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MOÏSE ET JOSUE

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temps d’Abraham et de Chodorlahomor, on a l’impression d’une race encore vigoureuse, constituant des groupes capables d’atlirer l’altenlion d’un conquérant (Ceri., XIV, 5, 6). Une très longue période s'écoule avant qu’ils ne reparaissent sur la scène de l’histoire. On les retrouve dans le rapport des espions que Moïse a envoyés explorer la Terre Promise ; une des causes de l’elfroi que ces émissaires ont éprouvé a été la rencontre des lils d’Enac dans le voisinage d’Uébron ; mais déjà on compte ces lils d’Enac et les explorateurs insistent sur leur haute taille et leurs caractères de géants (An ; »., xiii, 22, 28, 33 [Vulg. 23, 29. 34 ;  ; cf. Deut., i, l’i). Le Deutéroiiome renferme des renseignements concrets. Les Rephaïm(ii, 10, 21) sont nettement répartis en quatre groupes ou races : Emim, Zamzummim, Horim ('?), Enaclm. Mais ces peuples sont des peuples du passé et ils ont été supplantés comme les Cananéens le seront un jour par les Israélites (/Jeiit., 11. 10, 11, 12, 20, 21, 22, 23 ; III, 13 ; cf. Gen.^ xxxvi, 20-30). Au moment où les tils de Jacob arrivent dans les plaines de Moab, dans cette Traiisjordaiie qui est une vraie terre de Rephaïm(fle(((., 11, 20 ; iii, 13), on ne connaît plus qu’un roi de race aborigène. C’est Og, de Basan {Deut., III, 8-11 ; cf. Jos., XII, 4, 5) ; encore est-il présenté comme le souverain d’un royaume amorrhéen (Deut., iii, 8-1 i). De nouveau la race est en voie de disparaître ; comme on lit ailleurs, Og est le dernier reste des Rephaïm (Jos., xiii, 12). Quant aux Enacîm, c’est bien en Gisjordane qu’il les faut chercher (Deut., IX, 2). Au temps où Josué va les réduire, ils sont cantonnés dans la montagne, montagne de Juda et d’Israël (Jos., xi, 21, 22 ; cf. xvii, 15), mais surtout région d’Hébron (Jos., xi, 21 a ; xiv, 12, 15 ; XV, 13, 14 ; XXI, 11 ; Jud., i, 20). Dans la Sephélah, ils ne sont plus qu'à l'état de survivance à Gaza, à Geth, à Asdod (Jus., xi, 22 ; cf. I ! Sam., xxi, 16, 18, 20, 22 ; cf. I Citron., XX, 4, 6, 8).

130. — i) Parmi les Abrahamides, les tribus demeurées nomades n’ont pas d’histoire. Il n’en est pas de même de celles qui se sont fixées à l'état sédentaire et organisées en peuples. Tels d’abord les Moabites. Nous n’avons à peu près aucun renseignement sur leur histoire jusqu’au temps de l’exode et il y a peu à prendre dans l’allusion à l’allure prophétique du Cantique de Moïse (E.i., xv, |5). Les Nombres et le Deutéronome nous fournissent des données plus fermes. On y apprend que Moab forme maintenant un peuple qui a son roi (ium., xxii, 4> 10 ; Jus., XXIV, 9), autour duquel gravitent des princes et des anciens (Num., xxii, j, 8, 14 ; xxiii, 6). Les Moabites ont chassé du pays qu’ils occupent les aborigènes connus sous le nom d’Emîm (Deut., 11, 10, 11). Leur frontière méridionale paraît être le torrent de Zéred (7Vum., xxi, II, 12 ; Deut., 11, 13 ; ci.Num., xxxiii, 44)i sans doute identique au wâdi et Ahsà ou el Hésil. Entre la dépression de la mer Morte et le désert oriental, le territoire s'étend jusqu'à l’Arnon (norfi Mûdjiti). Telle est du moins la frontière septentrionale au moment de l’arrivée des Israélites ; au delà s'étend le pays de Séhon l’Araorrhéen (A'/im., XXI, 13, 15 ; XXII, 36 ; cf. Deut., 11, 18, 19 [Ar, aujourd hui 'Arâ'iv, est sur l’Arnon], 36). Ou remarquera toutefois qu’en plusieur> textes on nomme pas de Moab la région dans laquelle les Israélites s’arrêtent en face du Jourdain, avant et après avoir vaincu Séhon {IVuni., XXI, 20 ; XXII, I ; xxvi, 3, 63 ; xxxi, 12 ; xxxiii, 48, 49, 50 ; XXXV, i ; xxxvi, 13 ; Deut., 1, 5 ; xxxiv, 1, 6, 8 ; Jos., xiii, 82) ; c’est le pays qui entoure le Pisga (Num., xxi, 20), les sommets de Nébo et d’Abarim(A’Hm., xxxiii, 47. 48 ; Deut., xxxiv, i, 5) ; la région orientale de la vallée du Jourdain el notamment les environs de Sillim en font également partie

