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MOÏSE ET JOSUE

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Die autem 27 junii an. 1O06, in Audienlia Rmis Gonsultoriijus ab Actis Lenijjne concessa Sanctissimus prædicta Responsa adprobavit ac publioi juris fieri luanJavit.

FULCRANCS G. VlGOUROUX,

p. s. s. Laurentius Jansskns

O. s. H

ConsuUores ah Actis.

Le 27 juin 1906, à l’audience bietiveillaniment accordée aux CûnsuUeui-8 se* ciéluiri’s, le Saint-Père a approuvé les Réponses susdites et a oï'donné de les publier.

FULCKAN G. ViCOUROU.V,

p. s. s. Lauhemt Janssens,

o. s. B.

Consulteurs secrétaires.

Il nous semble d’abord à propos de tenter l’exégèse littérale et méthodique d’un texte appelé à être la norme de l’enseignement des Ecoles catholiques touchant la grave question du Pentuteuque.

i" Moïse auteur du Pentateuque

71. — a) Les premières question et réponse mettent d’abord en conflit deux séries d’arguments. D’une part, ceux que les critiques ont entassés pour attaquer l’authenticité mosaïque des Livres Saints connus sous le nom de Pentuteiiijue. Ces arguments ne sont pas autrement détermines, ni quant à leur détail, ni quant aux groupes auxquels on pourrait les ramener. Mais il n’y a pas à s y tromper. Il s’agit des considérations auxquelles, depuis les origines du mouvement critique, les adversaires de l’authenticité mosaïque du Penlateitqiie ont fait appel. On peut penser, d’une manière particulière, aux théories de l'école wellhausienne, puisque ce sont celles-là précisément qui ont davantage troublé les consciences catholiques. Naturellement, arguments et théories sont envisagés tels qu’on les présentait en igoS-igoô. — h) D’autre part, les preuves traditionnelles, en tête desquelles tigurent celles que fournissent les témoignages très nombreux des deux Testaments. On remarquera que ces témoignages sont envisagés colleclivenicut, collective suniptis, comme si la Commission évitait de se prononcer sur la valeur dirimante et délinitive que certains représentants de l’orthodoxie attribuent à tel texte en particulier, aux |iaroles de Notre-Seigneur par exenn)le. Aux données de l’Ecriture se joignent celles qui attestent et le consentement perpétuel du peuple juif et la constante tradition de l’Eglise. Enlin si, à rencontre de la méthode des critiques, mais en conformité avec les procédés de la défense catholique, la Commission donne la première place aux preuves externes, ce n’est pas qu’elle oublie les indices tirés du texte luimême ; à ces remarques basées sur le texte et que nous avons signalées plus haut, elle attache une très grande importance. — c) En présence de ce conflit le décret prend une position très nette. Il donne sans hésiter la préférence aux considérants de la thèse traditionnelle ; il déclare que les arguments des critiques ne sont pas décisifs'. On peut se demander d’oii provient l’inellicacitè de ces arguments ? Elle tient, sans aucun doute, à leur valeur intrinsèque ; si cette valeur s’imposait, rien ne pourrait prévaloir contre elle. Mais il semble que la Commission veuille nous dire autre chose. Il ne paraît pas qu’elle entende condamner ni la recherche ni la méthode des cri tiques, et il demeure permis de soutenir que, considérés en eux-mêmes, ces procédés sont légitimes et peuvent aboutir à de précieux résultats dans la question qui nous occupe. La Coonnission signale un danger, une lacune de cette métliode, telle que les critiqvies

1. Il paraît juste de remarquer que. tout en étant très nets, les termes du décret sont très modérés ; les arguments des critiques ne donnent pas le druil d’affirmer, c’esl-i-dire, sans doute, de présenter comme certain…

Tome III.

étrangers à l’Eglise en font usage, et c’est sans doute ce <iui explique que leurs conclusions ne soient pas décisives. Elle leur reproche leur unilatéralisme, elle les blàuie de ne pas tenir compte des données diverses du témoignage ou au moins de les rejeter à rarrière-plan, / ; os(/( « ( ; (/i.s, - elle les blàræ de ne prendre en considération que certaines catégories d’indices internes.

73. — (/) Le grand excès, la grande erreur des criticiues étran gers au catholicisme, dans l’importaii te question qui nous occupe, ont été d’arriver à cette conclusion que le Pentateuque n’a pas Moïse pour auteur. Le sens que le mot auteur doit prendre en ce contexte n’est pas précisé ; il n’est nullement indiqué qu’on doive lui attribuer la signification très stricte que ce mot reçoit chez nous ; il n’est nullement interdit de songer au sens notablement plus large que ce terme aurait en Orient. La suite des questions et réponses à venir indique sullisamment que nous pouvons rester à distance de son acception la plus étroite. Une chose est certaine. De même qu’on doit regarder Moïse comme i>renant une place prépondérante au début des institutions sociales et religieuses d’Israël, de même faut-il le regarder comme ayant eu un rôle prépondérant à l’origine de l'œuvre littéraire que représente le Pentateuque. — e) L’erreur des critiques ne nous est pas seulement présentée sous sa forme négative Ils sont encore bliimés de prétendre que le Pentateuque a été composé de sources en très grande partie postérieures à l'époque mosaïque. Ce reproche est avant tout la contre-partie du précédent, mais il en éclaire la portée. Les expressions sont modérées ; on les dirait à dessein un peu vagues. Il semblerait, à première vue, qu’en ce qui regarde l’origine du Pentateuque, la Commission tienne à l'époque de Moïse avant même détenir à sa personne. Et cela se comprend sans peine, puisque au fond, ce qu’elle veut surtout garantir, c’est la valeur historique des premiers livres de la Bible. Mais, de plus, ne semble-t-il pas qu’elle censure l’hypothèse critique surtout parce que celle-ci situe la plupart des sources du Pentateuque, sinon toutes, à des époques postérieures à l'âge mosaïque ? Ne semble-t-il pas, en conséquence, que, si on attribuait à Moïse une part assez grande dans la composition du Pentateuque pour qu’en un sens réel, mais large, il piit en être proclamé l’auteur, on aurait le droit de reconnaître, en cet immense ouvrage, telle source d’une date notablement postérieure ? Admettons, en employant le langage de la critique, que les documents yahwiste et élohiste remontent nettement à Moïse : serait-il permis, strictement parlant, de soutenir que, dans le C(jde sacerdotal, 1res vaste et d’apparence nettement composite, telle ou telle section assez notable, v. g. la Loi de sainteté(l.ev., xvii-xxvi) provient d’une source plus récente que l'époque mosaïque ? Ce problème est évidemment délicat et il se peut que, pour le moment, les éléments fassent défaut qui permettent de le solutionner. Il faut toutefois se souvenir que les réponses canoniques doivent être interprétées dans leur sens le plus littéral.

2" Les scribes de Mo’ise

73. — La plupart des cléments du Pentateuque remontent à Moïse ; mais en quelle manière ? C’est ce que va préciser la seconde partie du décret. Nous le constaterons de nouveau : si les argumentations des critiiques ne prouvent pas tout ce qu’ils avancent, la Commission n’estiuie pas pour cela qu’elles soient complètement à dédaigner. Sans condamner les opinions plus rigides, chères à plusieurs apologistes, elle envisage la possibilité de certains terrains d’entente.

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