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MOÏSE ET JOSUE

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Yahwisle à propos du buisson ; c’est thi moins ce qui explique le mieux les rapprochements qu’il a établis. Des critiques pensent d’ailleurs que le buisson se trouvait, lui aussi, sur la voie du pays de Gessen ; ils lisent, en elJ’et, Ex., iv, ig, 20 (24-26) entre E.r., II, 2lja « , et Ex., III, 2 (dans les Septante, E.r., 11, aS »  » est répété avant Ex., iv, 19). Les textes, par conséquent, ne favorisent aucunement l’iiypolbcse d’après laquelle la montagne des révélations divines aurait été au pays de Madian (ou de.yii.^ui), aurait été un sanctuaire en vue dans ces régions.

167. — /) Il n’y a de même aucun appui dans les textes pour cette autre hypothèse selon laquelle Woïse aurait emprunté aux Madianites ou aux Cinéens-Qônitcs le nom et le culte de Yahweh. On l’ait état d’un certain nombre de données dignes à la vérité d’être soulignées. Il est incontestable qu’en sa fuite Moïse entre en relations avec les Madianites, relations si étroites qu’elles seront consacrées par un mariage ; il convient même de noter que ces rapports s’établissent avec le sacerdoce madianite (E.v., 11, 16-22, J). Ces relations ne demeureront pas purement personnelles ; lorsque Moïse retournera au désert à la tête de son peuple, elles aboutiront à des liens durables avec les enfants d’Israël. Le récit inachevé de iV ; // »., x, 2g-32, J, semble Iciuoigner en ce sens à propos des Cinéens-Qênites ; en tout cas des textes tels que Jud., i, 16 ; IV, II, 17-22 ; V, 24-2^ tendent à faire accepter cette interprétation ou du moins à faire retenir les conséquences qui en découleraient. D autres passages (fos., XIV, 6-15 ; XV, 13-iij ; Jud., i, 12-15) nous montrent d’autres tribus du rtégéO, les Céuézéens-Qenizzites (Galébites), entrant à leur tour dans l’unité Israélite. Il y a plus : certaines de leurs attitudes, certaines manières de parler (i’j-., xviii, y-12, E ; iVum., x, 29-82, J ; /o.s., xiv, 6-12) imiteraient à regarder ces tribus comme connaissant Yahweli et pratiquant son culte. On remarquera toutefois qu’en serrant de près les textes, on découvre qu’ils n’ont pas une portée aussi précise ; si, par exemple, ces bédouins parlent eux-mêmes de Yabweh, c’est en s’adressant aux chefs d’Israël et apparemment par déférence pour eux. Ce n’est pas qu’à prendre les choses en soi, il ne puisse y avoir des atlinités entre la religion des Madianites et celle des fils d’Israël. Madian est fils d’Abraham par Cétura (Gen. xxv, 2) ; par Eliphaz, ûls d’Esaii, Cénez, l’éponyme des Conézéens-tjenizzites, se rattache à son tour à la famille patriarcale (Gen., xxxvi, 11). Rien d’impossible à ce que, eux aussi, ces lils du désert aient (idèlement gardé le souvenir de l’Elohim du père des croyants ; à ce titre, le Dieu des Madianites aurait pu dire à Moïse qu’il était le Dieu des ancêtres (ISx., iii, 6, E) communs. Mais rien ne sert de s’arrêter à ces possibilités ; les textes ne se prêtent pas à ces interprétations. La scène du buisson et de l’IIoreb est racontée comme un événement imprévu, subit. Il se pourrait que l’appellation de « montagne de Dieu » (Ex., iii, i) évoquât l’idée d’un sanctuaire qui, d’abord païen et peut-être consacré au dieu Sin (lune), fût devenu, sous un nouveau vocable plus rapproché du monothéisme, cher aux bédouins du négéb ou de la péninsule sinaïtique. Rien toutefois n’autoriserait à voir dans le passage fameux de l’Exode le récit d’une initiation à la religion et au culte des Madianites. Les paroles de Dieu à Moïse témoignent nettement que la préparation à la révélation du nom de Yalnveh s’est opérée au sein des tribus Israélites elles-mêmes, que c’est parmi elles qu’il en faut rechercher les antécédents. Ce qu’il y a de plus spëciliquerænt nouveau, c’est la révélation du nom sous lequel ce Dieu veut être honoré des flls d’Israël, c’est une

manifestation plus précise de la personnalité et des attributs de ce Dieu.

