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MOÏSE ET JOSUE

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écrits qui le suivent (/os., Jtid., Sam., He^.), rédigés, d’après lui, |) ; ir Jes hommes de piété, tels qu’Esdras, à l’aide de iiialéi-iaux préexistants et sous la direction du Saint Esprit ; de ces sources il relevait la trace dans la mention du livre du ïa.iar(Jos., x, 13). Quant au Pi : /italeii/jue, il y signalait des traits, selon lui évidents, d’une réduction ou de remaniements postériouis à Moïse, celui-ci en particulier : fréquemment la Genèse (xiii, i « ; xxiii, 2, ig ; xxxv, 27 ; xxxvii, i/|) parle d'îlébron, alors que, d’après Jos., XIV, 1/1 (cf. Vos., XV, l'ô, i ! i, Jnd., I, 10), cette ville porta jusqu'à la conquête le nom de Cariath-Aibé. — Le jésuite BenoIt Pekeira (15g4) entrait dans le même courant d’idées'.

III. Au XVir siècle

13. — 1°) Le problème prend une importance croissante. Le jésuite Bonfrèrb(1625)- admet que de légères additions ont pu être faites au i’eniateuque par des écrivains sacrés ; puis, s’appuyant sur Jos., XXIV, 26, il déclare que Josué a pu faire des additions à la Loi, spécialement au DeiUéionome. Le P. TiBiN (106g) devait tenir un langage analogue^.

saope illic Hebron norainatur el tameii lioc illi ui-bi nouieu a Galebi lilio Hebr<me iuipositum esse graves aucloi’t^s tratluierunt. Quapropter uecpic divus llieronymus, iti actione contra Helvidiuni, aliter de Pentateuchi scriptore sentire videtur. Cæleruia priscit » temporibus apud Ecclesium fuisse diiiriu et annaleo, in quibus res gestos, ut quueque notatu dîgtiissimae, ad doctrinae sacrai propagatioiieni utilissimæ videbuntur, continuata série inscribebant ii qui quoquo tempore elegariti eruditione, pietateque præstantes in populo Dei vivebant, satis docent, cuui aliæ quæ sæpe laudaatur, quamvis jaoi intei’ciderint, Regum liistoriue, tuui liljer bellorniu Domini, et liber Hecli, in quo et Josnac nostri, et Samueiis, Saiilisque geala fuisse inscripta certum est ».

î. Prior Tumus Coninientat luruni et disputationum in Genesini, Lyon, 5 « éd. 1597, t. I, p. 13-14 : « Ego, ut credani uiaximam Penlateucbi parteni esse Mosls, udducor, tum couseulietite omnium auctoritate, lum eliam quod in sacris libris Ex., xva et xxiv, et Deut., xxxi niulta in scriptis Mosen relit[u18se comi)erio… Placet etiam mibi eorum seutentia, qui existiiuaiil hoc Pentateucbum longo post Mosen tempore inlerjectis mnltifariam, verborum et sententiarum clausulis, veluti sarcitani et explieutius reddilum, et ad contiauandatn liistoriæ seriem meJius esse dispositum ». Dans le dévoloppemeot de ce thème, Pereira suit Mæs de très près.

2. Petilateuchus, Anvers, 1625, p. y.3-94 ; Ayant allégué certains des passages qui font difficulté sous le calame de Moï^e [Gfn., xiii, IS ; xiv, 14 ; Num, , xii, 3 ; xxi, 14, 15 ; etc.) il dit : c< Sed nibil vetat dicere hæc et alias id genus paucuUis sententias postea ab Uagiographis Scriptoribus locis suis additas fuisse, a Moyse toiuiu horum librorum corpus, exceptisbis pauculîs, quæ poslea accessere, esse formatum)ï. — Josue, Judlces et liutfi, Paris, 1()31, p. I.S.'i (à propos de Jos., xxiv, 26) : « Scripsit qnoqne arnnia verba /lacc m voLuniine legls Domini. liitelli^ril, ut recle Masius et Serarius, de admonitionibus et stipulationibus, quos Josue in præcedentibus fecerat, ac populi deinde i’e.<-pon810nibus, publicaque reiigionis suae, quam fecerat, pi-ofessione ; uno verbo, scripsit Josue verba rcnovati foederis aeu quæ in eo dicta factave essent. Sed quodnam illiul volumen ? Respondoo volume » istud intellîgî, inquo.Moyses Deuterononiuni consci’ipserat…, equo verisiuiiliter Iticta suiit et proposita illa præcepta et judicia, de quibus agit versus praccedens ».

