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LOURDES (LE FAIT DE)

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tribunal d’Angoulême, puis par la Cour d’appel de Bordeaux, el la compagnie d’Orléans s’entendait condamner à lui verser une pension viagère de 6.000 francs, plus une indemnité de 60.000. La compagnie déclare acquiescer à l’arrêt, le 12 août. Huit jours après, sa famille amenait le blessé à Lourdes, et, sur le passage du Saint Sacrement, lui qui était inerte depuis vingt mois, il se levait tout à coup, du grabat où il semblait expirant, comme Lazare jadis de son tombeau.

Deux ansplus tard, une Messine, Mme Rouchel, arrivait avec un ulcère qui lui dévorait le visage ; des perforations purulentes, médicalement constatées, lui déchiraient, l’une le haut du palais, l’autre la joue droite ; celle-ci devait être obturée par un tampon de caoutchouc, pour empêcher les aliments liquides de sortir de la bouche. Comprenant qu’elle faisait horreur à tout le monde, la malheureuse femme était allée se cacher au fond de l’église du Rosaire. C’était le 5 septembre, un peu après cinq heures. Le linge protecteur, qui cachait la figure, tomba tout à coup de lui-même. Toute purulence avait cessé et — fait inouï — les perforations étaient fermées : un nouvel épidémie, de nouveaux muscles, avec les vaisseaux qui les nourrissent, se formant instantanément, avaient remplacé, en une seconde, les chairs détruites et s’étaient soudés aux autres.

L’année même du cinquantenaire, en 1908, Mlle Léonie Lévêque présentait une carie de l’os frontal. Ce mal obstiné et à récidive avait exigé sept opérations chirurgicales, et il était plus grave que jamais. On se rappelleque le Souverain Pontife avait exceptionnellement autorisé, à l’occasion de cet anniversaire, une « messedu soir «.Unefouleiramenseétait réunie, autour de la Grotte, pour cette rare cérémonie. Léonie Levêque avait dû rester tristement dans la maison où elle était descendue : elle était retenue par la fatigue et la douleur. Soudain, elle se sent guérie. .. et elle l’est en réalité. Plus de douleur ; la suppuration s’airète, le drain, inséré dans la plaie, tombe avec le pansement, et une vie nouvelle circule à Ilots dans ce pauvre corps épuisé. Au Mans, le chirurgien Chevalier, qui avait opéré la malade sans succès, lui dit en l’examinant : « Mais ce fait va bouleverser le monde ! » Le monde n’a pas été bouleversé, si l’on considère la généralité des esprits qui le composent. Le monde est distrait, léger, superficiel. Mais pour tous ceux qui les connaissent el qui réfléchissent, de tels exemples sont des leçons décisives ; et la liste pourrait en être facilementallongée.

Puisque aucune force naturelle, connue ou inconnue, ne saurait guérir une maladie organique sans le concom-s du temps, on est bien obligé de recourir, si l’on veut trouver l’explication nécessaire, jusqu’à une cause supérieure, maîtresse de la nature ; il faut remonter jusqu’à Dieu.

Conclusion. — La conclusion s’impose, à toute raison qui désire savoir ce qu’elle doit penser, et qui éprouve le besoin de penser avec logi([ue. Aussi le nombre est-il de plus en plus grand de ceux qui l’acceptent. On a longtemps opposé l’opinion d3s médecins, spécialement qualifiés, disait-on, pour se prononcer avec compétence. Cette compétence spéciale

1. Nous avons laissé de ctMé, parmi les objections, celle que l’on tire des guériaons attribuées aux temples d’Esculape. ou à d’autres cultes. Il était inutile d’y revenir, puisque le D’Van der Elst s’en est occupé plus haut (Voir l’article Gufrisons miraculeuses). Si quelque lecteur désirait d’autres développenienis sur celle question, il les trouvera dans une série d’articles, écrits par nousméme, d’après les sources, et publiés dans La Croix^ sous le titre ; Lourdes et le merveiUeux hors de la religion catholique. (V. La Croix Aes 16, 19, 20, 21, 22 avril’1911.)

