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MOÏSE ET JOSUE

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Ahmès, a réussi à les chasser hors du pays et à les refouler en Asie. L’un de ses successeurs, Thoutmès 111, qui rêvait de revanche, a sans doute proûté des troubles qu’y causait le frottement des races, pour s’emparer de l’Asie antérieure(entre 1500 et 1450). Au temps des Hyksos, les relations pacifiques entre la Syrie et la vallée du Nil avaient favorisé l’importation de quelques usages égyptiens en Canaan ; l’influence fut naturellement plus accentuée au temps de la vassalité. Cette dépendance fut très elTeclive pendant la période qui suivit immédiatement la conquête. Mais sous les derniers pharaons de la dixhuitième dynastie, notamment sous Aménophis IV (13 ; o-1358 ; Tell el-Amarna), les liens allèrent se relâchant. Heureusement, parmi les souverains de la dynastie suivante, il y en eut qui furent en mesure, soit de rétablir l’autorité de l’Egypte sur Canaan (Ramsès II, iag2-ia25 [?]), soit de la maintenir (Ménephtah) ; même du temps de la vingtième dynastie, Ramsès III (1200-i 179) peut encore pacifier la région et y faire reconnaître son pouvoir. C’est ainsi que l’histoire documentaire éclaire le témoignage des fouilles palestiniennes touchant l’influence, importante quoique secondaire, de l’Egypte sur la civilisation cananéenne.

146. — c) Les alternatives de pliaraons conquérants et de monarques impuissants favorisaient la reprise, au moins intermittente, de la vie nationale chez les peuples de l’Asie antérieure. Abstraction faite de ceux qui ne jouent qu’un rôle plus effacé, Jébusécns, Gergéséens, etc., il en est deux sur lesquels la Bible attire spécialement notre attention : les Amorrhéens et les Hélhéens. Les documents nous fournissent à leur sujet des renseignements précis. Les Héthéens ou Hittites, les Hatii des inscriptions cunéiformes, les Il-ta ou Kltéta des hiéroglyphes, ont leur centre national eu Asie Mineure ; leur capitale (emplacement de Boghaz-Keui moderne) est sur la frontière des futures provinces de Bithynie et de Galatie. Mais, depuis longtemps, ils se sont montrés remuants et envahisseurs. De temps à autre, ils ont poussé vers l’Est ; mais c’est vers le Sud qu’ils se sont sentis spécialement attirés. Nul doute qu’au temps des Hyksos, ils ne soient deseenilus très bas dans la Palestine, et ce sont probablement leurs menées qui ont provoqué l’expédition de Thoutmès III en Sjrie ; il y a certainement eu des périodes où le pays cananéen tout entier a pu être justement qualifié de héthéen (/os., i, /|). Au temps de Tell el-Amarna, leurs tentatives d’expansion se font au détriment des provinces vassales de l’Egypte. Leur présence est signalée en Canaan et les pharaons ont à compter avec eux. Un certain Laabaia, dont le centre d’action paraît être à Sichem, suscite dans toute la région des troubles que l’Egypte a grand’peine à réprimer. Bien iilus, on la voit reconnaître cette puissance au point de mettre des souverains héthéens à la tête des petites seigneuries de Canaan. Détail piquant : le roi de Jérusalem, Arta-hipa, appartient à cette race. On ne doit donc pas être surpris de voir la Bible nous signaler des îlots héthéens dans la Terre Promise. Au surplus, cette influence n’est pas restreinte à l'époque de Tell el-Amarna, A' Xaiéjio’ph.K III et d’Aménophis IV. Le Khéta traite avec Ramsès I, guerroie avec Séti I, puis avec Ramsès II, jusqu’au moment où. après la bataille de Cadès, il conclut avec ce dernier pharaon une paix plus durable ; il faut arriver au règne de Ramsès III pour constater l’affaiblissement de ces durs rivaux. — d) Avant d’entrer en Canaan proprement dit, les Héthéens rencontraient un autre Etat, le pays d’Aniurru, autrement dit des Amorrhéens. Les limites en sont

