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MOÏSE ET JOSQE

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en sang (Ex., vii, 14-25). On découvre en ce récit des éléments yahwistes, élohistes et sacerdotaux.

a) A propos du l’ahiiiste, il faut tenir compte

d’un texte antérieur. Après que Yahweh a donné à Moïse le pouvoir de réaliser les deux signes du bâton changé en serpent et de la lèpre (£j-., iv, i-8), il ajoute : a El s’ils ne croient pas même à ces deux signes et s’ils n’écoutent pas ta voix, prends des eaux du Fleuve et répands-les sur le sol, et les eaux que tu auras prises du Fleuve seront en sang sur le sol. » (Ex., IV, 9). Four des critiques, telles devaient être, dans le Yalnrisle, les limites du changement des eaux en sang ; il ne devait pas y avoir d’action sur le fleuve lui-même. Aussi les éléments de J qui sont entrés dans le récit de la première plaie n’ont-ils rien à voir avec le changement de l’eau en sang. Ayant rejoint le pliaraon sur le bord du Fleuve (Ex, vii, 15") et lui ayant reproché son refus délaisser partir les Hébreux (16), Moïse lui annonce, à titre de signe et au nom de "V’ahweh, que Yah-neh va frapper le

Fleuve (17)^

que le poisson va mourir, que le

Fleuve va être infecté, que les Egyptiens vont se dégoûter de boire de l’eau du Fleuve (18). C’est, en effet, ee qui arrive (u »). Les Egyptiens creusent autour du Fleuve pour avoir de l’eau (24)-Sept jours se passent après que Yahweh a frappé le Fleuve (25).

— /3) Dans i’Elohiste, Moïse est invité par Yahweh à prendre le Mton qui a été changé en serpent (Ex., vii, 5). On le voit ensuite annoncer lui-même qu’avec le bâton qui est dans sa main il va frapper les eaux du Fleuve qui seront changées en sang (1 ->’*). Kn eit’et, il [le nom d’.aron a été introduit sous l’influence de P, qui a fourni 19 et 20 » ] lève le bâton, frappe les eaux du Fleuve sous les yeux du pharaon et de ses sen’iteurs, et toutes les eaui du Fleuve sont changées en sang (20*) ; le pharaon demeure quand même endurci (23). — y) Dans le récit sacerdotal. Moïse reçoit l’ordre de dire à Aaron de prendre son bâton, d’étendre sa main sur les eaux de l’Egypte, ses rivières, ses canaux, ses étangs, tous ses réservoirs ; elles seront du sang dans toute la terre d’Egypte, dans les [vases de] bois et [de] pierres (Ex., vii, 19). Moïse et Aaron exécutent l’ordre divin (20=*) et il 3- a du sang dans toute l’Egypte (21). Et les magiciens d’Egypte firent de même avec leurs prestiges, et le cœur du pharaon s’endurcit et il ne les [Moïse et Aaron] écouta point, selon qu’avait dit’aliveh (aa). — c) Il y a des réserves à émettre au sujet de ces répartitions de textes et des conclusions que l’on en tire. Je ne crois pas prouvé que J n’evit pas un récit de la conversion des eaux du Fleuve en sang ; le rédacteur a parfaitement pu supprimer des traits qui étaient communs à J et à E. D’autre part, le récit d’Ex., iv, 9 apparaîtrait fort bien comme racontant la manière dont Yalnveh préparait Moïse à son œuvre en lui révélant les pouvoirs dont il était favorisé. Quoi qu’il en soit, il est aisé de voir que, par exemple, la comparaison de E et de P permet de se rendre compte et des caractères propres à chacun de ces deux documents, et de la manière dont il convient d’interpréter les données qu’ils fournissent. Mais, en même temps, il est facile de constater que, dans E, P et même J. les traits fondamentaux du fait miraculeux — changement de l’eau en sang — sont nettement conservés.

