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moïse et JOSUE

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contribuant dès lors à lui assurer une physionomie nouvelle et très caractérisée. On peut songer par exemple à une revision du Code sacerdotal exécuti’e durant l’exil, par ces prêtres lévitiques qui, sous l’intluence d’Ezéchiel, se préoccupaient de préparer la restauration du culte et de garantir l’observation aussi parfaite que possible des anciennes règles liturgiques. L’un des moyens les plus ellicaces pour atteindre cette dernière lin était de procurer de ces lois une rédaction aussi claire que possible, aussi adaptée que possible aux exigences du temps. Gela voudra dire d’abord qu’on remplacera les mots et formes d’une allure trop ancienne et d’une intelligence trop diflîcile par des éléments du langage actuellement parlé : cela voudra dire encore et, par voie de conséquence, qu’on uniûera la langue des divers codes et spécialement la terminologie technique des rubriques. De ce travail de revision, le Code sacerdotal sortira avec une forme très caractérisée, avec un style à lui, une langue à lui. A propos de ces transformations, le décret ne parle pas d’auteurs inspirés ; il faut du moins supposer, pour quiconque opère des retouches susceptibles, par leur nombre BU leur nature, d’altérer notablement l’œuvre mosaï[jue.un secours surnaturel qui le prémunisse contre

:e danger. — e) Jusqu’ici il n’a été question que

i’allérations accidentelles ou de substitutions d’éléments secondaires. La Commission envisage aussi l’hypothèse d’additions proprement dites. Elle en distingue d’abord un groupe qui, lui non plus, ne parait pas réclamer l’intervention d’auteurs inspirés ; elle parle de gloses et explications insérées dans le texte. II y a une réelle ailinité entre cette catégorie et la précédente ; c’est ainsi que le travail de revision dont nous parlions à propos du Code sacerdotal s’imagine dillicilement sans qu’il soit question d’annotations introduites pour expliquer des rubriques et des usages anciens. Mais le sujet est envisagé ici avec plus d’ampleur. Il ne s’agit plus seulement de jloses destinées à élucider et à mettre à jour les textes législatifs. Mais on peut encore penser à ces notices, archéologiques, historiques, géographiques, ethnographiques, etc., qui avaient déjà attiré l’attention des rabbins et auxquelles les premiers adversaires de l’authenticité mosaïque attachèrent tant l’importance.

82. — f) L’étendue de ces gloses et annotations sera nécessairement restreinte ; elles ne constitueront pas ce que l’on pourrait appeler des « parties » ie l’Ecritiire. Autrement elles rentreraient dans le domaine des additions qui réclament, en conformité ivec la doctrine de Trente, l’intervention d’un auteur inspiré. Le décret admet, en effet, l’hypothèse de telles « additions faites, après la mort de Moïse, mais par un auteur inspiré ». L’exemple typique sera pré31sément le récit de la mort de Moïse, au dernier chapitre du Deuléronnme : il y a longtemps qu’il a attiré l’attention des exégctes. Il ne saurait toutefois être regardé comme une sorte de norme, indicatrice des proportions et de l’importance que peuvent avoir de telles additions. La seule réserve imposée, ici comme précédemment, est la sauvegarde de l’intégrité substantielle du Peniateaqiie.

83. — ^) Au sujet des lois sociales et religieuses, la question est assez simple. Il se peut agir d’une loi ou d’un complément de loi qu’on rédige exprès pour l’introduire dans le code à côté d’une ordonnance similaire ; tels pourraient être divers règlements de la fête des Tabernacles, destinés à préciser, pour une époque tardive, des usages antérieurs. En d’autres cas, une loi déjà existante, transmise par tradition ou même rédigée par écrit, aura été insérée après coup dans le grand recueil sacerdotal. S’il était

prouvé que les sacrifices pour le péché et pour le délit ne remontent pas aux origines de la théocratie, les règlements qui se rapportent à ces sujets fourniraient d’excellents exemples de telles additions ; ni elles n’altéreraient l’intégrité substantielle, ni elles ne seraient contraires à l’esprit de l’œuvre mosaïque.

