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MOÏSE ET JOSUE

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us frappantes. C’est la preuve évidente que les noignages scripturaires ont pour point de départ s sources qui prennent naissance à l'époque où les énements se sont déroulés. Ni la tradition orale, des documents notablement postérieurs n’auraient 1 réperouler un écho si fidèle de la situation ilors. llétliéens, Amorrhéens, Cananéens se scient vaporisés et nous n’aurions que des types de nvention évoluant au hasard ; les Rephaini, du fait e, même au temps de Moïse, ils sont du passé, csententdéjà ces caractères indécis.


II. L'œuvre de Moïse et de Josué

149. — On voudra bien se souvenir, ici autant ion i>lus qu’ailleurs, du but nettement apologéte de notre travail. Il n’entre pas dans notre plan de raconter par le détail l’histoire de l’exode et de la nquète de la Terre Promise. Bien plutôt : suppoal connues les grandes lignes de l'œuvre de Moïse de Josué, nous nous proposons d’insister sur les inls qu’il importe davantage de signaler, soit à son des dillicultés, objections et systèmes dont ont été le point de départ, soit à cause de leur portance intrinsèque.

1° Les Hébreux en Egypte

L50. — Le texte sacré nous raconte d’abord comment, xédés de Joseph et attiz'és par lui, Jacob et ses fils reiil le chemin de l’E^rypte et s’y établirent (Gen., x, xvii, ?-36, XXXIX, 1-XLTii, 12). Mais de plus il nous donne cerrxes précisions. Jacob partit avec tout ce qu il possédait Ti, 1) ; Jacob et ses fils prirent aussi leurs troujieaux

: e3 biens qu’ils avaient acquis en terre de Canaan (xlvi, 

. La fauillie l’taitau complet ; Jacob emmenait avec lui iils, lâs lilsde ses fils, ses filles et les filles de ses fils, un mot toute sa descendance (xlti, 6^, 7). Le nombre 1 « fils J’Israiil » qui descendirent en Egypte et qu’on se it à catulo. ; uer (xlti, 8-25) était de soixante-six, sans upter It s femmes des fils de Jacob. Qnand le père et ses icendants eurent i-ejoint Joseph et ses fils, ils se trouent soixante-dix (xlti, 26, 27). On notera, si l’on veut, ï catalogues et évaluation numériques remontent à P,

; c’est aussi ce document sacerdotal qui insiste (vers. 6, 

iur la migration de toute la famille patriarcale- Mais audra remarquer aussi que, d’après J ou au moins JE, aél se mit en chemin avec tout ce qu’il avait (vers, 1). Des opinions récemment formulées tendent à mettre en lie ces données et nous amènent à nous poser les deux îstions suivantes : Les enfants d’Israël sont-ils récllent venus en Egypte ? Y sont-ils tous venus ? ISl. — A. Les enfants d’Israël sont-ils réellent venus en Egypte ? — a) Pour l’intelligence des inions que nous avons à critiquer, il est nécessaire rappeler comment les lils de Jacob se distribuent treles diverses femmes du patriarche. On distingue ?H.. xLvi, 8- « 5 ; cf. Gen., xxix, 31-xxx, 2 !) et xxxv, 26) : les /ils de Hacliel, Joseph et Benjamin ; les î de Lia, Ruben, Siniéon, Lévi, Juda, Issachar et bulon ; les fils de llala, servante de Rachel, Dan Nephthali ; les /ils de Zelpha, servante de Lia, Gad Aser. Au regard de beaucoup de critiques, ces ms sont purement patronymiques et, dans l’hisre des Uls de Jacob, il faut savoir lire celle qui ncerne l’origine des triljus qui portent leurs ms. Une autre opinion tend à gagner du terrain.

! st qu'à l’origine ces diverses tribus, bien que

ur la plupart venues des mêmes régions, étaient liées les unes des autres, vivaient très indépennles les unes des autres, s’ignoraient les unes les très. Loin d'être primitive et toute naturelle, nité est factice et elle n’est pas antérieure à David, elle n’est pas son œuvre propre ; le caractère de Ite unité est si nettement artificiel qu’elle n’a survivre au règne de Salomon. Loin donc qu'à

ses débuts, l’histoire d’Israël ait été marquée par ces mouvements d’ensemble que les soutiens de l’unité ont ensuite imaginés, chaque tribu a d’abord vécu son histoire propre ; c’est même par la combinaison des souvenirs particuliers à chaque clan que l’on est arrivé plus tard à retracer le tableau d’une histoire générale. Il ne faut donc pas être surpris, si nombre de critiques mettent le séjour en Egypte, puis l’exode, au compte de quelques tribus seulement.

