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MYSTÈRES PAÏENS (LES) ET SAINT PAUL

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la philosophie grecque a été une préparation positive au cliristianisme. Dans son ouvra^’e sur le christianisme primitif, il essaye de montrer toutes les inlluences : prophétie juive, doctrine ralibinique, gnose orientale, philoso|)hie grecque, qui ont contribué à former le portrait du Clirist dans les évangiles. Faisons observer qu’ANRioii (/Jas aiilike Mysterieiiwesen iitseinem Einfluss auf das Cliristeiitum), de ses études sur les mystères anciens et leur iniluence sur le christianisme, avait conclu qu’on ne peut discerner celle-ci quant au christianisme primitif. WonKERiuy(l ! eligioiigescliichtliclie Studieit ziir Frage der lieein/liissuiig des Urcliristentums durcit das J>Ijsterieiii esen), n’est pas de cet avis ; il trouve des ressemblances avec les mystères païens dans l’emploi qui a été fait par le christianisme primitif de certains termes, Stii carr, p, ©si ; /jo’joyevr ; ^, afpxyii,

^tt)Tl7[J.01.

j, usités dans la liturgie des mys tères. Soi.tau (/à/s Fortlehen des Heidentums in der altchristUchen Kirclie, Tiibingen, 1906), i>rétend aussi avoir découvert dans les récits évangéliques des traces de rites païens. Signalons encore sur le même sujet les travaux de Hutler (Tlie greeh Mysteries and the Gospel Narratis’es ; Nineleenili Century-, igo5, p. 490, London), Heinrici (Ilellenisniiis und Christentiim), Ad. Baukr (Voni Griechentum zum Christenliim, Leipzig, igio), Jacoby (Die antiken Mysterien und das Cliristenlum).

GuNKEL(/r » m religiongescli.)’ersitindnis des A’euen Tesiamenis, Leipzig, igoS), Zi.m.mern (Valer, Solin, und Fiirsprecher in der Gottesverelirung, Leipzig, 1896), Jeremias (Baliylonisclies im IVeiien 7’eslainent, Leipzig, igoS), Jensbn (Das Gilgnmescliepos in der Weltliteralur, Leipzig, 1906), ont cherché dans les mystères babyloniens l’origine de quelques récits de la vie de Notre-Seigneur. On a surtout essayé de retrouver dans Jésus, mort et ressuscité, les mythes d’Osiris et principalement la légende d’Adonis. D’après BniicKNKR (Der slerhende und aiifersleliende Gottlieiland in den orienlalisclien Religioiien und ihr Verhiiltnis zum Chrisienlum), on rencontre dans les religions orientales le concept d’un Dieu sauveur, mort et ressuscité ; l’image du Messie est d’origine mythologique. Reitzbnstein (Die Itelienistisclien Mysterienreligionen, ihre Grundgedanken und Wirkungen), s’est attaché à montrer surtout les emprunts du christianisme aux mystères grecs, et Wendland (Die hellenistich-romisclie Kultur in iliren /ieziehungen zu Jiidentum und Christentum), a prétendu signaler dans la philosophie grecque et dans les mystères grecs l’origine de certaines doctrines chrétiennes et de quelques rites sacramentels du christianisme. Dans une étude intitulée : Prechrislian Belief in the Résurrection (The American Journal of Tiieulogy, vol. XX, p. 1, Chicago, 1916), A.Berthollbt constate l’existence dans tout le bassin de la Méditerranée orientale de la croyance à des dieux morts et ressuscitants ; mais il fait remarquer que ces divinités symbolisent des phénomènes de la végétation ou sont des divinités astrales, ce qui explique la croyance à leur mort et à leur résurrection. Le croyant, s’identiliant à son dieu, en a conclu à sa propre résurrection.

On a soutenu aussi que les mystères de Mithra avaient inlUiencé les récits évangéliques et surtout qu’une partie de la liturgie chrétienne était empruntée à la liturgie mithriaque. Nous renvoyons pour les indications sur ce sujet à l’article Mithra de ce Dictionnaire. Signalons enQn les inlluences du Bouddhisme qu’on a prétendu exister dans les récits évangéliques. Voir article Inde.