84. — /i)Le problème est plus complexe quand on envisage les additions faites aux récits. Il n’y a pas à supposer que celui qui les a introduites les ait tirées de son propre fonds. Il faut plutôt admettre qu’à l’ouvrage déjà constitué, il a ajouté des compléments empruntés aux documents qui auraient encore subsisté à l’état isolé ; semblables additions ne semblent devoir créer aucune dilliculté.

85. — Mais, en un certain nombre de cas, ne faut-il pas aussi penser à des sources non inspirées, écrites ou orales ? Le problème se complique alors à raison des valeurs fort diverses que peuvent avoir ces sources. On sait de reste que, surtout après l’exil, les récits des origines du peiiple de Dieu ont été fré quemment repris et souvent surchargés d’abondantes amplifications. Les exemples sont nombreux dans la littérature apocryphe, en des recueils tels que le Livre des Jubilés, l’Assomption de Moïse, les Testaments des Douze patriarches, etc., sans parler des écrits de Josèphe et de Philon. Mais il est plus intéressant de voir à l’œuvre des auteurs de livres canoniques. Négligeant certains psaumes déjà instructifs à cet égard (f 5., lxxviii [lxxvii |, cr [civ], cvi [cv], etc.), allons directement au livre grec de la Sagesse de Salomon. La troisième partie de cet ouvrage a pour objet les manifestations de la Sagesse divine dans l’histoire. L’un des thèmes le plus longuement développés est le contraste entre la manière dont Dieu traite les païens idolâtres et les faveurs qu’il réserve au peuple fidèle. C’est dans ce cadre que prennent place de nombreux souvenirs de l’exode. Or il est rare qu’en les rapportant, l’hagiographe n’ajoute pas aux données fournies par le Pentateuque. Malgré tout l’intérêt qu’il y aurait à entrer en quelques développements, bornons-nous à emprunter un exemple au récit des plaies d’Egypte. La plaie des lénèlires est sommairement décrite dans l’Exode : « Et Yah weh dit à Moïse : « Etends ta main sur le ciel et qu’il

« y ait ténèbres sur la terre d’Egypte et qu’on sente
« (touche) les ténèbres ! » Kt Moïse étendit sa main

sur le ciel et il y eut ténèbres obscures sur toute la terre d’Egypte pendant trois jours. L’on ne se voj’ait pas l’un l’autre et personne ne se leva de sa place pendant trois jours ; mais pour tous les enfants d’Israël, il y eut lumière dans leurs séjours. » {£x., x, 21-23.) La Sagesse ajoute beaucoup de détails (^Sap., XVII, i-xviii, II). La plaie surprend les Egyptiens au milieu de leurs projets d’oppression ; ils se trouvent subitement enchaînés par les ténèbres et restent sur leurs couches, enfermés dans leurs maisons (xvii, 2), séparés les uns des autres (xvii, 3) et d’autant plus accessibles à la crainte (xvii, 4). De fait, des bruits effrayants (xvii, 4), des fantômes (xvii, 3), des spectres aux visages lugubres (xvii, 4) l^s obsèdent. D’ailleurs, pas n’est besoin de phénomènes extraordinaires : le passage de petits animaux, le sifflement des serpents suffît à les effrayer (xvii, g ; cf. vers. 17, 18). Un sort commun enveloppe ceux qui sont dans les maisons, petits et grands, pauvres et seigneurs (xvii, 13-15) ; ceux que leurs occupations ont conduits aux champs sont pareillement retenus par la puissance des ténèbres (xvii, 16). Celles-ci sont à ce point épaisses que ni feu, ni astre ne peut éclairer la nuit profonde (xvii, 5) ; de temps en temps pourtant, la vision de masses de feu (des éclairs ?) ajoute d’autant plus à l’effroi qu’on n’en reconnaît pas la cause (xvii, 6). Bref la terreur est