Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/417

Cette page n’a pas encore été corrigée

821

MOÏSE ET JOSUE

822

poésies se rapportant aux temps de l’exode et de la conquête, et peut-être accompagnées depetites notices en disant l’occasion. C’est peut-être une pareille notice qui est reproduite vers. 12^ : « Alors Josuc parla à Yaiiweli au jouroù Yahweb livra l’Amorrhéen devant les lils d’Israël. » C’est cette notice en tout cas qui établit le lien entre la strophe et le récit qui précède. — /) Si on la lisait toute seule on même avec la notice qui précède, il serait très dillicile de dire quelle est la portée exacte d’une strophe poétique ainsi conçue, dans laquelle on fait à la fois appel au soleil et à la lune, dans laquelle le soleil et la lune s’arrêtent de concert. Mais le vers. 1 3 fournit un commentaire. Il n’j' est plus question que du soleil : (< El le soleil s’arrêta au milieu des cieux (en plein midi) et il ne se hâta pas de s’en aller, environ un jour entier. » Elle vers. 1 4 continue : « El il n’y eut pas comms ce jour, ni avant lui ni après lui, pour qu’Yalnveh entende [ainsij la voix d’un homme ; car Yahweh combattait pour Israël. » — S) Inutile de remarquer que cette distinction des documents peut avoir son rejaillissement sur l’interprétation du récit.

SS6 — B. Interprétation des récits. — a) Les aj parutions. — a) La théologie dislingue trois espi’eesp. irmi les miracles, selon qu’ils se réalisent dans 1 ordre phj sique, dans l’ordre intellectuel ou dans l’ordre m0r.1l. Nousn’avonsà parler ici que des deux premières catégories. Or saint Thomas, qui réserve le nom de miracle surtout aux phénomènes d’ordre physique, désigne sous le terme générique de prophétie ceux qui appartiennentà l’ordre intellectuel’.

— 3) C’est donc à la prophétie que se ratlaclient les apparitions divines. On sait que l’objet de la prophétie peut atteindre l’esprit du voyant, ou bien d’une façon tout à fait directe, ou bien par l’intermédiaire de formes accessibles aux sens extérieurs ou à l’iuiaginalion. Il est parfois diflicile de discerner dans les récits si ces formes ont atteint directement l’imagination, ou si elles ont d’abord frapjié les sens externes. Aucun doute n’est possible touchant l’apparition de l’inscription sur le mur de la salle de Balthasar (Dan., v, 5). Il n’en va déjà plus de même pour la vision de la chaudière bouillante (Jer.. I, 13), que saint Thomas classe parmi les visions imaginatives^i on peut hésiter pareillement quand il s’agit des visions inaugurales d’Isaïe (/a., vi) ou d’Ezéchiel (£ :., 1).

SS7. — v) Dans la carrière de Moïse, l’apparition du Buisson (Ex., iii, i-6) sera traitée comme sensible à la vue et à l’ouïe. Il est dillicile toutefois de voir en quoi elle consiste au juste et on pourrait croire que, par un motif de respect pour Celui qui ne voulait être représenté par aucune image, les rédacteurs des documents ont évité de s’en expliquer. La mention de l’ange de Yahweb (vers. 2) pourrait suggérer l’idée d’une forme humaine (cf. Gen., xvi, 7-14 ; xxi, 17-19 ; ^"d-, VI, 11-24 ; xiii, 2-23 ; etc.) ; mais, à s’en tenir au récit, il semble que Moïse n’ait vu que la flamme d’où la voix se faisait entendre. — S) L’épisode de la lutte avec Yahweh (Ex., iv, 24-26) s’explique mieux si Moïse a vu une forme humaine. La colonne de nuée (ou de feu) qui marchait à la tête des Israélites (Ex., xiii, 21, 22), celle qui descendait sur la lente de réunion quand Moïse s’y rendait et que Yahweh lui parlait face à face (Ex., xxxiii, 8-11) paraissent devoir être traitées comme la flamme du buisson avec laquelle elles présentent de réelles analogies.