168. — C. I)ii pays de Genen au delà de la mer Itoiif ; e. — Eclairé par les révélations dont il avait été favorisé, soutenu par son patriotisme, secondé par son frère. Moïse revint en Egypte pour alfranchir son peuple. Malgré l’obstination du pharaon, malgré certaines difficultés que les Israélites eux-mêmes lui suscitèrent, il aboutit à faire sortir ces derniers de la maison de servitude. — a) Nous ne* reprendrons pas la discussion si savamment contluite par A., MAM.oN(art. Egypte, dans Dictionnaire apoloiiétiquc (/( la fui catholique, tome I, col. 1301-1343) sur la date de l’exode. On sait que la diversité des opinions provient en partie des ressemblances qui existent entre les vicissitudes des dix-huitième et dix-neuvième dynasties égyptiennes. La première a pour point de départ un acte vigoureux d’Ahraès pour rétalilir l’autorité nationale et traditionnelle sur la vallée du Nil ; elle atteint son apogée lorsque Thoutmès III impose avec une irrcsistiljle énergie le joug égyptien à l’Asie antérieure, y compris la Palestine ; la décadence commence avec Amènophis III et se consomme avec Amènophis IV. U y a plus d’un trait de ressemblance entre Ahmès et le pharaon restaurateur Harmhabiqui inaugure la dix-neuvième dynastie, entre ïhoutmès 1Il et Séti I ou Ramsès II, entre Amènophis III et Ménephtah. Toutefois ni Ramsès II n’agit avec autant de vigueur que ïhoutmès III, ni surtout Ménephtah n’est faible comme Amènophis III. En comparant ces deux dynasties, on arrive à cette conclusion que Thoutmès III et Ramsès II se présentent sous les traits qui caractérisent le pharaon oppresseur des Hébreux, Amènophis III et Ménephtah dans les conditions qui expliquent la facilité relative de l’oeuvre de délivrance. S’il était établi que les Jlabiru sont identiques aux Hébreux, on serait presque nécessairement amené à placer l’exode sous Amènophis III et l’entrée en Canaan sous Amènophis IV. A défaut de la certitude voulue touchant cette identification, il faut prêter attention à ce qui est dit des Israilu sur la stèle de Ménephtah. Ils y apjjaraissent comme un peuple déjà lixé en Palestine de la même manière que tous les autres dont parle le vainqueur. D’auire part, l’importance qui est attachée à leur déroute ne permet guère de songer à un petit groupement demeuré en Canaan lors de la descente de Jacob en Egypte, moins encore à quelques émigrés ayant quitté la vallée du Nil avant Moïse. Aussi l’hypothèse qui rendrait plus facilement compte de la situation serait celle qui placerait lexode à la lin de la dix-huitième dynastie. Arrivés en Canaan sous Amènophis IV, les Israélites auraient eu le temps de s’organiser et de grandir avant d’inspirer des inquiétudes au successeur de Ramsès 11. Ce n’est pas tout. Dans cette perspective, la lin de la période des Juges correspondrait facilement au temps de la vingtième dynastie ; on s’explique alors que les derniers juges et les premiers rois aient autant à lutter avec les Philistins dont la présence en la Sepliélah est attestée pour l’époque de Kauisès III. Il faut aussi le noter, la lin delà dix-huitième dynastie constitue un cadre admirablement adapté au récit de la sortie d’Egypte. Fatigués de la tyrannie de Thoutmès ill, excités par Moïse, les Israélites ne pouvaient que trouver tout naturel de profiter de la faiblesse d’Amènophis III pour se soustraire à une autorité qui les avait exaspérés. En même temps ils ne quittaient pas l’Egypte sans un but précis, ainsi qu’on se plait quelquefois à le dire. Ils n’étaient pas dénués d’informations sur ce pays de Canaan dans lequel leurs pères avaient séjourné ; ils savaient en quel état