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MOÏSE ET JOSUÉ

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Les diflicultés qui demeurent sont, ou secondaires, ou relativement aisées à élucider. Aussi ne prendrons-nous en considération que la principale d’entre elles, après un exposé des particularités de l’itinéraire tel que le présente la Bible.

19â. — K. L’itinéraire. — a) Une question préalable se pose : A quoi bon le long détour parla Transjordane, alors qu’à Cades on était aux portes de la Palestine ? On sait pourquoi les fils de Jacob n’ont pas pris le chemin de la mer (Ex., xiii, 17) : les Cananéens, qui occupaient encore la Sepkéiah au temps de la sortie d’K^ypte, conslituaieiit une puissance avec laquelle on pouvait redouter d engager le combat ; dans la suite d’ailleurs, les Israélites devaient reconnaîtra leur infériorité en rase campagne. Mais pourquoi retarder la pénétration dans la montagne et l’entrée en lutte avec les Amorrhéens ? Le i-écit de, Vum., xiii-xiv est la réponse topique à cette difficulté. Dès l’arrivée à Cadès, Moïse, guidé par Yahweli, songe à monter directement en Canaan et c’est pourquoi il fait explorer le pays {.Vum., XIII, 1-20 [Vulg. 2-31 : l-17a, p ; le reste, JE]). .Mais, à l’exception de Caleb, les espions donnent au peuple une impression défavorable et décourageante [Num., xiii, 21-J3 iVulg. 12-ik : il, 25, 26a", 32, F ; le reste, JE ; 23, 24, 2^, 28% 30, 31, 33. probablement de E]). De là une mutinerie du peuple, ciiâLiée par la condamnation à un séjour prolongé dans le désert et par quelques mesures plus terribles encore [ ?fuin., iiv, t-39 : la’y., 2, 5-7, 10, 26-2 », 34-38, P ; le reste JE ; 22-24*, 25b, 30, 31. probablement do E). Toutefois le peuple se ravise et, malgré .Mo’ise, se décide à tenter un etl’ort quiaboutità une défaite iXum., XIV, 40-45, E [mention des Amalécites et des Cananéens, HJj. Telle est la raison pour laquelle le peuple ne monta pas en Palestine, pour laquelle il demeura si longtemps dans le désert de Sin. — b) Si, au moment d’en partir, il se décida à allonger démesurément son parcours, ce fut sous i’influencede raisons impérieuses sur lesquelles les itinéraires nous renseigneront. Ils sont plus nombreux pour cette partie du voyage que pour les précédentes ; mais ils ne sont pas tous complets, ni en parfait état.

193. — c) Un trait que l’on attril>ue volontiers au YahuHste est la victoire sur le roi d’Arad (Xum., xxi, 1-3). .Nous aurons à y revenir ; disons, pour le moment, qu’il s’agit d’une tentative de pénétration qui, malgré le succès des Israélites, n’a pas de suite immédiate. — d] C’est une question parmi les critiques de savoir s’il faut attribuer au i’a/inusie une section d’itinéraire avec stations. Il s’agit dans l’espèce de Deut., x, 6, 7. que tout le monde regarde comme étranger à son contexte iictuel et qui, à l’aison de frappantes affinités de style, est rattaché à.um., xxi, 12-20. Tandis que divers critiques attribuent ces deux fragments à E, d’autres sans plus de précision à JE, que d’autres encore les décomposent entre J et E, le P. Lagrange, s’appuyant sur la mention du Litre den Guerres de Yahiveh’, les attribue à J. Les stations mentionnées sont : Béeroth-Bené-Jafian ; Mosér^, où mourut.aron ; Gadgad : Jrtébatha [Deut., x, 6, 7) ; ouadi Zared (IS’um., xxi, 12) ; L’autre cêtè de VArnon, dans le désert, sur la frontière amorrhéenne (Kum., xxi, 13) ; Béer (y/irn., xxi, 16) ; diverses autres stations (^i^m., xxi, 19 ; , qui aboutissent à la vallée qui est dans la plaine de Moab (um., xxi, 20). — e) L’itinéraire élohiste est très fragmentaire. On part de Cadès l.Xum., xx, îaib). Des messagers sont envoyés au roi d’Edom pour obtenir la permission de traverser son pays ; il s’y refuse et accompagne son refus d’une démonstration hostile (.V « m., XX, 14-2 ! a). Israël se décide alors à contourner ce territoire en allant vers le golfe clanitique { ?fum., XX, 21’J ; xxi, 4a :  ; suit [4b-9] l’épisode du serpent d’airain). Peut-être faut-il attribuer à E l’arrivée dans le désert qui est en face de Moab à l’Orient (i’um., xxi, 11b). Le récit de la victoire remportée sur Séhon l’Amorrhéen {ium., XXI, 21-30) lui appartient sûrement quant à ses lignes principales, peut-être aussi celui de la campagne contre Og de Basan (Num., xxi. 33-35 [ou bien Rd]|. Enfin, par delà l’épisode de Balaam, la dernière étape de Seltim (Num., XXV, ta), en face de Jéricho. — f) Le Deutéronome (D’-l nous fournit ici une série d’étapes assez précités : après le long séjour à Cadès (Deut.. i, 46), le détourvers le golfe élariitique. le long de la montagne de Séir, pour ne pas violer la frontière des Edomites [Deut., ii, 1) ; avec la