ne doit certes pas être exagérée. Car les études médicales, même quand elles sont approfondies, ce qui est assez rare, pour aider à juger de ces faits placés plutôt hors de leurs frontières, requièrent chez le critique le concours de quelques qualités, dans l’esprit, et d’une certaine impartialité, en philosophie, qui ne les accompagnent pas toujours. Mais, cette réserve étant faite, on ne saurait se défendre de convenir que, dans une telle question, l’avis des médecins est particulièrement intéressant. Or il faut savoir qu’il s’est beaucoup modillé depuis le commencement du vingtième siècle. L’auteur de ces pages a réuni plus de cinq cents certilicats médicaux, dont chacun reconnaît expressément la guérison chez un malade, pèlerin de Lourdes.

Sur ce nombre, il en a relevé plus de deux cents

— et beaucoup ont dû lui échapper — qui attribuent courageusement le résultat favorable à l’intervention directe de Dieu.

Ce sont des déclarations individuelles. Mais on peut citer aussi des pièces collectives. L’une d’elles exprime le sentiment de plus de cent docteurs, réunis en assemblée et qui avaient à délibérer sur le cas célèbre de Pierre de Rudder, que nous rappelions il n’y a qu’un instant.

Il Les membres de la société de Sai’nt-Luc, y est-il dit, après avoir examiné les circonstances de la guérison de Pierre de Rudder, … sont d’avis que la réparation osseuse intégrale, révélée par l’autopsie, n’a pu se faire subitement par les moyens naturels ! … ils pensent, en conséquence, que cette guérison subite doit être regardée comme un fait d’ordre surnaturel, ccsl-à-dire miraculeux. »

Cinq ans après, en 190O, sur l’initiative du D’'Vincent, de Lyon, et à l’occasion d’attaques violentes dont les pèlerinages de Lourdes étaient l’objet, trois cent quarante-six médecins signaient la déclaration suivante :

Il Les soussignés se font un devoir de reconnaître que des guérisous inespérées se produisent en grand nombre à Lourdes, par une action particulière dont la science ignore encore le secret formulaire et qu’elle ne peut rationnellement expliquer par les seules forces Je la nature, »

.insi près de trois cent cinquante docteurs ont allirmé, dans ce document, leur croyance aux miracles de Lourdes ; et ils ont voulu que leurs noms fussent publiés au bas de cet acte de foi catégorique. On les trouvera dans l’ouvrage du D’Eugène Vincent : Uuit-on fermer Lourdes ? Lyon, iQO’j. — Nous les avons donnés nous-même, dans l’appendice n° 16 de notre Histoire critique des événements de Lourdes, institulé : Le surnaturel et les médecins, pages 501 et suiv. On remarque, dans cette liste : 4’^ internes ou anciens internes, 14 chefs de clinique ou de laboratoire, 1)2 médecins et chirurgiens des hôpitaux, 12 professeurs de facultés et 3 membres de l’Académie de médecine.

Désire-t-on connaître le total formé par ces témoins d’une exceptionnelle autorité ? On n’a qu’à, additionner les noms, rassemblés dans les deux derniers documents, et les deux cents signatures, qui figurent dans les certiûcals mentionnés plus haut. On arrivera au chiffre de 6’(i. Mais on doit remarquer cependant, pour être tout à fait exact, qu’un certain nombre de noms se trouvent à la fois dans plusieurs de ces pièces. Il serait donc juste de corriger le total ; il faudrait le diminuer d’autant d’unités que les mêmes noms sont répétés de fois. Il est vrai que la multitude des certificats, que nous n’avons pas connus, forme sans doute compensation.

Quoi qu’il en soit, on sera sûr de rester plutôt en