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MOÏSE ET JOSUÉ

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considérable de territoire (/os., xvi-xvn ; Jud., i, aa29). Il emporte avec lui l’arche et le sanctuaire mobile du désert, il pourvoit à l’installation du culte de Silo, qui contribuera à assurer pendant longtemps la supériorité à Ephraïm. Celui-ci s’agrandit aux dépens de Manassé (Jos., xvi, 9 ; xvii 9) qui, de sou côté, empiétera sur Issachar et Aser (/os., xvii, 11). Mais, pour les fils de Joseph non plus, la conquête n’est pas complète. Les Cananéens demeurent indéfiniment à Gézer au milieu d’Ephraim qui parvient seulement à les assujettir à la corvée (Jos., xvi, 10 ; cf. Jud., i, 29). Il en est de même en Manassé pour les Cananéens des Trois-GoUines (Jos., xvii, la ; et. Jud., i, 27) ; c’est plus tard seulement que, devenu plus fort, Manassé pourra en exiger une redevance (/os., xvii, 13 ; Jud., I, a8). Nous avons déjà dit le sort de Dan (Jos., XIX, 47 ; Jud., I, 34 ; xvn-xviii). Zabulon et Nephtliali n’eurent à leur tour qu’un succès limité ; ils durent tolérer des Cananéens dans plusieurs de leurs villes, se bornant à en réclamer des redevances (Jud., i, 30, 33). Plus précaire encore la situation d’Aser ; c’est lui qui fut réduit à demeurer au milieu des Cananéens qu’il ne sut chasser (Jud., i, 31, Sa). On remarquera qu’avec un sens très précis des réalités et au prix de quelques répétitions, les rédacteurs ont placé les éléments du Yalnviste et dans le livre de Josué et au début de celui des Juges. C’est dire très clairement que, commencée sous Josué, l’oeuvre d’occupation se poursuivit après sa mort (/urf., i, i) ; elle fut longue, laborieuse, et n’obtint, en ces premières périodes, que des résultats partiels ; les tribus s’installèrent dans la région montagneuse ; mais les plaines leur échappèrent presque entièrement.

Conclusion

513. — C’est ainsi qu’en nous plaçant sur le terrain de la critique documentaire, nous arrivons à des constatations intéressantes pour l’exégèse catholique. Bien comprise, l'œuvre de la critique littéraire du dernier siècle n’a pas nécessairement, dans le domaine de la critique historique, les répercussions que de trop nombreux exégètes ont prétendu lui assurer. On n’a pas le droit de s’en servir pour bouleverser de fond en comble l’histoire des origines du peuple de Dieu. En réalité, si ou l’interroge avec un souci constant de ne pas altérer, par des interprétations arbitraires, les données des textes, on arrive à cette conclusion : Les lignes générales de la mission de Moïse et de celle de Josué demeurent celles qu’en lisant l’Hexateuque, tel qu’il se présente â nous, l’exégèse traditionnelle avait tracées. C’est une preuve nouvelle que les documents n’ont pas pris naissance aussi longtemps après les événements qu’on se plaît à le dire.

lU- — Les miracles de Moïse et de Josué

1° Idée générale des miracles

514. — A. Les miracles de Moïse. — « Il ne s’est pas levé en Israël de prophète semblable à Moïse, que Yahweh connaissait face à face. » (Deut., xxxiv, 10). Personne ne voudrait protester contre cet éloge que, plusieurs siècles avant Jésus-Christ, l’auteur du dernier chapitre du Pentateuque faisait du fondateur de la nation juive, du premier organisateur de cette religion qui, considérée soit en elle-même, soit en celles qui en sont dérivées, est devenue le culte de la plus grande partie du monde civilisé. Mais l’auteur sacré ajoute : Ni quant à tous les signes et miracles que Dieu l’envoya faire, dans le pays d’Egypte, sur Pharaon, sur tous ses serviteurs et sur tout son pays, ni quant à toute sa main puissante et à toutes les merveilles terribles qu’il accomplit sous les yeux

de tout Israël. » (Deut., xxxiv, 11, la). Celte allusion aux miracles de Moïse, à laquelle font écho presque tous les textesqui parlent du grand prophète (cf., v. g., Eccli., xi, v, 1-5), nous introduit sur un terrain beaucoup plus brdlant. Nombre de critiques étrangers à l’Eglise, plus ou moins teintes de rationalisme, refusent de s’y aventurer et rejettent sans discussion la réalité des prodiges racontes dans Ex-Deut. Les exégètes chrétiens, au contraire, n'éprouvent aucune diiriculté à reconnaître, en quelque livre autorisé qu’ils en lisent le récit, l’objectivité des interventions divines et miraculeuses. Nous n’oublierons pas, en abordant ce sujet, qu’il a été à maintes reprises traité par des savants catholiques ; ce sera pour nous une raison d'être bref.