1. Cf. Fr..M.-J. Lagrange, L’itinéraire…, 1" article, dans Refue Biblique, 1900, p. 63-SG, surtout p. 66, 67.

même préoccupation, on remonte d’Elah et Aeiongaber dans la’arûbâh (n’ddi el’Araba, Deut., il, 2-8a [interprétation de sa d’ ; n)i-ès le grec, qui seul présente un sens acceptable ]) ; détourvers le désert de Moab (Deut., ii, Sb) ; avec la préoccupation de ne pas violer la frontière de ce dernier pays, passagedaasleouadi Zared (Deut., ii, 9-13) ; avec la préoccupation de ne pas violer 1* territoire d’Ammon et lassurance de vaincre les.morrhéens, passage de l’Arnon (Deut., il, 16-25) ; victoire sur Séhon l’Amorrhéen {Deut., Il, 26-37), puis sur Og de Basan (Deut., iii, 1-7) ; occupation du territoire par les Rubénites, les Gaditv’S et plusieurs clans de Manassitcs (Deut., iii, 12-17) ; arrivée et séjour dans la vallée, vis-à-vis de Beth Pliogor (Deut., III, 29). — g] Les éléments de l’itinéraire sacerdotal qui sont renfermés dans le récit du voyage et que leur style, toujours très caractéristique, permet de reconnaître sont peu nombreux : de Cadès au mont 1/or (Num.,

XX, 22) ; départ du mont Hor (Num., ixi, 4aK) ; arrivée à Oboih [Num., XII, 10) ; d’Oboth à Jeabarim (Num., xxi, llb ?) ; les plaines de Moab, au deli du Jourdain de Jéricho (Num., XXII, 1). Après que l’on y a rétabli 1 ordre primitif, le catalogue de Num., xxxiii présente les indications suivantes : de Cadès au mont Hor (37) ; départ du mont Uor (41a), Moséroth (30b ; cf. Deut., x, 6) ; de Moséroth à .isiongaber par Bené-Jaacan, llor-Gadgad, Jétébatha (et. Deut., X, 7), Hébrona (31-35) ; d’Asiongaber, mr Sabnona, Phunon, Obol/i (d. Num., xxi, 10), Jeabarim (cf. Num.,

XXI, 11), Dibon-Gad, Helmoii-Deblathaïm, monts.ibarim en face du Nébo, jusqu’aux plaine » de Moab (’.4rbôt^^ Mù’àb) en face du Jourdain de Jéricho (41b-48) ; campement près du Jourdain, depuis Bellisimotli jusqu’à Abel-Setiim, dans les plaines do Moab (49).

194. — A) On ne saurait méconnaître les variantes de détail qu’une étude attentive fuit découvrir en ces divers catalogues. Un certain nombre d’entre elles, surtout quand il s’agit d’omissions, sont dues aux rédacteurs ; c’est à eux, par exemple, que, selon toute vraisemblance, il faut attribuer la suppression de la victoire sur Séhon dans le Yalnùste et le Code sacerdotal : ils ont voulu éviter les surcharges et les repétitions ; d’autres différences tiennent à la teneur des documents eux-mêmes. Mais si Deut., x, 6, 7 + V’((m., xxi, 12-20 appartiennent à J, si l’on a le droit de se servir de D’- pour combler les lacunes de E, il devient évident que, pour les lignes générales, l’accord est aussi parfait qu’on peut le rêver. — i) En partant de Cadès, on contourne le mont Séir et on arrive au golfe élanitique. On remonte ensuite le ti’ddi et Araha ; la station de P/tunonforme un point de repère précieux depuis que, dans une de leurs caravanes, les Dominicains de l’Ecole Biblique de Jérusalem ont découvert dans ce ouadi le site très caractéristique de FénaiiK Au Sud de la mer Morte, un détour introduit les Israélites dans le ouadi Zared (u drfi el Ifésii). frontière méridionale de Moab. Par ce pays de Moab, ou plutôt par le désert qui l’entoure à l’Orient, ils arrivent aux frontières du royaume amorrhéen. La victoire de Jasa sur SéLon ; la défaite de Og, qui aurait pu les surprendre par derrière ; la prise de possession de ces deux territoires leur permettent de descendre en toute sécurité les pentes de la grande vallée et de venir s’établir dans la plaine de la rive orientale du Jourdain ; ils y attendront le moment favorable pour pénétrer en Canaan-.

198. — B. Les tribus méridionales. — Nous entendons par tribus méridionales celles qui devaient occuper le Sud de la Palestine, à savoir Juda et Simcon ; d’aucuns y ajoutent celle de Lévi, au moins avant qu’elle ne disparût de la liste des clans attachés au

1. Cf. Fr. M.-J. Lagrange, Phounon (Num., xxxiii, 42) dans Reçue Biblique, 1898, p. 112115. Cf. Cleb.mont-G„-NEAU, L’L’dil bi/zantin de Bersabée, dans Reçue Biblique, 1906, p. 412-432, surtout p. 427-428.

2. Cf. avec les commentaires, Fr. M.-J. Lagrange, /.’/iinéraire. .., 2" article, dans Reçue Biblique, 1900 p. 280287 ; 3 » article, ibidem, p. 443-449.