Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

809

MOÏSE ET JOSUE

810

alors il faudrait réduire autant que possible la distance qui sépare entre eux les événements '. Dans ce cas, Nuin., xxi, 3, serait, ou bien une anticipation de Jiid., 1, i-i^, ou encore (No WACK-, BuDDF)un résumé destiné à remplacer Jud., i, 1-17 après qu’il fut violemment détaché de Num., xxi, 2, auquel il faisait d’abord suite.

500. — /i) La théorie aujourd’hui la plus en faveur est peut-être celle à laquelle Bakntscu ' paraît en définitive donner sa préférence. Nous aurions vraisemblablement dans ces textes l'écho de deux traditions. L’une, élohisle, représentée par les éléments principaux de Aiim., xiv, 3g-45, n’aurait connu que le désastre de Horma, mais l’aurait étendu à tout Israël ; c’est que, d’après cette tradition, l’entrée de toutes les tribus en Canaan se fait par l’Est. L’autre tradition, yahwiste, aurait sans doute, sous sa forme actuelle, repris cl mis au compte de tout Israël l’ccliec de Cadès raconté par E et l’invasion par l’Est. Mais sous sa forme première, telle que Jud., i nous la laisse entrevoir, cette tradition ne se serait d’abord intéressée qu'à Juda, Siuiéon et aux clans adventices ; sa caractéristique principale aurait été de faire pénétrer ces tribus par le Sud, dans le « p^éi d’abord, puis dans la montagne d’Hcbron. — i) Et telle serait, en efTet, la vérité historique : seules les autres tribus auraient fait le grand détour par les plaines de Moab. On comprend que, par ce qu’elle dit de Juda, cette théorie ait l’assentiment de ceux qui, comme WiNCKLKR, isolent complètement l’histoire des tribus du Nord de celle des tribus du Midi.

501. — /)On ne saurait traiter d’une manière uniforme toutes les considérations que nous venons de résumer. Dès que l’on se place dans le cadre de l’hypothèse documentaire, il n’y a pas d’objection de principe à formuler ni contre la distinction des sources telle que Bæntsch, par exemple, la pratique dans Num., xiv, 3g-45, ni contre cette première con- I clusion que E ne s’attachait qu'à l’entreprise infructueuse tentée par les Israélites lors de leur arrivée

à Cadès ; dés que l’on ne spécule pas sur les raisons du silence concernant les événements ultérieurs, la constatation du fait lui-même est sans conséquence. — h) Il est pareillement possible que les éléments de.1 que l’on prétend découvrir en Num., xiv, Sg-^S soient à rejoindre avec ! 'inn., xxi, i, pour constituer le récit de la même entreprise et du même échec que raconte E. On l’a déjà noté, le lien de Num., xxi, i-3

1. J. Wellhûusen admet que toutes les tribus sont montées par le payi de Moab et que Juda est descendu du Nord en la région qu’il devait occuper (cf. Die Israrlititc/ie…, p. 36-37 ; DU Composition des iiexaieuchs uitd der hitloriichen fiiicher des AHen Tesiamenl, 2 « éd., p. 3't4-3'l5). Il attribue la prise d’Hébron ; » Calelf [Die Composition…, loc. cit.). Ed. Meyer reconnaît aussi que les tribus sont j montées par l’Est [Kritik der Beriehte iiber die Krohernng Paldstinas, dans Zeitschrift fur die alitestameniliche Wissenschafi, 1881, p. 117-150, surtout p. 140-141). Si l’on admet avec Meyer, que Num., xiii, 22 (Vulg. 23) est du Yahivisie, tout comme Jud., , la comparaison de ce verset avec Jud., i, 10, 20 semble entraîner la conclusion que l’envoi des messagers, la tentative d’invasion par le Sud (éléments de J dans Num., xiv, 39.45, et Num., xxi, 1-3), i’orrirée par le Nord (Jud., i, 1-17) ont dû se produire dans un laps de temps assez restreint (i^ùt-on, au bout de quarante ans, retrouvé les trois fils d’Eniiq ?), Ln remarque est, entre outres, de H. Holzingek (Numeii, dans le Kurzer Hand-Cnmmentar zujn AHen Testament de Karl Marti), à propos des systèmes de Wellhansen et Meyer (cf. Meyek, A’rid’A…, p. 140).