215. — Il nous semble que la première chose à faire est d'établir la liste des principaux miracles que le Pentateuque rattache à l’intervention ou à la présence de Moïse. Gomme précédemment, nous indiquons la distinction des documents :

a) Apparition de Yahweh à Moï^e, Ex., iii, 1-6. — 1, 4b, 6 E. — 2-4a, 5, J. — Cf. Ex., vi, 2-8, P.

b) Les signes du bâton changé en ger[>ent et de la lèpre, Ex., IV, 1-9, J.

c) La lutte avec Yahweh, Ex., iv, 24-26, J.

d) Les plaies d’Egypte :

f) L’eau changée en sang, Ex., vii, 14-25. — 15b, l/b*^ 20*, 23, E. — 14, 15a, 16, 17', 18, 21a, 24, 25, J. — 13. 2 la*, 21b, 22, P.

, 3) Los grenouilles, Ex., vii, 26-Tiii, 11 (Vulp. viii, 11 :.). — vii, 27-29, viii,.'.-lia », J. _ viii, 1-3, 11*, P.

/) Le » cousins, Ex., viii, 12-15 (Vulg. 16-19), P.

5) Les moustiques, Ex., viii, 16-28 (Vulg. 20-32), J. t) La peste du bétail, Ex., ix, 1-7, J.

;) Les pustules, Ex., ix, 8-12, P.

r) Lo grêle, Ex., ix, 13-35. — 22, 23a, 25a, 35a, E. — 13-21, 23b, 24, 2.-.b-30, 33, 34, J. — 35b, Rp. _ 31-32, glose.

6) Les sauterelles, Ex., x, 1-20. — 12, 13 », 14aa, 2n, E.

— 1-11, 13b, I4- », : 19,.1.

<) Le » ténèbres, Ex., x, 21-29. — 21-23, 27, E. — 24-26, 28, 29. J.

>) La mort des premiers-nés, Ex., il, l-iil, 30. — xi, 1-3, E. — II, 4-8 ; XII, 21-23, 27b, 29, 30, J. — iii, 4-20, 28, P. — XII. 24-27a, Ud. — xi, 9, 10, Rp.

e) Colonne de feu et colonne de nuée, Ex., xili, 21, 22, J. /") Passage de la mer Rouge, Ex., xiv, 15-30. — 15a, ; ,

16a « , lya, 20b, E. _ (9h_ 20a, 21a.i, 24. 25, 27a.ib, 30, J.

— 15*. l(i » r.-18, 2]a « b, 22, 23, 26, 27aa, 28, 29, P. g) Les eaux de Maïa. Ex.. xv, 23-25 », JE.

h) Au désert de Sin, les cailles et la manne, Ex., xvi. 1.36. — 4ab «. 13b.l5a, 19, 20. 21b, J (?). _ 1-3. 9-13 », 16bIS, 2Ia, 22-26, 29-32, 35, P. — 4b : -8. 27. 28, 33. 34, 36, R. /) Les eaux de Mass.ih-Meribali. Ex., ivii, lb, ; -7. JE. j] Malgré le rvle de la i » rièrc de Moïse, la vict’tire Bur Amalec ne paraît pas devoir être comi>tée pai-nii les miracles proprement dits.

h) La première apparition de Dieu au Sinoï, Ex.. xix, 3-25, [xx, 1-17, Uécalogue], xx, 18-21. — x.x, 2b, 3a. le fonds de 3b-8, 10, 13b, ii, ig, 17, 19 ; xx. lS-21, E. — xii, 9a, 11.13a, ii, 20a, 18, 20b, J. _ xix. 21-2.5, Rje. — xix, i-etouches de 3b-8, Rd. — xix, 9b, répétition erronée de 8b.

/) Deuxième apparition, Ex., xxiv, 1, 2 -(- 9-lS -|ixxi, 18.— xxiv, 1, 9-11, 12-15 », 18b ; xxxi, 18, E. — xiir, ]5b-18', P. — xxiT, 2, R.

m) Yahweh et.Moïse à la tente de réunion, ^x., xxxiii, 8-11. E.

n] Troisième ajiparition divine sur la montagne, Ex., xxiiii, 18-xxxiv, 9-(-xixiv, 27-35. — xxxiii, 18-23, J et R (-'). — xixiT, 1, 4a « b. 28, E. — 2, :  ; , 4a, i, 5-9, 27, J. — 29-32, P ; 33-35, généralisation haggadique.

o) I^e feu de Yahweh à Thahéera, Nttm., xi, 1-3*. E. p) Qihrolh-Hattaava, les cailles. Niiin., xi, 4-34. — 11*. 12, 14. 16. 17.24*. 25-30, E. — 4-6. (7-9). 10, lia*, 13, 15, 18-23, 24 » *. 31-35. J,

y) La lèpre de Marie, Num., xii, 1-15, E. /) Mort des espions qui ont murmuré contre Yahweh, Num., HT, 36-38, P.