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MOÏSE ET JOSUÉ

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d’éniietlement et d’anarebie il se trouvait ; ils ne pouvaient manquer de le regarder comme une proie facile que les pharaons alfaiblis ne les empêcheraient ni de convoiter ni de conquérir. L’occasion étrjt propice ; ils se laissèrent sans trop de difficulté convaincre de la nécessité de la saisir ; ils se préparèrent au départ.

169. — /’) Il n’entre pas dans le plan de cet article de procéder à l’identilication minutieuse de leurs étapes successives. Nous indiquerons seulement l’opinion qui tend à s’accréditer parmi les catholiques touchant l’endroit où se lit la traversée de la mer Rouge. Les documents indiquent les étapes suivantes : Ramsès (Ex., xii, 3^, P ; Num., xxxui, 3, P), Sukkôlh (Ex., XII, 3^, P ; xiii, 20, P ; Nitm., xxxiii, 5, P), Elham (Ex., xiii, 20, P ; Num., xxxiii, 6, P), Pihahirôlh (Ex., xiv, 2, P ; Num., xxxiii, 7, P). Ranisès était à un endroit où l’on pouvait choisir sntre la voie de la côte et celle du désert, sans ioute non loin de San. Or Yahweh ne conduisit pas les enfants d’Israël par le premier de ces chemins [Ex., XIII, 17, E) ; par conséquent, ils ne se dirigèrent pas vers la Méditerranée, vers El-Qantara. Ils suivirent l’autre route et les stations de SukkôtU et cl’Elham les amenèrent aux confins du désert (Ex.,

XIII, ao, P ; Num., xxxiii, 6, P) ; c’était l’itinéraire normal et l’on peut penser qu’il passait à El-Djisr, au N’orddulac Timsali. Mais Yahweh les lit changer de direction, si bien que le passage par Pihahirôlh a ious les caractères d’une contre-marche ( ! ^x., xiv, 2, P) destinée à préparer la manifestation de la gloire livine (Ex., xiv, 3, 4, P)- Or Pihahirôth se trouve iutre Migdol et la mer, en face de Baalsephùn (E.r.,

XIV, 2, P ; Num., xxxiil, 7, P). Ils campèrent donc ievant la mer (Ex., xiv, 2, 9, 16, 21-23, 26-30 ; xv, 1, 4, 8, 10 ; cf. I.S., xLiii, 16 ; Li, 10 ; Lxiii, 11 ; Ps. LXVI, 5 ; Lixviii, 13, 53 ; cxiv, 3) ou, comme on dit ailleurs, devant la mer des roseaux (Yam siip^ : Ex., xiii, 18 ; XV, 41 22 ; Deui., II, i ; Jos., 11, 10 ; iv, 23 ; xxiv, B ; cf. Ps. cvi, 7, 9, 22 ; cxxxM, 13, 15). Personne, ou à peu près, ne doute qu’il s’agisse de la mer Rouge. Mais, à réi)oq Lie de l’exode, « la géographie du temps de la dix-huitième dynastie nous montre la mer Rouge remontant, quoique par des jiassages à peine continus et par conséquent à peine inondés, jusqu’aux environs de Pithom ou Héroopolis, qui donna son nom au golfe » (Lagrange). C’est dans cette région, peut-être au Sérapéuni, entre le lac ïimsah et les lacs Amers qu’aurait eu lieu le passage’.

170. — c) La principale difficulté de ce contexte provient du nombre des émigranls ; et cette difficulté s’accroît singulièrement quand on songe que quarante ans durant, cette multitude énorme devra vivre dans les steppes arides du SLiiaï. « Le total des personnes de la maison de Jacob qui vinrent en Egypte était de soixante-dix. » (Gen., xlvi, 27, P). Au bout de quatre cent trente ans (Ex., xii, 4°. P), l^s Israélites s’étaient singulièrement accrus. Us sortirent au n nombre d’environ six cent mille piétons (mâles) sans compter les enfants « (Ex., xii, 3j^, P[JE, ?]) ; cette donnée est conûrmée par Num., xi, 21, J[ ?]. Le texte ajoute d’ailleurs qu’une grande foule composée d’éléments hétérogènes, comme il s’en pouvait trouver près de la frontière, s’adjoignit à eux (Ex., XII, 38, J). On connaît, d’autre part, les deux recensements du Code sacerdotal, le premier aboutissant (Num., i, /J6) à six cent trois mille cinq cent cinquante hommes en état de porter les armes, sans compter les lévites, les femmes et les enfants ; le deuxième aboutissant (Num., xxvi, 51) dans les

1. Fr. M.-J. Lagraxce, L’itinéraire…, surtout p. 71 81. La citation ci-dessus reproduite provient de la p. 7b.

mêmes conditions au total de six cent uu mille sept cent trente. Beaucoup de commentateurs ont remarqué combien il est difficile d’admettre qu’un si grand nombre d’Israélites — en tout plus de deux millions