1. Cf. S. Thomas, Summa theo’.ogica, 2 »’2 « , quæst. clxxi CL.XXIV.

2. Quæst. cLxxiii, art. 11.

SS8. — £) X leur tour, les diverses apparitions du Sinaï sont décrites avec parcimonie. Pour la première (Ex., XIX, 3-25 ; xx, 18-21), on nous a surtout conservé le récit du Yahuiste. Yahweh annonce qu’il va venir dans une nuée, que le peuple va entendre sa voix (Ex., xix, 9") ; il dit un peu plus loin qu’il descendra le troisième jour aux yeux de tout le peuple sur la montagne du Sinaï, qui deviendra sacrée et inaccessil^le (ii-13"). Le récit de cette descente sur le sommet de la montagne (ao ») est complété par celui des phénomènes concomitants : le Sinaï est tout fumant, la fumée s’en élève comme d’une fournaise, la raonlagnie tremble (18). C’est alors que Moïse monte, appelé par Yahweh (10^). On ne dit rien de la forme même sous laquelle Dieu apparaît. Le récit élohiste n’ajoute que des détails accessoires : tonnerres, éclairs, nuée épaisse, son de la trompette, effroi du peuple (xix, 16, ig » ; xx, 1820 ; le vers. 21 montre Moïse s’approchant de la nuée où était Dieu). — Ç) Dans la seconde apparition (Ex., XXIV, I, 2 -|- g-18 -j- XXXI, 18), le récit élohiste nous montre Moïse, Aaron, Nadab,.biu et soixante-dix anciens qui gravissent la montagne, mais pour se prosterner seulement de loin (xxiv, i) ; ils voient le Dieu d’Israël sans danger (10^, 11). On dit que sous ses pieds il y avait comme un ouvrage de brillants saphirs, pur comme le ciel même (10) ; on insinue donc la ressemblance humaine, mais on n’insiste pas. Moïse, avec Josué, est invité à s’élever plus haut pour recevoir « les tables de pierre, la loi et le précepte, que j’ai écrits pour les leur enseigner 11(12, 1 3). Ici c’est donc Yahweh qui écrit sur les tables (cf. xxxi, 18), nouvel indice de forme humaine. Le récit sacerdotal ajoute un détail déjà connu : la nuée sur la montagne (£j-, , XXIV, 15, iG ».iii, 18a). De plus il mentionne l’apparition de la gloire de Y’ahweh comme un feu dévorant (17*). — > ;) Dans le récit de la troisième apparition (Ex., xxxiii, 18-xxxiv, g -|- xxxiv, 27, 28), les éléments yahwistes présentent) » un intérêt spécial. Moïse demande à voir la face de Y’ahweh (xxxiii, 18). Y’ahweh déclare que c’est impossible (20). Mais, du creux d’un rocher. Moïse pourra voir Y’ahweh par derrière (21-23) : qu’il monte donc le lendemain tout seul sur la montagne (xxxiv, 2, 3)1 C’est ce que fait Moïse (4"°)- Y’ahweh descend dans la nuée, se tient avec Moïse, prononce le nom même de Y’ahweh. révèle ses principaux attributs ; Moïse s’incline, se prosterne et intercède pour son peuple (5-g). Puis après l’énoncé des paroles de l’alliance, Y’ahweh invile Moïse à les écrire (27). On a donc ici une donnée précieuse : impossible de voir la face de Y’ahweh. Le seul détail intéressant de VElohiste, c’est le renouvellement de l’inscription des préceptes sur les tables de pierre par Y’ahweh (xxxiv, i, 4"<'l>, 28 f ?|).

SS9. — *) Il est facile de noter des particularités dans la manière dont ces documents décrivent les apparitions. Tous trois, ils semblent manifester le sentiment d’impuissance à exprimer ce qui est ineffable ; tous trois, ils paraissent éviter des anthropomorphismes dont des Israélites grossiers pourraient tirer des conséquences fâcheuses. Ces sentiments et préoccupations seront plus accentués dans le Yahwiste et le récit sacerdotal ; toutefois si VElohiste laisse plus aisément percevoir une forme humaine, il ne la précise jamais. Mais dans aucun de ces documents, on ne peut relever un trait permettant de douter de l’objectivité des apparitions. — i) Dans Jos., V, 13-16(Vulg. 1 3-1 5), la ressemblance humaine est nellement exprimée.

330. — b) Miracles d’ordre physique. — « ) Du miracle saint Thomas donne deux délinitions principales :

« Ce que Dieu fait en dehors des causes qui