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MOÏSE ET JOSUE

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i) La deuxième édition est celle de D’à. Il en reste un long prologue I, I », 5-iv, 2 [3, 4 sont additionnels]), en grande partie historique (1, 5-iii, 29, mais aboutissant (iv, 1, 2) à une exliortalion. C’est après cette osliortation que venait le texte législatif (xii, 8-12 paraît en provenir). Il était suivi d’un épilogue, dont les éléments hoinilétiquos sont conservés Deul., iv, °ô-S, dont divers éléments historiques sont renfermés dans Dent., ïxxi-mxiv. La seconde édition était, comme la première, à la 2’pers. du plur. C’est entre ces deux éditions qu’il faudrait distribuer ce qui, dans la section législative no’.is a été conservé des rédactions à la 2’pers. plur. — /) En revanche, la troisième édition (D-c) était à la 2’pers. du sing. et avait un caractère surtout homilétique. Sans parler do quelques versets de X et xi, les éléments du prologue sont à cheicher dans Dfid., vi, 4->x, 7, ceux de 1 épilogue, dans Deiit., xxviii-xxx. Comme la plus grande partie de la législation actuelle est rédigée à la a » pers. sing. on doit penser que le texte nous en est parvenu surtout sous la forme qu il revêtait dans D’-c. Cette édition renlermail beaucoup d’ordonnances qui ne figuraient pas dans les précédentes, notamment les lois d’huiiianilé, les lois de la guerre, les lois des ju^es, empruntées à d’autres codes qui ne nous ont pas été conservées. Par ces additions, par d’autres plus secondaires, on rendait la loi de plus en plus apte à gouverner les détails de la vie civile et religieuse. — Aj Dans les sections historiques, les divers éditeurs suivent constamment le récit élohiste, qu’ils devaient encore posséder à 1 état isolé. D autre part, les péricopes homilétiques qui remontent sûrement à ces éditions ne font pas d’allusion à l’exil. On est ainsi amené à penser que D-b, D-a, D-c ont suivi d’assez près la promulgatiorvdo D’ ; ces éditions sont vraisemblablement antérieures à 600, voire à 605’. Tant qu’elles ont subsisté à l’état indépendant, ces éditions ont reçu, en leurs diverses parties, de nombreux compléments. Le travail de fusion s’est fait sans doute pendant 1 exil ; il a d abord abouti à l’union de D’-b -- D-’c ; 1 addition de D’-a est un peu postérieure. C’est le texte législatif de D’c qui l’a emporté ; dans les prologues et épilogues, l’œuvre de combinaison a entraîné des suppressions dans chacune des éditions. L’œuvre composite ainsi réalisée a, à son tour, reçu nombre d’additions, d’éléments secondaires. Il faut spécialement noter le grand Contique {Dent., xxxi, ilj-22 ; XXXI, 28-XXXI1, 47)*- —’) La littérature deutéronomique se présente avec des traits nettement caractéristiques. Elle a son style i> elle, aisé à reconnaître, et dont les particularités sont décrites dans toutes les Introductions. Elle a son allure générale, à la fois inclinée vers le légalisme et encore très pénétrée d’esprit prophétique. Elle se fait remarquer par ses hautes idées théologiques et morales (cf. Juif [Peuple], dans Dictionnaire ApoloL ; étique… (t. I’, col, iS^^-iSSo). — m) Le Deutéronome, en ses codes et en ses homélies, ne traçait pas seulement des règles de vie. Il posait des principes qui permettaient une appréciation de l’histoire : sa lecture n’avait-elle pas éveillé dans l’âme de Josias le sentiment de la culpabilité de la nation, depuis tant de siècles infidèle à ces volontés divines ? Le nouveau document fournissait ainsi des bases de jugement très solides ù ceux qui, écrivant I histoire du peuple choisi, se préoccupaient d’y reconnaître l’action de Dieu. De fait, tous les livres historiques furent soumis à un travail de

1, Dans les parties des homélies qui sont exemptes de retouches, on ne trouve, en effet, aucune allusion précise à l’exil et aux diverses catastrophes politiques qui, depuis 607, éprouvèrent le malheureux pavs de Juda.

2. On peut dire que, dans l’état actuel de la critique, il y a tendance à affirmer le caractère composite de la section légale du Deuiêronome et à faire une histoire compliquée du travail de fusion qui l’a unie aux homélies qni l’encadrent. La tendance est fréquente chez les exégètee allemands ; M. Lucien Gautikr semble vouloir l’acclimater chez nous. Mais nulle part la solution du problème n’est poussée avec autant do détail ni yjeut-étre d’une façon aussi systéuialique que chez M. Steuernagel. En revanche, S. R. Driver maintient l’unité substantielle de la partie légale (Dent., xii-xivi) et y rattache étroitement les éléments parénétiques de Deut., vxi et xxviii. Il se montre même disposé à y rattacher les éléments fondamentaux de Deut., i, i-iv. 40 et xxviii, 69, ’VuIg. xxix, 1)ixx, 20. En dehors du chap. xxvii, dont la structure est étudiée à part par la grande majorité des critiques. Driver ne reconnaît l’intervention d’un auteur secondaire ou d’ui ! rédacteur que dun. » : Deut., iii, 1417 ; iv, 29-31, 41-43, 44-49 ; xxix, fl-ÎS (Vulg. 10-29) ; xxx, MO.

révision dominé par les idées deutéronomiques. Cette activité se reconnaît tout particulièrement au livre de Josué. Du principal reviseur, 1 œuvre est à peu près complètement conservée dans 70s., i-xii : mais on n’en retrouve plus ensuite que quelques fragments. Malgré un certain nombre de particularités très saillantes, le récit demeure fidèle à la tradition de V Elohiste : il se rattache à D- et remonte, en conséquence, aux environs de Goo. Pendant le siècle et demi qu’il a existé à l’état séparé, ce documenta naturellement reçu des additions de natures fort diverses.

