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MOÏSE ET JOSUÉ

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(Ex., XVII, 8-16) nous ramène vers le séjour d’Amalec, c est-à-dire vers le né^éb et Cadès. Mais il y a Mara et Elim, qui semblent indiquer U[i vojajfe vers le Sud !.. La direction paraît d’autant mieux marquée que Wcill, à la suite de Meyer, s’a|qiuie sur des comparaisons d’Ex., x, 23-27 avec de » teites d’auteurs ]>rol’anes pour idcntiGer Mara-ELim (ils en font une seule localité) avec l’oasis et la palmeraie de ïor. Il ne faut pas céder ii cotte illusion : la mention de Maïa-Elim en ce contexte a une tout autre raison d’être. Au huitième siùcle, quand VEluhiste écrivait, l’oasis de Tor était un lieu de cures miraculeuses où affluaient de nombi-eux pèlerins. Gomme on y venait d’Israël, l’auteur du récit éprouva le besoin d’attribuer à « Yaliweb qui guérit » (£x., xv, 26) l’origine delà source bienfaisante. Il ne tr-ouva pas d’autre moyen que de inettreMara-Elim sur le cbemin suivi par les Hébreux, précédés de leur Dieu, au sortir de l’Egypte. Sans doute, au point de vue géographique, le crochet était extraordinaire, puisque l’iloreb est près de Cadès. Mais le narrateur, grvce à l’extrême indigence de ses connaissances topographiques, trouvait cela tout simple. Non moins floltuutes étaient les notions du rédacteur sacerdotal, bien que son texte jjaraisse de tous le plus précis. Comparant la liste de

; Yum., xxxui, avec les éléments antécédemment fournis

par P, Weill conclut : <c On voit que cette liste de Nombr., xxxiii.qui est considérée en général comme appartenant à une couche tardive de P, est partout d’accord avec les détails acceptés ou introduits par P et donnés par lui d’autre part, et que toute son originalité consiste dans lintercalation d’un nombre considérable de stations que le récit antérieur ne tonnait pas. Il est inutile de dire que toute tentative de locolisation géographique, ici, serait absurde ; le rédacteur qui inscrivait ces noms àla 61e avait de tout autres préoccupations que celles de savoir s’ils correspondaient à une réalité quelconque’. » 178. — m) La plupart des critiques esliment que c’est l’itinéraire direct qui correspond à la vérité historique. De ce chef, Cadès acquiert une importance extraordinaire. De par son nom même (ÇiZi/cs), c’est un sanctuaire, et il y a lieu de croire que, longtemps avant l’époque mosaïque, c’était pour les bédouins du désert un lieu de prière et de pèlerinage. L’objet sacré était une source ; dès le temps des patriarches, elle s’appelait Source du Ju^ement(’Ain Miipâi ; Gen., XIV, )) : preuve que l’endroit revêtait un caractère sacré bien avant l’exode. C’est cette même source que désignent les noms, de sens analogue, de Massah et Méribali, « eau d’épreuve », « eau de décision 11, et il est possible que ces vocables remontent à un lointain j)assé. Les récits qui les concernent sont nettement étiologiques et ont pour but d’expliquer ces noms. Mais les explications varient. Ici, c’est Yaliweh qui tente son Fidèle et querelle avec lui (Dcut., xxxiii, 8, lo ; cf. A’uin., xx, 12, 13[P]) ; là (Ex., XVII, i--], JE), c’est le peuple qui tente Yaliweh ou Moïse. Cadès, c’est donc le sanctuaire de la source, le sanctuaire des décisions. C’est aussi le sanctuaire de l’oracle, de Viiiim et du tummim (Deut., xxxiii, 8^). C’est là que Moïse trouve accès ; là que, selon les uns, en contact avec la confédération du Sinaï, il est initié au culte du vieux dieu,

