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MONACHISME

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moins en ce qu’ils sont admis au festin (Deut., i : v, a~). La (lime triennale sert à son tour à un repas fraternel et charitable dans les villes et villages du jiays (Deut., xiv, aS, 29 ;

XXVl, I2-l5).

320. — c) Dans le Code sacerdotal, le système destiné à assurer les revenus du sanctuaire et du clergé est plus complexe. On énumèro d’abord les parts qui reviennent aux prêtres dans les diverses espèces de sacrifices (ifc, vi, 7-v ! i, 38[14-vii, 38] ; cf. A' « m., xviii, 8-11). On leur attribue en outre : les premiers fruits et prémices {.um., xviii, 12, 13), ce qui esl dévoué par anathème (Num., xviii, 14), les premiers-nés (Num., xviii, 1.5-19 [^^^'^ de l’homnie et des animaux impurs doivent être rachetés à un taux fixé]). De plus, les lévites recueillent la dîme dans le pays et prélèvent une dime de la dime pour Yahweh, c’est-à-dire pour les prêtres {Num., xviii, 20-32). Tel est le casuel du clergé ; pour l’entretien du sanctaire, chaque Israélite paie un impôt d’un denii-sicle [Er., xxx, 11-16).

331. — d) Dans les livres historiques les plus anciens, le seul texte un peu explicite est 1 Sam., viii, 15, d’après lequel « la dime de vos moissons et de vos vignes est signalée comme un tribut que le roi aura tendance à s’approprier.

f) l, es premiers renseignements précis sont fournis par le

livre de Nchémie. Dans jV<?/j., xii, 44-4^ (Vulg. 43-46), que le contexte rapporte à la première mission du patriote (44443a), on parle de magasins du Temple destinés à recevoir les ofi’randes, les prémices et les dîmes, on parle des préposés qui recueillent du territoire des villes les portions assignées par la Loi aux prêtres et aux lévites ; il est aussi question des portions des portiers et dos chantres. Dans A’eA., xiii, io-13, 31 (extrait du il/c’moire de Néhémie se rapportant à sa deuxième mission ; après 432), le patriote nous est représenté prenant des mesures pour assurer la régularité dans la venue des portions des lévites et des chantres, dans l’olfrande du bois et des prémices. Le texte le plus important est celui de A’cA., X, 33-40 Vulg. 32-39). Il se rattache à la promulgation de la Loi par Esdras (peut-être après la seconde mission de Néhémie, ou même après la septième année d’Artaxeriès II [SgSjl et consacre par des engagements spéciaux l’observation de quelques prescriptions plus importantes ou plus dil’Uciles ii maintenir : impôt d’un tiers de sicle pour le Temple ; oQ’rande annuelle du bois ; prémices du sol, premiers fruits de tout arbre, premiers-nés ; divers dons en nature ; dime du sol recueillie par des lévites accompagnés d’un jrêtre et sur laquell on prélèvera une dime de la dime pour e Temple, c’est-a-dire pour les prêtres. C’est avec le Code

sacerdotal que, malgré certaines dilTérences assez caractéristiques, ces détails suggèrent des rapprochements.

Conclusion générale

332. — Lorsque jadis nous entreprenions l'étude de ces problèmes, nous n'étions pas sans quelques inquiétudes sur l’issue de notre travail. Nous nous étions accoutumé depuis longtemps à saluer en Moise l’un des premiers personnages de l’histoire de la religion révélée. Mais nous nous demandions si, en présence du grand mouvement de la critique indépendante, nous étions en mesure de montrer que, dans ce qu’elles ont d’essentiel, les données traditionnelles touchant les origines du peuple de Dieu, touchant le rôle et le ministère de son fondateur, pouvaient encore être maintenues. A mesure que nous avancions dans notre élude, notre conQanee est devenue jilus grande. Sans doute nous avons constaté que la critique littéraire n’aboutissait pas toujours, en ses dissections de textes, à des résultats aussi certains que pouvaient le croire tels ou tels de ses tenants. Mais ce qui surtout a attiré notre attention, c’est la témérité des conclusions que, des données parfois incertaines de cette critique, beaucoup d’historiens étrangers à l’Eglise prétendaient tirer en vue de la reconstitution des périodes lointaines de Moïse et de Josué. Ces conclusions ne découlent pas des textes ; elles leur sont le plus souvent tout à fait contraires. Même après qu’ils ont été soumis à des dissociations violentes, les textes rendent un tout autre son. L’histoire qu ils permettent d'écrire est conforme, pour ses grandes lignes, à celle qu’aux Juifs et aux chrétiens ont enseignée leurs ancêtres dans la foi. Que si

