communion alimentaire et la communion sexuelle tendent à se résoudre en communion morale aux sentiments de la déesse et en gage de sa bienveillance. Les rites ne deviennent pas pour cela de purs signes ; ils restent les moyens sacramentels de l’union mystique à Déméter. »

Nous n’avons pas à décrire les rites de l’initiation. Ils comportaient quatre degrés : la purification, les rites et les sacriiices qui accompagnent l’initiation, l’initiation et enfin l'époptie, ou contemplation des mystères. A l’initié du plus haut degré, i-no-n-rni, étaient montrés les objets sacrés, et cette vue lui assurait le bonheur dans l’autre monde. Son âme ou son ombre après sa mort descendait aux enfers où elle était heureuse ; il n’y avait pas de résurrection des corps. Il n’est pas question de mérite ; c’est le fait de l’initiation qui assure l’immortalité bienheureuse. Peu à peu cependant on en vint à croire que l’amitié des dieux était le fruit d’une vie pieuse. L’initié menait une vie pieuse (cf. Aristophane, Les Grenouilles, v. 445 el 4-J6). Plus tard, au second siècle après J.-C, on en vint à parler des rémunérations futures, de sorte que la consécration de l’initié impliqua la pureté de sa vie comme condition de la vie future bienheureuse. Il est difficile de dire d’une façon précise quelles étaient les doctrines révélées aux initiés ; les savants ne s’accordent pas sur ce point. Cf. P. Lagbangb, Les mystères d’Eleusis et te christianisme, R. B., p. 167, 191g.

6. Lbs cultes syriens, les mystères db Mitiira et LES écrits hermétiques. — Lcs cultes syriens se répandirent de bonne heure en Occident, surtout par l’entremise des esclaves syriens, faits prisonniers pendant les guerres contre Antiochus le Grand, nie siècle avant J.-C. Au début de notre ère, des négociants syriens colonisèrent les provinces latines el l’on rencontre dans les comptoirs de la côte d’AsieMineure, au Pirée, dans l’Archipel, des associations qui adoraient les dieux syriens, Hadad et Atergatis. Cependant, « les religions syriennes, dit le P. L.aGRANGB(£es religions orientales, dans Mélanges d’histoire religieuse, p. 80), n’ont point eu de mystères, s’il faut entendre par là des initiations successives, associant les niystes du plus haut degré à des spectacles dont on leur révélait l'énigme ». Au milieu de pratiques révoltantes, on trouve dans ce culte syrien une doctrine élevée sur les destinées de l'ànie. Après la mort, ràme remonte au ciel pour y vivre au milieu des étoiles divines ; elle participe à l'éternité des dieux sidéraux qui l’environnent et auxquels elle est égalée (cf. CuMONT, op. cit., p. 186). Nous n’avons pas à relever cette théorie astrologique où il est parlé des âmes qui, débarrassées de tout vice et de toute sensualité, pénétraient dans le huitième ciel pour y jouir d’une béatitude sans lin (Cumont, op. cit., p. 187).

Les origines du culte de Mithra sont encore inconnues. Ce que nous constatons, c’est sa diffusion rapide en Occident au commencement de l'ère chrétienne. A cette époque, il était florissant à Tarse, la patrie de saint Paul, et y répandait les doctrines mazdéennes. Il resterait à savoir si, à cette époque, ses doctrines et surtout son culte avaient atteint le développement qu’ils reçurent plus tard ; cela nous paraît peu probable. Ainsi que nous le dirons, quoi qu’en pense Bôhlig (Die Geisteskultur von Tarsos im augusteischen Zeitalter, p. 9-), ce n’est pas aux spéculations milhraïques que Paul aurait emprunté le sens particulier qu’il a donné aux termes ôcifa, f&i, et nxoTo ; (cf. article MiTHRA, col. 5^8 ss.).

