Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

61

MAGIE ET MAGISME

62

deçà de la vérité, si l’on dit que plus de 5^0 à 550 médecins ont formellement et publiquement reconnu le caractère surnaturel des guérisons de Lourdes.

Voilà un chiffre fort imposant 1 II frappera sans doute les gens les plus dilliciles I Mais peut-être seront-ils plus sensibles encore aux solides raisons sur lesquelles ces adhésions s’appuient, et que nous avons essayé d’exposer ici. Car elles sont décisives.

(I Ah I monsieur l’abbé, cette thèse de Lourdes ! nous disait un jour, en nous quittant, un professeur d’une de nos Facultés de médecine, directeur de l’hôpital dans la grande ville qu’il habite, et où il passe pour un incrédule ; cette thèse de Lourdes ! … Il faut être sincère, n’est ce pas ?

— Certainement, docteur, certainement.

— Eh bieni Elle est irréfutable. »

BiBLioGRAPHiB. — Une multitude d’ouvrages ont été écrits sur Lourdes. Mais le titre de ce dictionnaire, et le but qu’il poursuit, nous obligent à laisser dans l’ombre ceux qui sont destinés à fournir des renseignements ou à décrire des cérémonies, ceux aussi qui expriment les impressions de l’auteur, ses sentiments, ses souvenirs, sa reconnaissance, et tous ceux enfin qui ont pour but d’alimenter la piété des lidèles. Sauf deux ou trois livres trop célèbres pour qu’on puisse les passer ici sous silence, nous avons à nous occuper seulement de ceux qu’une pensée apologétique a inspirés, ou qu’un apologiste peut avoir intérêt à connaître, soit qu’ils défendent les faits surnaturels, soit qu’ils les attaquent Encore l’a>it-il nous borner aux principaux, et ne pas oublier qu’un certain nombre ont été déjà signalés plus haut, au cours de l’article GuiinisoNS.miraculbuses. On trouvera là ceux qui ne seront pas nommés ici. C’est dans cet esprit qu’est faite la liste suivante :

Henri Lasserre : Noire-Dame de Lourdes, in-18 Jésus, Paris, 1869. (Plusieurs fragments avaient paru depuis 1867 dans la Revue du Monde catholique). C’est le premier ouvrage sur Lourdes, sauf la notice de l’abbé Fourcade, secrétaire de la commission d’enquête : L’Apparition à la Grotte de Lourdes en 1858. Ce livre de Lasserre, insuffisant aujourd’hui, puisqu’il n’embrasse que les événements des premières années et qu’il est d’une allure

dramatique plus que scientilique, peu sympathique au goût actuel, a eu un grand succès et une grande et féconde influence. Du même : Episodes miraculeux de Lourdes, in-12, 1883. — D’Hoissarie : Lourdes, Histoire médicale, 1858-18gi, in-8, 1891 ; Les Grandes Guérisons de Lourdes, gr. in-8°, 1900 ; L’OHuire de Lourdes, in-B", 1907. — Georges J3ertrin : Histoire critique des événements de Lourdes, in-B", 1906 ; lio’édition, igi/i ; Même ouvrage, édition réduite, 1913, 172" mille ; Un Miracle d’aujourd’hui, in-12, 1908 ; 5" mille 1909 ; Ce que répondent les adversaires de Lourdes, réplique à un médecin allemand, in-12, 1910 ; nouvelle édition, 6 « mille, 1912. — D’Dozous : /. « Grotte de Lourdes, sa fontaine, ses guérisons, in-12, 1874. — D’Paul Diday : Examen médical des miracles de Lourdes, in-12, 1873 (hostile). — Artus : IListoire complète du défi porté à la Libre Pensée sur les miracles de N.-Ù. de lourdes, in-12, 1877. — J. B. Estrade : Les apparitions de L.ourdes, récit intime d’un témoin, in-12, 1890 (souvent réimprimé). — Emile Zola : Lourdes, in-12, 1894 (roman liostile). — R. P. 13allerini : Le miracle et la critique d’Emile Zola, in-16, 1894.

— Huysmans : Les E’oules de Lourdes, in-12, 1906.

— Jean de Bonnefon : Lourdes et ses tenanciers, in-12, 1906 ; Faut-il fermer Lourdes ? in- 8°, 1906 (pamphlets). — D’inceiit : Doit-on fermer Lourdes au nom del’hygiène ? Non, in-8°, 1906 (réponse au pamphlet précédent). — D Lavrand : La suggestion et les guérisons de Lourdes, in-16, 1907. — Mgr Meunier : Trois miracles de N.-D. de Lourdes au diocèse d’Evreux, in-8°, 1909. — D Guinier : Le surnaturel dans les guérisons de Lourdes, dans les Etudes, t. CXXI(190g). — D’Vourch : La foi qui guérit, in-12, 1911 (La conclusion est vague, fuyante et forme disparate avec ce qui précède). — D’de Grandmaison de Bruno : Vingt guérisons A Lourdes, in-12, 1912. — Df Jeanne Bon : Thèse jiir quelques guérisons de Lourdes, in-S", 1912 (fme Bon fut refusée pour cette thèse de doctorat en médecine, favorable à Lourdes, par un jury partial de Lyon). — D Deschamps : Le Cas Pierre de Liudder, in-12, 1912 (Solide réponse de l’auteur à un de ses compatriotes belges, qui a écrit un pamphlet sur cette guérison).

Georges Bertrin.


M

MAGIE ET MAGISME. — On voudrait, dans une première partie, prohtant des lumières nouvelles que ])rojettent sur la magie les sciences auxiliaires de riiisloire des religions, ethnologie, histoire, psychologie individuelle et sociale, essayer de répondre à cette simple question : Qu’est-ce que lamagie ?Il faut savoir dequoi l’on parle. Et, dans le cas, ce n’est pas facile. Plus d’un mémoire classiiiue sur l’une ou l’autre des a magies » particulières, faute d’avoir exactement délini ce qui fait l’essence subtile de la magie, traite de tout autre chose.

Quoiqu’on en ait douté, il semble possiblededonner de la magie une déûnition ou description positive. Les différents peuples, malgré quelques hésitations, ont toujours distingué, au moins confusément, certains rites magiques, de toutes les pratiques analogues. Pour cela, on peut suivre, en la perfectionnant, la méthode proposée par MM. Hubert et Malss. Une première opération consistera à démonter en quelque sorte, pièce à pièce, un acte magi([ue qualifié — le maléfice par exemple — à soumettre chacune de ces pièces à un minutieux examen et à saisir ainsi plus facilement la note générique ou spécifique

de la magie. — La seconde opération, celle que les deux sociologues français n’ont pas poussée à bout, sera de comparer le rite magique remonté, remis en possession de toutes ses pièces, à d’autres institutions, qui lui sont apparentées, et qu’un regard superficiel pourrait facilement confondre avec elle.

I. — Magie

I. Lamagieensoi. — Il suffira presque pour ce premier travail de renvoyer à l’essai de MM. Hubert et .Mauss. Successivement, ils analysent les qualités qu’on exige du sorcier, les propriétés du rite, les représentations et les croyances que suppose l’opération prestigieuse. On découvre ainsi un certain nombre de notions qui ont trop vite semblé suffire à caractériser la magie : formalisme des opérations, idée d’efficacité immédiate, idée de similarité, de contiguïté opérante, idée de force ou de vertu sympathique, d’action à distance, de rite contraignant, etc.

— Or, si la magie est généralement liée à tout cela, elle n’est, à vrai dire, rien de tout cela. Il y a, aux yeux des croyants de la magie, doublant chacun