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les législations sont allées se développant au cours des temps, s’adaptant aux besoins des âges successifs, le fonds en remonte jusqu'à l'époque du Sinaï et de Cadés, et ce sont les principes posés par Moise, à la lumière des révélations divines, que, dans la suite des siècles, tous ceux qui ont pris intérêt à la législation d’Israël se sont appliqués à faire triompher.

J. TOL’ZARD.


MONACHISIME. — Le monachisme est la forme sous laquelle la vie religieuse se manifeste durant les premiers siècles de l’histoire de l’Eglise et une bonne partie du moyen âge. On retrouve en lui tous les caractères essentiels de cette vie, auxquels les fondateurs des Chanoines réguliers, des Ordres mendiants, des Clercs réguliers et des Congrégations modernes ont ajouté des pratiques et des tendances motivées par leur lin spéciale. Nous traiterons donc sous ce titre et du monachisme proprement dit et de ce qui le continue dans les formes diverses que la vie religieuse a prises.

1. Origines. — Luther, Calvin et, en général, tous les réformateurs du xvi" siècle ont, à la suite de WicLKi", nié les origines divines du monachisme et, par le fait, de la vie religieuse. Ce n'était, à leurs yeux, qu’une institution humaine, imaginée au IV' siècle et aux périodes suivantes par les Antoine, les Basile, les Benoit ; elle n’avait rien à voir avec ; Jésus-Christ ni avec son Evangile. |

Cette assertion ne résiste pas à l'épreuve de la critique. On voit par la vie de saint Antoine et par celle de saint Pachome que, loin de créer un état nouveau, ils ont été les disciples d’hommes, menant déjà ce genre de vie et se réclamant eux-mêmes de toute une tradition. Ils ont contribue pour une part très large au développement du monachisme ; ils ne l’ont pas institué. C’est une opinion généralement admise.

Pendant les trois premiers siècles, il y eut, dans un certain nombre d’Eglises, des chrétiens et des chrétiennes qui, seuls ou par groupes, se vouaient à la recherche de la perfection et pratiquaient des vertus que l’on ne demandait pas au.'c simples fidèles, la chasteté parfaite, la pauvreté, l’obéissance par 1 exemple. Les premiers chrétiens de Jérusalem en 3 étaient tous là (Jet., 11, 44, 45 ; iv, 34-37 ; v, i-ii). Cette ferveur primitive diminua. Les parfaits ne furent bientôt qu’une exception. On les rencontrait parmi les femmes sous le nom de vierges, l’irgines, et quelquefois de vein’es. On reconnaît les hommes sous les noms de continent.'), d’eunuques, de confesseurs, ou d’a5cè(es. C’est ce dernier nom qui sert présentement à les résigner. Leur présence est signalée par saint Ignace, saint Justin, Athénagore, Tertullibn, saint Cyprien, Clément d’Alexandrie.

Mais d’où viennent ces ascètes ? Quelques-uns alTecteiit d’y voir une adaptation au christianisme de l’ascétisme pa’ien ou juif. Le paganisme eut. en elTet, ses ascètes. Le géographe Strabon parle, d’après IMégasthène, Aristobule et Onésicrite, desBrachmanes et des Garmanes qu’Alexandre le Grand rencontra dans l’Inde (Géographie, 1. XV, c. lix-lxvi). Mais on ne trouve Jiucune trace de l’influence de ces philosophes ascètes et de leur genre de vie sur l’Asie occidentale et l’Egypte. Il n’y a aucune relation à établir entre saint Siméon Stylite et les ascètes qui auraient occupé le sommet des colonnes du temple de Hiérapolis. Preuschen et, mélineau ont vainement tenté de rattacher saint Pachome aux reclus du Sérapéum de Memphis. Alexandre Bertrand n’a pas réussi davantage à faire sortir les monastères irlandais du v^ et du vi « siècles de communautés druidiques converties. Les traits communs que l’on