J. Weiss (Die Aufgaben der neutestamentUchen U’issenschaft in der Gegemvart, p. ^9, ss. Gultingen,

1908), a relevé toutes les influences qui, d’après certains critiques, se seraient exercées sur le christianisme, et dont on trouverait des traces dans le Nouveau Testament : « Gomment peut-on expliquer historiquement la naissance de ce nouveau mouvement religieux (le christianisme) qui est né du sein maternel du judaïsme et qui a grandi rai)idemcnt au souffle religieux de l’hellénisme ? L’histoire des religions s’olfreà nous ici comme un guide, et en vérité surtout l’histoire générale comparée des religions et l’histoire spéciale du judaïsme tardif, de l’hellénisme et des religions de l’empire romain. Elle incline en particulier nos regards vers le grand mélange des religions qui, sur le sol de l’empire des Perses, puis dans les territoires de l’empire grec des Diadoques, impose à l’historien un étonnement toujours nouveau. Des fragments des religions babylonienne et égyptienne, phénicienne, perse, syrienne, juive, hellénique, des noms de divinités, des usages cultuels tourbillonnent ici l’un autour de l’autre, et engendrent d’eux-mêmes une religion syncrétiste universelle du genre le plus varié et le plus compliqué. Sur ce terrain nait ce quenousappelons la religion du judaïsme tardif, religion indiscutablement syncrétiste. Le tronc ancien-testamentaire paraît ici comidètement submergé par des éléments étrangers… Sur ce sol a grandi le christianisme, qui est certainement dans (fuelques-unes de ses parties un développement de la religion des anciens prophètes, mais qui, dès le commencement, s’est enrichi de conceptions eschatologiques, apocalyptiques, dualistes, démonologiques qui trahissent ouvertement leur origine tirée du sj’ncrétisme des siècles précédents. Et à peine est-il entré dans la sphère de l’hellénisme, qu’il est enlace et fortifié des milliers de fois par les conceptions et les idées de son nouveau milieu : les spéculations du Logos, la morale stoïcienne, le dualisme psychologique, les spéculations des Grecs sur la vie d’au-delà, les tendances sacramentelles des religions de mystères. C’est pourquoi on a nommé d’une façon jjrovocante le christianisme lui-même une religion sjncrétiste. Pour nous se pose donc la f|uestion. Est-il possible d’expliquer historiquement le christianisme comme un produit du syncrétisme babylonien-perse-égyptien-hellénique ? » J. Weiss passe en revue les diverses conceptions chrétiennes qui seraient résultées de ces religions. Nous n’avons pas à le suivre dans cet exposé ; nous retrouverons ailleurs ce qui concerne notre étude : l’influence des religions de mystères sur les doctrines et sur le culte du christianisme.

En ces dernières années, l’attention s’est portée spécialement vers l’influence qu’auraient exercée sur l’apôtre Paul les religions de mystères. G. Anrich (Das antike Mysteriemvesen, in seinem Einfluss auf das Christentum), avait déjà examiné la question et conclu que l’influence grecque avait été à peu près nulle sur la théologie de Paul. Fr. CvMofn(/.es religions orientales dans le paganisme romain, Préface ; Paris, 2" éd. 1909), a cru aussi que l’Apôtre n’a eu aucun point de contact avec les religions de mystères, de Mithra par exemple.

En sens contraire, Martin BniicKNBn(/)er5<er/ ; ( ?nrfe und auferslehende Gotlheiland in der orientalischen lieligionen und ihr Verhaltnis zum Christentum), prétend retrouver le Dieu rédempteur, analogue au Dieu rédempteur de Paul, dans les religions orientales. K. Lake (The earlier Fpistles of Paul, p. 385 ; London, 191 1) soutient que, pour Paul et ses lecteurs, le baptême est toujours et sans conteste accepté comme « un mystère », un sacrement qui opère ex opère operaio. Heitmiiller (Taufe und Abendmahl bei Paul) étudie le baptême et la cène dans les cpîtres pauliniennes et en retrouve des analogies dans