1. Cf. R. WiuLL, Le séjour…, p. 111. Nous ne ferons que mentionner l’opinion de L. Gart (cf. L. Cart, Au Sinaï et dans l’Arabie Pétrce,.Appendice : La Géographie de l’Exode, à partir de la paije 373 ; voir surtout : p, 378, 384-385, 386, 387, 418-420, 430-431, 441-442, 451-460). Il rejette l’idée d’un itinéraire ]iriinitif allant directement d’Egypte h Cadès. Tous les itinéraires portaient : Egypte, Sinaï ou Horeb, Cadès. Il distingue entre le Sinaï et l’Horeb. Le Sinaï, qui n’est autre que le buisson {s’néh). esl près de Cadès, ainsi que l’indiquent IJeut., wiii, 2 et Jud., V, 4, et coriespond peut-être au D/é/>éi Maqraon au Djébél Muwcilleh. Quruit à l’Ilorel), il n’est pas ptrè.s de Cadès ; il est plus an Sud, à trois jours de marche {Num., x, 33), k onze journées d’après lo Dcutéronome (D-| qui suit d’ordinaire E [Deul., i, 2) ; l’histoire d’Elie (I Reg., XIX) suppose aussi une longue distance. LeSinaï de P est pareillement dans le massif du Sud.

peut-être qènite ou madianite ; là que, selon les autres, il substitue au culte d’un élôhim imprécis celui de YahweL qui lui est apparu dans le buisson. C’est là qu’il reçoit la législation qui présidera à la formation de son peuple, là pareillement qu’il recueille ces ordonnances et ces moyens cultuels dont il léguera le dépôt aux héritiers de sa fonction, les Lévites. Cadès est le véritable berceau de l’unité nationale et religieuse d’Israël.

179. — C. L’itinéraire des Israélites au désert.

— Il faut bien se garder d’accepter sans contrôle les théories que nous venons d’exposer. — o) Il est incontestable que le chemin normal pour aller d’Egypte à Cadès ne comporte pas le long détour jiar le massif méridional de la péninsule du Sinaï. Seule une raison spéciale peut expliquer un pareil crochet. Mais précisément les documents qui jiarlent de l’Horeb et du Sinaï donnent cette raison. Laissons de côté, par égard pour la mentalité de certains critiques, ce que la Bible nous dit de la révélation et de la convocation divines (lix., iii, 12, E ; iii, 18, J). Il reste que la réputation d’un sanctuaire vénéré explique très adéquatement une telle déviation d’itinéraire ; or, quand Moïse revint en Egypte, le Sinaï-Horeb avait pour lui ce caractère et à un degré éminent. — b) Il faut ajouter une deuxième remarque préliminaire. Il ne convient pas de s’attacher à des théories qui vont à l’encontre des données les plus claires et les plus universelles des textes, si on ne peut les élayer qu’avec des arguments d’une probabilité très tenue. Or, d’une part, la question de l’antiquité respective de J et de E admet encore, dans le monde des eritii|ues, des solutions très variées ; beaucoup d’exégètes diraient que les deux conclusions ont sensiblement les mêmes chances de certitude ; la thèse de l’antériorité de E est soutenue par des personnalités imposantes. D’autre part, si l’on peut, avec quelques vraisemblances, reconnaître en J la présence de plusieurs couches successives, il est, dans la plupart des cas, tout à fait délicat de vouloir les séparer : qui oserait regarder comme délinitive la reconstitution de J" telle que H. Weill, par exemple, nous la représente ? C’est là pourtant l’un des éléments les plus fondamentaux du système.

180. — c) Que si maintenant l’on aborde les arguments positifs, on voit qu’à leur tour ils prêtent le liane à de sérieuses contradictions. Ainsi en est-il de celui qui repose sur le voyage de trois jours. Il est, en effet, impossible de démontrer avec certitude que le terme de ce voyage soit Cadès. Dans Ex., m, 18, c’est au Buisson que Yahweh fixe le but de ce pèlerinage ; mais l’identité du Buisson et de Cadès est loin d’être prouvée, loin d’être admise par tous les critiques. De même, le contexte actuel d’£-<-., XV, 22 n’a aucune relation immédiate avec Cadès, et le lien avec Ex., xvii, i^ n’est rien moins qu’évident. Quand on sort de l’Egypte au niveau du Sérapéum, nombreuses sont les directions dans lesquelles on peut, trois jours durant, errer dans le désert, sans eau potable. Mais il y a plus. La distance de trois jours ne se présente pas comme une distance précise. D’une part, la mention de cet itinéraire a pour but d’obtenir plus facilement du pharaon la permission de quitter l’Egyjite ; elle n’est donc pas nécessairement exacte. D’autre part, elle peut être une évaluation générale et plus ou moins symbolique. EnGn il est capital de noter que la distance réelle qui sépare la mer Roug^e de Cadès est, en ligne directe, non de trois, mais de plus de sept jours. Il n’est donc nullement prouvé que le voyage de trois jours mène directement à Cadès.

181. — d) SI nous parlons d’une évaluation