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MOÏSE ET JOSUÉ

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Egypte. El ce Dieu des pères, les descendants sont d’accord, après les tbéopbanies du Sinai, pour le révérer sous le nom de Yaliweb et sous le sj nibole de l’arche. On n’a pas le droit de méconnaître la valeur de témoignages aussi explicites dans leurs dépositions. Il faudrait, d’autre part, des raisons tout à fait majeures pour préférer à de telles données celles que pourrait fournir un lambeau de texte, isolé de son contexte : on doit y regarder à deux l’ois avant d’admettre, ou bien que les rédacteurs ont méconnu le sens des documents qu’ils utilisaient, ou bien qu’ils en ont volontairement altéré la portée.

161. — ) Nous retiendrons que tous les fils de Jacob, moralement parlant, sont venus en Egypte. Nous n’avons pas, en dehors de la liible, de témoignages explicites à ce sujet. Jlais on l’a souvent remarqué : ce que nous savons de la situation de la vallée du Nil au temps des Hyksos éclaire admii-ablement les récits bibliques. Rien d'étrange à ce qu'à cette époque, des tribus sémitiques, poussées par la famine, descendent en cette vallée qui fut l’un des greniers principaux du monde antique. Tout naturel, d’autre part, l’accueil qu ils reçoivent des pharaons leurs congénères ; et, si ces derniers accordent aux Hébreux le séjour du pays de Gessen, ce n’est pas avec un parfait désintéressement : ils ont toutavantage à poster aux marches orientales du royaume, des sujets reconnaissants qui, en cas d’alerte, seront des veilleurs attentifs et, au besoin, des défenseurs dévoués. Il n’est pas jusqu'à l’histoire de la brillante carrière de Joseph qui n’ait reçu des documents hiéroglyphiques les lumières capables de l’expliquer. — 0)En adoptant cette conclusion, nous n’avons pas la prétention de dire que toutes les diflicultés disparaissent comme par enchantement. La présence de Jacobel et de Joséphel sur la liste de Thoutmcs III indiquerait, si ces noms avaient quelque rapport certain avec les Israélites, que des clans hébreux se trouvaient en Palestine entre la date présumée de la descente en Egypte et celle de l’exode. Quand ces découvertes furent publiées pour la première fois, des apologistes catholiques recoururent, pour expliquer ces textes, à l’hypothèse de plusieurs exodes, dont l’un antérieur à Moïse et contemporain d'.hmès I'. Il serait peut-être aussi simple d’admettre que tel ou tel clan de la famille de Jacob ou même de la tribu de Joseph ne descendit pas dans la vallée du Nil ; la Bible signale seulement les enfants qui naquirent à Joseph après son arrivée à la cour du pharaon. On pourrait aussi penserque, pendanlle séjouren Gessen, tel outelgroupe restreint aurait eu la nostalgie de ses montagnes. .ussi obscure que celle de Jacobel et de Joséphel est la question des Habira. Leur idenlilieation avec les Hébreux soulève toujours des dillicultés et est objet de controverses. Tel texte assyrien, récemment étudié par le P. Scheil, serait plut6t favorable à la thèse de la distinction- ; en tout cas, les Habiru y

1. Cf. Fr. DE MooR, L’E^yptoJo^ie et la Bible dans La Science catholique, 1897-1898, p. 899-920, 1058-1078 surtout 899-920.

2. Cf. V. Scheil, Les Habiri au temps de Rim-Sin (Notules, dans la Rei/ue d' Assyriologie, XII, 1915, p. 114 sv.). Ces llablri, mentiontiéB en un texte provenant de Larsa et de six cents ans antérieur h l'époque de Tell-el-Amarna, paraissent avoir été, à l’origine, une peuplade élamite, kassite ou ba. » -mésopotamienne. Ils servaient dans les milices de la dynastie élamite de Larsa ; on les employait sans doute aussi dons les contrées lointaines de l’Ouest où la suprématie des monarques orientaux devait se maintenir avec plus ou moins d’autorité, grâce à la présence de quelques troupes armées. Il resta encore possible que, conformément a l’opinion de H. Winckler, ce nom.

apparaîtraient plutôtcomme des émissaires à la solde des Babyloniens, en vue de troubler la Palestine et de créer des embarras aux pharaons. Aussi bien, si l’on est favorable à l’identilicalion, on n’en pourra rien tirer contre la descente de toutes les tribus en Egypte ; il y aura plutôt lieu d’examiner quel rejaillissement cette thèse peut avoir sur la discussion touchant la date à attribuer à l’exode. Il en faut dire autant de la mention d’Jsraitu sur la stèle de Ménepbtah I.