La littérature hermétique était très composite et

n’a dû être rédigée que tardivement, au n' siècle après J.-C, au plus tôt (L. Mknard, Hermès Trismégiste : traduction complète, précédée d’une étude sur l’origine des livres hermétiques. Nouvelle éd., Paris, 1910) comme nous l’expliquerons plus loin ; elle paraît être née d’un mélange de la religion égyptienne et de mystères grecs. Nous n’avons pas à faire un exposé détaillé de ses doctrines, puisqu’il est très peii probable que saint Paul les ait connues. Il sutPira de rappeler celles auxquelles se réfèrent les critiques qui prétendent trouver des rapprochements ou des analogies entre elles et les épîtres pauliniennes.

Les doctrines, que nous rapportent les écrits hermétiques, auraient été révélées : Hermès décrit ce qu’il a vu ou ce qui lui a été révélé par son père divin. Un prophète proclame la révélation qu’il a reçue d’un dieu qu’il a appelé par la prière et qui demeure en lui, ou qu’il a reçue en montant au ciel, avec l’aide de la divinité. Dans un dialogue, Hermès s’entretient avec son ûls Tat de la régénération. Tat rappelle à son père qu’il lui a appris que personne ne pouvait être sauvé sans la régénération, qui n'était possible qu'à celui qui ^'était détaché du monde. Tat a renoncé au monde et demande à son père de lui communiquer le secret. Hermès lui répond que cela doit être une révélation au cœur par la volonté de Dieu. Pendant qu’Hermès parle, Tat sent qu’il est transforme el déclare : « Mon esprit est illuminé. » C’est donc la révélation qui a produitla régénération, et le résultat est la vraie connaissance, /ï'iii : , de Dieu, et cette connaissance déifie le régénéré. « Ceci est la lin bienheureuse pour ceux qui ont atteint la connaissance d'être déifiés. » (Poimandres, llermetic Corpus, l, §a6)

Malgré les ressemblances qvie trouve Reitzenstein entre ces doctrines et celles de saint Paul, nous verrons plus loin qu’elles n’ont que des analogies apparentes et que d’ailleurs il est plutôt impossible que l’Apôtre ait connu la littérature hermétique.

7. L’extension DES cultes des mystiïrbs ; connaissance qu’a pu en avoir sai.nt Paul. — Il n’est pas nécessaire pour notre étude de détailler tous les lieux où l’on rencontre des cultes des mystères : quelques indications suffiront. Le culte de Dlonjsos a été très répandu en Grèce ; au Pirée, vers 180 avant J.-C, nous trouvons des associés à ce culte, appelés iiîvuTiKjTai ; à Philippes, en Macédoine, des yùTTKc Ais/ÙTîj. Les inscriptions d’Asie Mineure en signalent d’autres.

Le culte de Cybèle, la Grande Mère, a eu une extension encore plus considérable. On le retrouve partout dans le monde antique : en Asie Mineure, dans les îles de l’Archipel, à Byzance, à Olbia ; à Rome, il fut établi légalement en l’an 204 avant J.-C. ; lise répandit en Italie et dans les provinces sous la domination de Rome. Au i" siècle de l'ère chrétienne, il eut plus d’adeptes qu’aucune autre religion de mystères. Célébré avec pompe, il gagna de nombreux adhérents par la doctrine de la renaissance de ses initiés après la mort.

Nous n’avons pas de données sur l’extension des mystères d’Orphée. Nous devons constater cependant que l’orphisnie exerça une profonde influence sur l’esprit grec, et il est possible que ses doctrines se soient infiltrées dans certaines religions de mystères. Nous les retrouvons chez les poètes et les philosophes grecs.

Les mystères d’Osiris-Isis remontent probablement, très haut, dans leur forme égyptienne ; tels qu’ils furent transformés au 111" siècle avant J.-C., nous les retrouvons dans tout le monde grécoromain : à Athènes, au 111= siècle avant J.-C, nous