3, Conunentarius in Sacrant Scripturain, edit. novîssima, Lyon, 1702, t. I. p. 74. A propos de Deut., xxxiv, 6 : « Et quibus eliain vcrbis patet, boeo non a Moyse, sed ab alio quopiam buic libi-o inserta fuisse, et verisimilius a.ïosue successore ilîius, et rerum post morlem ejus gestarum

« ccurato scriplore, ut patebit ex Hbro sequenti. Quin imo

totum hoc caput. et plura quoque alia loca ab eodem Josue hînc inde in Peiitateucho, maxime ubi Moyses effuse laudatur, inserta fuisse, ]^lurimorum est opinio, qui.>d censeant, viruni tam modestumiii laudes proprias numquam ta m ample excursurum ». On lira aussi avec intérêt ce

On insistait sur Gen., xiii, 18 (yid. supy. 11) ; A’uni., XII, 3, éloge que Moïse n’avait pu écrire à son propre sujet ;.Vu ; », , xxi, 14, 15, mention el extrait du Li^'re des Guerres de ïahu’eh ; / eu<., xxxiv, 5-ia, récit de la mort de Moïse.

13. — 2°) La question était étudiée avec beaucoup plus d’indépendance chez les reformés. Le Hollandais Eriscoi’ius (1650)', le pliilosophe anglais Hobbks (1651)-, le calviniste Isaai ; i>b la PiiVRisnE (1655)3, faisaient des constatations et émettaient des théories dont plusieurs ont été retenues. Toulefois c’est avec B.vnucu Spinoza (1650) que l’on voit s’esquisser un sj’stème proprement dit de critique littéraire et historique.

a) Le Pentateuque actuel ne saurait être de Moïse ; la manière dont on parie de lui à la 6" pers., les éloges qu’on lui décerne supposent que la rédaction est l'œuvre d’un tiers ; les passages tant de fois allégués nous reportent à des dates bien postérieures au grand [)rophète. — / ;) Ce n’est pas à dire que le Pcnlateaqiie ne renferme pas de traces de cette activité littéraire que des textes explicites attriliuent à Moïse. On ferait volontiers remonter jusqu'à lui le Livre des Guerres de Yaluveh. Spinoza met aussi à part le Code de l alliance (Ex., xx, 22-xxiii) et l’idenlilie avec « les paroles de Yahweh et ses jugements », dont il est question £x., xxiv, 3, /|. Mais cette activité est impossible à préciser par delà les retouches

qui en ont atteint les résultats c) L'œuvre actuelle

vient d’Esdras et a été réalisée eu deux étapes. La loi promulguée par le prêtre-scribe (A’e., viii-x) n’est autre que noire Deuiéronorue, qui forme un tout à part, dont la connaissance était particulièrement indispensable au peuple. Après l’avoir publié, Esdras l’inséra, à la place qui lui revenait, dans un récit comprenant toute l’histoire du peuple juif depuis la création jusqu'à la ruine de JtTusalem. Le Pentateuque se trouve ainsi constituer une sorte d’Introduction aux autres livres historiques du Canon. — d) Pour réaliser son œuvre, Esilras s’est servi de documents anciens. Mais, d’une part, il a retouché les sections législatives pour les mettre en harmonie avec les besoins de ses contemporains ; d’autre part, il n’a pas coordonné selon une méthode précise les extraits historiques. De là les répétitions et les incohérrncfs que l’on peut facilement relever ; Spinoza s’attache de préférence à celles qui ont trait à la chronologie.

14. — 3") C’est pour lui répondre que Richard SiMox composa son Histoire critique du Vieux Testament (1685). — fl) D’après le célèbre oratorien,

iu ;  ; emout de Cornélius a Lapide [Commentaria in Pentateuciium Mitsin..-ir^umentunt. édil. Vives, Paris, 1806, t. I, p. 27) : « Ubi adverte Mosen Pentateuchum simpliciter coDscripaisse per modum diarii vel annalium ; Josue tamen, vel quein simitem eosdcui bos.Ylosis annales in ordiiiem digessisse, distinxisse, et sent « ntias nonnullas addidisse et întexuissen.

Noter que Tirin ne parle que d’additions fuites par Josué.

1. Opéra theotntiica, Amsterdam, 1650. I Insîitntiones theologtcæ in quatuor libros distinctac, lib. II, De Revelaiione Mosl fada, seciio l. De leîfe iTosis in génère, p.49-G0, mais surtout sectio v, De libris Veterii Tesiamenti, p. 217. — Œuvre posthume ; Epi.-tcopius était mort en 1643.

2. LevlatUan or the niatter, forme and power of a Cornmonwealtit ecclesiasticat and civil : Londres, 1651. Part III, cap. xxxni, Of the Nu/nber,.-i ntit/uity, Scope, Aûihoriiy and l nterpreters of the Books of ïfoty Scripture, p. 200.

^i. Præadamïtæ sive Exercitatio r^uper i^eraihus 12, 13, î'i capitis t Epistolæ D. Patili ad Romanos, 1655 ; Pars I, lib. IV, cap. i el II, p. 16'. » -185.

4. Tractaius tlieoloi^ico-poUticus, 1670 ; cap. viii-ix ; édit. Tauchnilz, t. III, p. 125 « v. ; Irad. Appuhn, Paris, 1913, l. II, p. 180-190.