2. Cf. W. NowACK, Richter…. à propos de Jud., i, 17.

3. Cf. Karl Bl’DDk, Dos Buch der Richter erklàrl (dans Kurzer Hand-Commentar zum AHen Testament de Marti), i propos de Jud., i, 17.

4. Cf. H. Bæntsch, £'xodu «.., àproposde -Yum., xxT, l-3 avec son contexte est lâche ; d’autre part, le vers, i et les vers. 2-3 peuvent se rapportera des faits séparés par un certain laps de temps. Rien ne nous renseigne sur la date du vœu du vers, a et rien ne prouve qu’il ait été formulé aussitôt après l'échec. Quant à la victoire dont parle le vers. 3, elle nous paraît mieux s’expliquer dans le cadre d’une pénétration par le Sud que de toute autre manière. L’exécution de l’anathème aux dépens des villes cananéennes entraîna la possession du territoire du roi d’Arad. Mais l’occupation semble devoir être considérée comme transitoire, réserve faite de certains éléments de tribus qui seraient demeurés au pays ; on pensera assez naturellement à des clans cinéens ou calébites s’attachant plus volontiers à un territoire voisin du négéb, leur séjour primitif. — /) Toutefois nous ne croyons pas absolument inadmissible, au point de vue d’une saine critique, que Jud., i, 1-15, maintenant résumé dans Num., xxi, 3, soit la suite immédiate de Num.^ xxi, 2. Il n’y aurait alors qu’une seule campagne d’occupation, qu’une seule prise de possession. Dans ce cas, au lieu de s’attacher à un résumé plus que sommaire, c’est Jud., i, 1-17 qu’il faut prendre en particulière considération ; il est, en conséquence, nécessaire de dire que cette seule invasion efficace s’est faite par le Nord.

SOS. — "') Il faut donc conclure, pour rester d’accord avec les textes auxquels on donne confiance, que tout le futur Israël est venu par le pays de Moab : toutes les tribus ont quitté ensemble la terre d’Egypte, toutes ont pris part aux migrations et ont séjourné à Cadès, toutes ont fait le grand détour par les confins du désert sjrien. C’est seulement aux plaines de Jéricho, et dans les circonstances dont nous aurons à parler ensuite, que s’est opérée cette séparation après laquelle chaque tribu a sui i, en vue de son installation dans le territoire conquis, sa voie particulière.

S03. — C. Dans les plaines de Moab. — Nous n’avons pas de données bien précises sur la durée du séjour des Israélites dans les plaines de Moab. Deux faits de premier plan attirent l’attention : la mort deMoïse(cf. Deut., xxxiv, 1-8) et l’entrée en chargede Josué (Deut., XXXIV, g ; cf. Jos., 1, i-g), auparavant désigné comme son successeur (Num., xxvii, 15-a3 ; Deut., i, 38 ; iii, 28 ; xxxi, 3, 7, 8, 14, 15. 28). D’autres faits plus généraux méritent encore d'être soulignés. C’est alors que les tribus transjordaniennes commencent à s’installer dans leurs séjours (A’Hm., xxxii ; Deut., iii, 12-ao). C’est alors aussi que les Israélites commencent d’entrer en contact avec les païens. Ces derniers n'étaient pas des Cananéens, mais des Moabites ; les conséquences de ces premières relations furent déplorables au point de vue moral et religieux (Num., XXV, 1-5, JE ; l’impression est la même à propos des Madianites, dont parle P, vers. 6-18). Le châtiment fut sévère (Num., xxxi ; P), mais il importait de prévenir le retour de tels scandales. La Bible représente le séjour des plaines de Moab comme marquant, à la façon de Cadès, une période active de législation. Des précisions apportées aux décisions antérieures d’ordre civil (cf. A’um., xxvi ; XXVII, i-ii ; xxxni, 50-xxxiv, ag ; xxxv ; xxxvi) ont pu être occasionnées par l’installation même des premières tribus ; tels ou tels compléments ajoutés au rituel, sans doute assez élémentaire, de Cadès (cf. Num., xxviii-xxx) ont pu, eux aussi, répondre à des besoins nouveaux. Même si l’on admet que le Deutéronome a, autant sinon plus que tel autre code, reçu des araplilications destinées à l’adapter aux besoins des âges postérieurs, on ne peut opposer une fin de non recevoir à la donnée biblique d’après laquelle c’est dans les plaines de Moab que furent posées les