40. — G. RÉDACTION DEUTÉno.NOMiQUE (Rd). — a] Dès que l’on vit dans D’une nouvelle loi mosaïque, il fut tout naturel de lui donner une place dans l’histoire du fondateur do la nation. A un moment où.1 et E existaient encore à côté de JE, on pouvait hésiter sur le document dans lequel on l’intercalerait ; on choisit JE. — A) Quand se fit l’insertion, D’avait reçu tous ses compléments et encadrements. Or, tandis que les premiers cadres plaçaient la promulgation de D’très peu de temps après le départ de l’Horeb, le dernier faisait de D une loi publiée au pays de Moab, en face de la Terre Promise. C’est pourquoi la partie principale du Deutéronome fut introduite entre le récit de l’attribution de la Transjordane à Ru !  ; en et à Cad {.

m., xxxti) et celui de

lintronisation de Josué (Dent., xxxi, 14 sv.). Il ne peut être question de combinaison proprement dite et de fusion de D et de JE que dans la péricope des derniers jours de Moïse [Deut., xxxi-xxxiv). Si l’on doit regarder comme certain que l’œuvre de Rd n’est pas antérieure à l’exil, on ne peut en fixer la date précise ; elle se fit durant la captivité ou de bonne heure après le retour. — c) En plus du rédacteur principal, le sigle Rd désigne tous ceux qui ont travaillé au nouveau recueil (JEDi avant la période oii 1 influence passa à l’écrit sacerdotal. A ces rédacteurs secondaires appartient d’abord l’insertion de quelques éléments importants : Cantique de Mo’ise après le pas : >age de la Mer Roufie (E.V., xv, 1-18), Bénédictions de Moïse [Dent., xxxiii), surtout Code de l’alliance (f.T., XX, 22-xxin, 33), placé au milieu dos « paroles de l’Horeb » de VElohiste et fusionné avec elles. Il faut ensuite mentionner, dans JE et dans D, une foule de retouches de détail, tendant à atténuer des divergences trop sensibles ; on reconnaît un assez grand nombre de ces remaniements dans le Cotle de l’tillianee. — d) Le résultat le plus important de la fusion de JE avec D fut l’extension à JE d’une part au moitié du prestige dont jouissait D en tant que livre officiel de la Loi.

41. — H. Ecrit sacerdotal (P, du mot allemand Priesterhodex). — a] D’une manière générale, M. Steuernagel place la composition de toutes les grandes sections du Code sacerdotal dans les i<ériodes exilienne ou postexilienne. Il s’appuie, comme le faisait déjà Wellhausen, sur deux considérations. D’abord sur ce que les prophètes du viir siècle et du vil*, ceux-là mêmes qui, comme Jérémie, ét.’ùent d’origine sacerdotale, n’ont point eu connaissance d’une organisation cultuelle aux temps du désert [A/n., v, 21-25 ; Os^, i. G ; Is., I, 10-17 ; ' ?’*' 6-S ; Jer., vii, 21-23). Ensuite sur ce que les principales sections de P présupposent l’existence du Deu-’téronome. Il faut d’ailleurs le noter : plusieurs des éléments qui ont pris place en ces sections peuvent remonter à des dates bien antérieures, peut-être à la pratique primitive. — b) La section la plus ancienne est la Loi de sainteté (Ph ; h = /feili^/ieitsorsetz) : elle est renfermée dans Ztff., x^^-xxvI. Texte légal, embrassant la morale, le droit civil et criminel, en même temps que le culte, ce document est une collection dont les éléments, d’origines diverses, se sont groupés par étapes successives. La main du dernier collectionneur se, reconnaît dans l’homélie finale iLer., xxvi), puis dans les formules d’introduction et de conclusion, dont la principale est

« Soyez saints, car moi, Yahvveh, votre Dieu, je suis saint » 

(ice.", XIX, a ; XX, 7, 26 ; xxi. 6, 8) ; c’est d’après elle que la loi a reçu son nom’. Par son contenu même, cette loi se rattache à la révélation sinaitique ; mais comme le Code de Vaillance et le Deutéronome, elle vise la période de l’établissement en Canaan. Elle suppose acquise l’unité de sanctuaire et commence, notamment en ce qui regarde les

1. Les critiques admettent d’ordinaii-e que cette Loi de sainteté n’a pas été conservée dans son intégrité, mais a subi dr*s mutilations, des interversions, des bouleversements. Il se pourrait même que divers éléments de ce code fussent dispersés en d’autres sections de l’écrit sacerdotal (E.r., xixi, 13, 1 'i> ; Ler., xi, 43, 45 ; jVum., XV, 37-41, etc.).