— ait pu vivre même dans le pays de Gessen, à plus forte raison dans le désert de Cadès. La difficulté, il faut le reconnaître, est des plus graves. La critique textuelle n’offre pas d’éléments de solution, puisque les nombres en question sont les mêmes dans les textes et les versions. La critique littéraire serait peut-être plus accommodante. On pourrait par exemple, faire appel au caractère schématique, artificiel, du Code sacerdotal, aux exagérations à tendances midraschiques de certains remaniements qui y ont été faits après coup, aux amplillcalions et déformations de certaines traditions qu’il a insérées sans que ses auteurs se prononcent sur leur valeur ; il serait d’ailleui-s peut-être juste de noter qu’il s’agit ici de détails n’atteignant pas la substance des faits. Cette hypothèse aurait pour complément assez naturel celle de retouches harmonistiques faites après coup à YElohiste ou au Yahwisie (Ex., XVI, 37 ; Num., X, 2O. Mais a-t-onle droit de s’avancer de pied ferme sur un terrain aussi brûlant ?

3" Dans la péninsule sinaïtiqne

171. — A. Données bibliques. — Si l’on fait provisoireiueut abstraction des incidents secondaires qui y sont rattachés, des législations multiples qui y sont insérées, le récit du voya ; ^e des Israélites au travers de la péninsule du Sinaï, se laisse, dans l’état actuel du texte, résumer comme il suit : — a) Au sortir de la mer Rouge, les émigranls marchent trois jours dans le désert de Sur (sûr}, arrivent à Alara (mârâh}, puis à Elim (’e[y] ! îm : Ex., xv, 22-2fia [JE], 27 [P] : 25b serait de E, 26 de Rd). D’Elim ils vont ou désert de Sin (sin), qui est entre Elim et le Sinaï (Ex., XVI, 1, P). — b) Du désert de Sin, suivant les marches réglées par Yahweh, ils viennent à Rophidim {r’p^’id^im : Ex., zyi, , P). Dans ce contexte est raconté le miracle des eaux de Massah [massà/t] et Méi-ibuh [tn’n’b^’âh], h un endroit où se trouve un rocher qui ©si en Horeb (Ex., xvii, Wi-1, J et E ; noter le vers, fia ».), D autre part, en connexion explicite avec Raphidim est mise la victoire des Israélites sur Amalec (Ex., xvii, S-lfi, E). — c) La suite du récit suppose, ou bien que Raphidim est la montagne de Dieu (cf. xvii, 6aa), ou bien que, par une nouvelle marche sous-entendue, on y est arrivé. C’est, en effet, d la montagne de Dieu (Ex., xviii, 5) que Moïse reçoit la visite de Jétliro, son beau-père (£j’., x’iii, 1-27 ; surtout E. avec « juelques traits de R). De fait, on dit ensuite, d’une manière expresse, que de Raphidim les Israélites sont venus au Sinaï où ils sont arrivés au début du 3’mois après la sortie d’Egypte ; ils campent dans le désert vis-à-vis delà mont.igne (Ex., xix, 1, 2^^ p ; ^b. Ej —, i) Le séjour du Sinaï (Ex., xix — Xum., i, 10), si fécond au point de vue delà constitution de la nation israélile, se prolonge jusqu’au 20 du 2= mois de l’an 2 de la sortie d’Egypte (Num., x, 11, P). Quand tous les préparatifs ont été prévus et réalisés, Israël se met en marche au signal donné par Yahweh lui-même. On dirait d abord que d’un trait il arrive au désert de Paran (pà’rân ; iXum., x, 11, 12, Ps). Toutefois on s’aperçoit bientôt que les premières stations sont : Thabéera (tab'êrâh : A’ « m., xi, 1-3, E), Qibroth-Haltaava (Qib^’rdt Uatla’<^vah ;.Vnm., xi, 4-34, surtout J avec traits empruntés à E), Qaséroth (HHérot^ ; I’um., xi, 35, J), enfin Paran (Num., xii, lC[Vulg., xiii, 1], J). — e) La suite immédiate du récit (Num., xiii-xiv ; très composite, JEP) donnerait à entendre que déjà l’on est à Cadès ; c’est du désert de Sin (sin), en effet, que les espions parlent pour explorer Canaan (Num., xiii, 211’[Vulg. 22^], P), Ils reviennent, il est vrai, dans le désert de Paran (.Vum., xiii, 26a [Vulg. 27a], P) ; mais on sait que le désert de Sin, où se tfouve Cadès. n’est qu’une région du grand désert de Paran ; d’ailleurs le texte ajoute expressément que le lieu du retour des espions est Cadès (A’wm., xiii, 26a [Vulg. 27a], P). C’est dans le désert de Cadès que les Israélites, à la suite de faiîs sur lesquels nous reviendrons plus loin, paraissent être condamnés à errer pendant quarante ans