{Num., XXV, I ; Deut., xxxiv, 6, 8). D’ailleurs la population de ce district renferme encore des éléments moabites, comme le |)rouve l'épisode des filles qui corrompent les Israélites (Num., xxv, 1). Il est clair qu'à une période antérieure à celle qui nous intéresse, Moab s était étendu au delà de l’Arnon ; la mille d’ailleurs le dit explicitement et allribue le refoulement à Séhon l’Amorrhéen (Jum., xxi, 26 ; cf. vers 29). Déjà afi’aiblis, les Moabites redoutent que les Israélites leur causent de nouveaux dommages (Num., XXII, 4) ; de là les démarches en vue d’obtenir les malédictions de Balaam (Num., xxiixxiv).

131. — c) D’après Deut., 11, 18, ig, il semblerait qu’en quittant le pays de Moab, on arrive aussitôt chez les Ammonites. Ceux-ci sont, en effet, censés s'étendre depuis l’Arnon juscju’au Yabboq (Deut., ii, 37 ; cL Jud., XI, l3, 22), sur le territoire primitivement occupé par lesZamzummim(We(((., II, 20). Mais, à l'époque qui nous occupe, ils avaient subi des réductions. A l’origine, en ell’et, leur domaine allait du désert de l’Est à la rive du Jourdain ; ils s’en souviendront lorsque, à l'époque des Juges, ils voudront recouvrer leurs anciennes frontières (Jud., xi, 13). Mais il y a longtemps déjà que les Moabites ont passé l’Arnon et les ont refoulés (vid.supr. b.). Depuis lors, les Amorrhéens sont venus et ont occupé la partie orientale dé la vallée du Jourdain, les pentes qui conduisent aux plateaux, les plateaux euxmêmes, ne laissant aux Ammonites qu’une bande de territoire à la lisière du désert (Jud., xi, 22, présente la conquête comme plus complète encore) ; à leur tour les Amorrhéens s'étendent depuis l’Arnon jusqu’au Yabboq (Nuhr ez-Zerqâ ; Num., xxi, 24 ; Deut., II, 36, 3^ ; Jos., xii, 2 ; cf. />eu<., ui, 16 ; Jos., xiii, 10, 25, 26).

133 — d) Ammonites et Moabites ont donc subi de nombreuses vicissitudes attestant que leur constitution est déjà ancienne. Tout autre est la reijrésentalion que la Bible nous donne de l'état des Edomites, ou descendants d’Esaii, à la période qui nous occupe. Dune part, la montagne de Séir, dans laquelle ils se sont établis (Gen., xxxii, 4 LVulg. 3J ; xxxiii, 14, 16 ; xxxvi, 8, 9 ; Num., XXIV, i^ ; Deut., ii, ! , b, 8, 29), ne favorise peut-être pas une organisation aussi stable et aussi régulière que les territoires de Moab et surtout d’Ammon ; elle est, en outre, contiguë au désert méridional dont l’attrait ne manque pas d'être séduisant pour des tribus qui sans peine se souviennent de leur étal nomade. D’autre part, les Edomites sont un peuple plus jeune que les précédents et ils n’ont pas encore eu le temps de prendre une physionomie propre, ni leur place définitive dans l’histoire. Au premier abord, la population apparaît comme très mélangée ; c’est l’impression que donne la Genèse, ce chapitre xxxvi notamment, qui pousse l’histoire bien au delà de la période patriarcale. Les Edomites occupent l’ancien lerritoire des Horréens {/^eu/., 11, 12, 22) ; mais l’expulsion ou l’extermination n’ont l)as été complètes (^/'e/i., xxxvi, 20-30). Ce n’est pas non plus sans conséquence qu’Esaii épouse des femmes étrangères à la race sé[uitique(6^eH., xxvi, 34, 35 ; XXXVI, 1, 2 ; cf. vers. 20) ou même une femme appartenant aux tribus nomades du désert (Ge «., xxviii, 8, 9) ; ces unions contribueront à accentuer la diversité des éléments constitutifs de la nation. Défait, Edom paraît se composer d’un centre de population stable, bien campé dans la montagne de Séir ; il est organisé de bonne heure et possède des rois bien avant qu’il n’en soit question pour Israël (Gen., xxxvi, 31 -39). Quand les fils de Jacob, partis de Cadès, arriveront à la frontière, Edom aura déjà un roi et pourra lever un peuple nombreux et une armée forte pour