384. — t>) Passage de la mer Bouge (Ex., xiv, 15-30, en limitant la péricope aux traits essentiels du récit). Ici encore les trois documents seraient représentés. — y.) Du récit élohiste, il ne resterait que des fragments épars : a …Pourquoi cries-tu vers moi ? (15ai)… Et toi, é/èie ton bâton (16 »  »)… » Et l’ange de Dieu qui marchait devant le camp d’Israël partit et alla derrière eux (19^)… et ils ne s’approchèrent

pas l’un de l’autre toute la nuit (20’). — 3) Le récit jahwiste commence, en cette section précise, par un passage parallèle à 19 » (E) : Et la colonne de nuée partit de devant eux et se tint derrière eux (19), et elle vint entre le camp d’Egypte et le camp d’Israël, et elle fut nuée et ténèbres, et elle éclaira la nuit (20^)… Et Yahweh lit aller la mer par un fort vent d’Est toute la nuit et il mit la mer â see (ai a-). Dans la veille du matin, Yahweh observa le camp d’Egypte dans la colonne de feu et de nuée et il troubla le camp d’Egypte (2/1). Et il enraya la roue de ses chars et il la fil aller avec pesanteur. Et l’Egypte dit : Que je fuiededevantlsraël, car Yahweh combat pour eux contre l’Egypte (20)… Et au retour du malin, la mer revint à son flux normal et l’Egypte fuyait devant elle ; et Yahweh culbuta l’Egypte au milieu de ! a mer (2-^f^’)… Et Yaliweh sauva en ce jour Israël de la main de l’Egypte et Israël vit l’Egypte morte sur le rivage de la mer (30). — /) Le récit sacerdotal est plus développé. Yahweh dit à Moïse d’ordonner aux Israélites de se mettre en marche (15’). Il invite Moïse à étendre la main sur la mer pour la diviser, afin que les Israélites passent à pied sec (iba ;  ! »). Il va endurcir le cœur des Egyptiens afin qu’ils entrent dans le lit de la mer ; il pourra ainsi manifester sa gloire à leurs yeux (17, 18). Moïse étend sa main sur la mer et les eaux se fendent (2 13-). Les enfants d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec et les eaux sont pour eux un mur à droite et à gauche (22). Les Egyptiens entrent à leur tour (aS). Yahweh ordonne à Moïse d’étendre la main sur la mer pour que les eaux reviennent sur les Egyptiens (26), Moïse étend sa main sur la mer (27="). L’armée des Egyptiens est englontie sans qu’il en échappe un seul (28) ; retour sur l’idée du vers. 22 (29). — ô) On ne peut comparer que E et P. C’est peur constater que le récit sacerdotal accentue le caractère merveilleux de l’événement. Il ne parle pas (du moins le rédacteur n’a pas conservé ce Irait) du vent d’Est, et il insiste avecemphase sur ladivision des eaux (vers. 22 et 29J on peut d’ailleurs comparer ces derniers versets avec XV, S, où les traits sont encore plus accentués). Mais, pour le fond du prodige, les deux récits sont pareils. 385. — c) L’arrêt du soleil (Jos., x, g-14). — "-) La première partie du récit (9-1 1), que l’on attribue au Deutévonomiste (D’-), est très simple. Josué, qui est monté de Galgala pendant la nuit, fond subitement sur les rois amorrhéens (vers. 9). En même temps, Yahweh les trouble devant Israël et (celui-ci) les frappe d’un grand coup à Gabaon et il les poursuit sur la voie de la montée de Bélhoron et il les frappe jusqu’à Azéca et Macëda (10). Cependant, comme ils fuient devant Israël à la descente de Béthoron, Yahweh fait tomber du ciel sur eux de grandes pierres jusqu’à Azéca, et ils meurent ; plus nombreux sont ceux qui meurent par les pierres de grêle que ceux que les Israélites tuent par l’épée (1 1). — î) 11 est incontestable que le récit qui précède se suffirait pleinement à lui-même et qu’il a toute apparence d’être terminé. Néanmoins on lui a rattaché un épisode nouveau. Il importe de discerner les éléments de ce supplément. La première partie est renfermée dans les vers. 12 et iS^’. Le centre en est dans une petite strophe qui chevauche sur les vers. 12 et 13 » " :

Soleil, arréle-toi sur Gabaon,

et toi, lune, dons la vallée d Ajalon. Et le soleil s’arrêta et la lune demeura jusqu’à ce qile le peuple se lût vengé de ses ennemis.

Une petite note (13 « -) nous apprend que cette strophe est extraite du Livre du l’aiar, recueil de vieilles