S" La sortie d’Egypte

192. — A. D’après la Bible. — Les données bibliques sont ici de nouveau fort claires..près la mort de Joseph et de tous ceux de sa génération (Ex., i, fi ; J), les Israélites connurent encore de longs jours de prospérité (Ex., I, / ; P) sous des pharaons qui leur étaient favorables. Mais survint ensuite un roi qui ne connaissait pas Joseph ; son avènement fut pour les Hébreux le point de départ d’une terrible persécution [Ex., i, 8-10, l’j* 201), J 12, 15-22*, E ; 13, 14*, P). Cependant Dieu préparait en Moïse le libérateur de son peuple [Ex., ii, 1-10, E). Ce (ils de Léïi [Ex., il, 1 ; E) fut vivement affecté par le spectacle de la misère de ses frères [Ex., ii, 11-14 ; J ou E). A la suite de divers incidents et pour échopper à la colère du pharaon, il se retira au pays de Modian ; il y entra en relations avec un prêtre, Kaguel selon le récit yabwiste [Ex., II, 18 ; à moins que, d’après Num., x, 29, il ne faille corriger ; Hobab 61s de Hnguel [Rt’uél]], Jelbro (i’ilMrô) selon le récit élohiste (Ex., iii, 1 ; iv, 18 ; xviii, 1, 2, 5 6, 9, 10, 12) ; il épousa une de ses filles [Ex., ii, 15-22 ; J) ! Son séjour en.Madian se prolongea et le pharaon oppresseur mourut (£'i-., ii, 23a5< ; J). A cette occasion les cris de détresse des Israélites montèrent plus pressants vers le ciel [Ex., II, 23a : i-25 ; P). Or, comme Moïse conduisait le troupeau deson beau-père (( deri-ière le désert » ['ahar hammid^bûj), il arriva à la montagne de Dieu, à l’Horeb {Ex., iii, 1 : E). Là eut lieu l’apparition divine en forme de flamme, du milieu du buisson. Dieu confia à Moïse la mission de délivrer son peuple ; en même temps il lui révéla son nom de Yaliweb, multiplia les signes les plus capables de le réconforter, lui donna à lui-même le pouvoir d’en accomplir et de se servir à cette fin de son bâton. Moïse retourna vers son beau-père et obtint de lui la permission de revenir en Egypte. Sur le chemin du retour, il eut h affronter la colère de Yahweh ; en arrivant, il rencontra son frèie Aaron qui venait au-devant de lui. Tous deux se présentèrent au phaiaon ; s’appuyant sur l’autorité de Yahwob, ils lui demandèrent de permettre aux Israélites de se rendre au désert, à trois jours de marche, pour célébrer une fête en l’honneur de leur Dieu. Mais le roi s’endurcit et rendit plus terrible encore le sort des Israélites (J ; Ex., iii, 2-4a, 5, 7, 8*, 16-20* ; iv 1.14a-^ 19, 20a, 24-26, 29*, 30b, 31a ; v, la*, 3, 5-23 : vi, 1. — E ! £a-., III, 1, 4b, 6, 9-15, 21, 22 ; iv, 17, 18, 20b [21-23]', 27, 28 29*, 30a, 31b ; y, 1*, 2, 4. — P ; Ex., vi, 2-30 ; vii, 1-13). Il ne fallut rien moins que les dix plaies pour avoir raison de sonobstinotion{J : Ex.. vii, 14, 15a, 16, 17*, 18, 21a. 24 25, 26-29 [Vulg. viii, 1-4] : viii, 4-llao : [Vulg. 8-15a..], 16-28 (Vulg. 20-32] ; IX, 1-7, l.i-2 ! , 23b, 24, 25b-30, 33, 34 ; x, 1-1 1, 13b. 14a, j-19, 24-26, 28, 29 ; xi, 4-8 ; xii, 21-23, 27b, 29, 30. — E : Ex., VII, 15b, 17b*, 20*, 23 ; ix. 22, 2.3a. 25a 35a ; X, 12, 13a, 14a « , 20, 21-23, 27 ; xi, 1-3. — Rd : Ex., xil, 24-27a._P : £j-., vii, 19, 20a*, 21b, 22 ; ïiii, 1-3, 11* [Vulg. 5-7, 15], 12-15 [Vulg. 16-191 : IX, 8-12 [Glose ; 31, 32 : Rp. : 35b] : [Kp. : xi, 9, 10] ; xii, 1-20, 28). Après celle qui atteignit les premiers-nés, le pharaon lui-même invita les Israélites à quitter le pays, lis partirent aussitôt, au nombre de six cent mille, sans compter les femmes et les enfants, sans compter non plus une grande multitude de gens de toute sorte qui monta avec eux ; ils avaient séjourné quatre cent trente ans en Egypte. Leurs premières stations furent Ramsès, Socotb, Etham h l’extrémité du désert, Pbibahirotb près de la mer. Cependant le pharaon se ravisa et se mit à la poursuite des Hébreux. Grande fut

d’abord ethnique, soit devenu, dans la suite des temps, appellatif.

1. Quand elle n’indique pas les particularités de la Vulgate, la paienlbèse à crochets signale ou bien les éléments rédactionnels, ou bien les attributions douteuses.