précisées par les inscriptions : il s'étendait depui Arwad et, à l’Est, Cadès sur l’Oronte, jusqu’au Suc de la Cœlésyrie qusqu’au Lit ànî) ; il englobait Damas Sous la poussée violente des envahisseurs, le Amurru se trouvaient fatalement, eux aussi, entra ; nés vers le Sud, c’est-à-dire en Canaan. Sans dout leurs succès ne furent jamais si complets ni leur influences aussi sensibles que ceux des Héthéens. Il trouvèrent dans les habitants du paj’s des advei saires capables de leur résister, disposés à ne leu céder que ce qu’ils ne pourraient leur refuser. Ej Canaan proprement dit, ils ne se fixèrent guère qu dans la montagne aride de Juda et en Ephraïm. Ces seulement en Trausjordane qu’ils fondèrent de établissements plus caractérisés. — e) De l’intluenc des Héthéens et des.morrhéens on ne saisit guèr la trace, pour des raisons diverses, sur la civilisa' tion cananéenne. Mais, à l'époque à laquelle nom sommes arrivés, l’action de la culture égéenne et' des plus importantes. Elle n’est pas encore sensibl au début de la dix-huitième dynastie (vers 1580 mais, au temps de Tell el-Amarna, elle pénètre d toutes parts. Ce n’est encore, il est vrai, que l’en ; preinte d’une civilisation, résultat de relations com merciales et pacifiques. Mais le temps n’est pas loi où Canaan va exercer un puissant attrait sur ce races qui sont à l'étroit dans lejir domaine maritimi Les « peuples de la mer » vont causer des inquii tudes toujours croissantes aux pharaons de la dij neuvième dynastie, aux Séti et aux Ménephtah. Soi Ramsès III, les Philistins seront signalés par lev nom dans la plaine qu’ils occuperont par la suit Tout porte à croire qu avant d’inquiéter l’Egypte, i avaient déjà jeté leur dévolu sur la Sephélah.

147. — /) Les documents, surtout ceux de Telle Amarna, nous fournissent une dernière donnée. I nous renseignent sur la situation politique de Canaa au temps d’Aménophis IV. OBiciellement la Palestir est toujours sous l’hégémonie des pharaons. Ce soi eux qui y établissent les « rbis », les gouverneur les intendants, les surveillants. Tout ce personnel ei en perpétuelle correspondance avec eux et continu de multiplier lesformules protocolaires les plus hun b ! es. Mais les lettres révèlent, de la façon la plus ei plicite, que cette suzeraineté n’est plus que nominab L’Egypte est impuissante à gouverner les pay situés en dehors de ses frontières naturelles. Lf troubles se multiplient dans la Syrie méridional ! du fait des mouvemnnts héthéens et amorrhéens des bandes de pillards, tels les Ilabiru, pénètrei dans la région et y augmentent le désordre ; des mot vements d’origine locale tendent à rendre au paj son indépendance. Non seulement les pharaons r préviennent pas ces perturbations par la vigueur d leur autorité et de leur administration ; non seule ment ils ne prennent pas l’initiative de les réprime : Mais ils ne savent plus répondre aux appels déses pérés des roitelets qui invoquent leur appui. N'étar plus reliés par une suprématie efficace, ces gouvei neurs s’isolent les uns des autres, poursuivent chacu leurs intérêts, s’habituent à ne compter que sur eu : ? mêmes. Canaan va s'émiettant en une foule de petite principautés sans cohésion. Les lettres offrent de et état de choses un tableau très vivant et très facile interpréter. Sans doute l’action de Séti I, de Ramsès IJ de Ménephtah fera à nouveau prévaloir le nom égyp tien en Palestine ; mais jamais plus ne sera réalisée I grande et forte unité queTouthraèsIlIavaitinauguréf

148. — C’est ainsi que les documents extérieur apportent leurs dépositions de tout point conforme à celles de la Bible, c’est-à-dire de VHexateuque. Le deux tableaux que l’on peut établir en coUigeant le unes et les autres présentent les ressemblances le