158. — i) Hugo Winckleb' est beaucoup plus radical. La seule tribu qu’avec lui on rencontre sur la voie des migrations sinaïtiques est celle de Juda. Mais elle n’est jamais allée en Egypte. La donnée traditionnelle est née de la confusion du mot Misraim qui désigne l’Egypte et du mot Musru qui désigne en gros la région d’Edom-Séir et le pays situé sur la côte orientale du ^vadi el-'Araha et du golfe élanitique (vid. supr, , H9, e). C’est dans le Mnsru qu’il faut cherclier le séjour primitif de Juda. C’est là qu’il a grandi, s’alliant et sefusionnant avec diversestribus nomades des mêmes déserts : CalébitesouCénézéensQenizzites (Num., XXXII, 12 ; -los., xiv, 6-15 ; xv, 1319 ; Jud., I, 13-15 ; iii, 9, 11), Cinéens ou Qénites (A’Hm., XXIV, 21, 2a ; 1 Sam., xv, 6 ; xxvii, 10 ; xxx, 29), Yerahmélites (I Sam., xxvii, 10 ; xxx, 29), etc. C’est de là que Juda est monté en Palestine. C’est de là aussi que Yahweh l’a accompagné, soit qu’il eût été son Dieu dès l’origine, soit que la tribu principale l’eût emprunté à tel ou tel des clans qu’elle s’associait. — c) Ces idées ont pris une jjlace de plus en plus grande dans les articles ou i)arties d’articles que T. Iv. Cheïne a fournis à VEncyclopædia Biblica. Mais c’est dans les dernières publications du professeur d’Oxford- que la folie yérahmélienne a atteint son paroxysme. Toute l’histoire d’Israël trouve son explication dans Yérahméel, dans les déserts et les dieux du négéb, toute l’histoire, jusqu'à la période d’Esdras et de Néhémie ; les noms les plus fameux de l’histoire universelle, Cyrus, Darius, Artaxerxès, sont corrigés, dénaturés, remplacés, pour témoigner plus éloquemment en faveur de cet axiome.

133. — (/) On pourrait s’appu3'er sur ces abus pour essayer une réfutation par l’absurde. Mais cène serait ni juste, ni exact. Il cstmême probable qu’on ne doit pas opposer une fin absolue de non-recevoir à l’hypothèse générale d’après laquelle le nom de Misraim =z Egypte aurait été parfois dans la Bible substitué à celui de ilusur. En certains cas, en effet, ce dernier terme serait en situation, aussi bonne, sinon meilleure, que l’Egypte. Par exemple les liens qui rattachent avec le négéb les épisodes concernant Agar inviteraient à traiter cette dernière comme une esclave musrite tout aussi bien que comme une esclave égyptienne (Gen., xvi, 3). De même la femme d’Ismaël, habitant du désert de Paran (Gen., xxi, 21) et ancêtre de nombreuses tribus arabes, pourrait être une musrite, et non une égyptienne. — e) Mais qu’on le remarque bien. Dans

l.Ct. H. WiNCKLER, Geschiclite laræli in Ein : eldarsiellungen, Teil î, siirtoutles titres Uber die Einivanderung der Isræliten in Palàsiina et Die davidische Einheitsidce bri den Propfteten iiiid dif^ gleichzeitigen Zeugen, I. Die Sage vont.iufenihalte in Agypien : — Sur le Musru en général, cf. : Le même. Alttestamentlic/ie Untersuchungen : Musri, Mâsâr,.Misraim (p. 168-174) ; Eberhaid Sceiraiiek, Die Keiliuschriftcn und dasAUe Testament, 3' éd. (H. Zi.mMERN et H. Wi.nckler), p. 145-148, 212-213 : Alfred JebeMivs, Das.ilte Testament im Lichie des Alten Orients, p. 155-156.

2. Cf. T. K. Cheyne, The traditions and belle fs ofancieni Israël, a ne^v study of Gencsis and Exodus ; — The veil of hebrew histury, a further attempt to lift it, 1913 ; — Fresh voyages on unfrequented waters, 1914,