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MOÏSE ET JOSUÉ

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Si carilale compaginamur, si calholico nomine et /ide gaudemus. Credamits, fratres ; quantum quisqne amat Ecclesium Christi, tantum habet Spiritum Sanctum (in. fo., Iracl. xxxii, 8 ; P. L., XXXV, 1645).


MOÏSE ET JOSUÉ. — 1. — Le nom de Moïse est inséparable de celui de Josué. — En premier lieu, le fondateur de la nation juive a, pendant une partie notable de sa carrière, compté le (ils de Nun parmi ses auxiliaires les plus dévoués ; il l’a constamment trouvé docile à ses ordres et à la voix de Yahweli. — Mais, en deuxième lieu, c'était Josué qui devait compléter et mener à bonne fin l'œuvre de Moïse. Celui-ci avait, sans doute, tenu un rôle admirable et d’une incomparable importance. Il avait tiré les enfants d’Israël de la maison de servitude ; il les avait fait sortir de l’Egypte, où les pharaons les opprimaient. Au Sinai, il avait créé, en même temps que le lien qui devait unir Israël à Yahweli, celui qui enserrerait en un tout organique les divers éléments constitutifs du peuple de Dieu. Puis, comme à toute nation il faut une patrie, il avait conduit les Uls de Jacob vers la demeure que le Seigneur avait promis aux patriarches de donner à leur postérité. Il ne devait pas toutefois introduire Israël en Canaan ; il s’arrêterait au pays de Moab, en vue de la terre où coulaient le lait et le miel. A Josué de passer le Jourdain et, par les victoires magniliques de Jéricho, de Ilaï, de Gabaon, des eaux de Mérom, d’assurer aux émigranis un séjour délinitif ; à Josué, en un mot, d’acliever l'œuvre de Moïse. — En troisième lieu, entin, les livres qui nous reUacent les missions de ces hommes de Dieu présentent entre eux les plus étroites allinités. On a toujours remarqué les points de contact par lesquels ces deux œuvres se rattachent l’une à l’autre, un peu comme les deux parties d’un même tout. La critique moderne a encore accentué ces traits de parenté. Elle unit, sous le nom A’IIerateuque, le livre de Josué et les cinq livres de la Loi ; elle prétend qu’ils sont réductibles aux mêmes documents, que ceux-ci, à une exception près, poursuivaient leurs récits depuis l’origine du monde, ou au moins depuis l’origine du peuple de Dieu, jusqu'à l’entrée des Israélites en la Terre Promise ; elle soutient que l’histoire de ces livres a connu les mêmes vicissitudes. Bref il est devenu pratiquement impossible de suivre les controverses récentes sans adopter, au moins provisoirement, cet usage et cette terminologie.

Pour toutes ces raisons, pour la seconde en particulier, nous traiterons en cet article et de Moïse et de Josué. — Une première partie sera consacrée aux sources d’information. — La seconde aura pour objet l'œuvre même de ces hommes de Dieu.

Première Partie

SOURCES D’INFORMATION

2. — La principale, à beaucoup près, est constituée Tpave Pentateuque et le livre de Josué : aussi est-ce à ces documents que nous réserverons très principalement notre attention. Une seconde section toutefois aura pour objet les sources extrabibliques.

Premiers Section

Le Pentateuque. — Le livre de Josué

3. — Notre but, en parlant de ces ouvrages, n’est pas de traiter les diverses questions qui s’y rattachent ; on en trouve l’exposé dans toutes les Inlroducliunsi’i iJncien Testament. Le problème que nous

avons à résoudre est celui-ci : Quelle confiance pouvons-nous donner au Pentateuque et k Josué pour la reconstitution de l’iiistoire des deux premiers chefs du peuple de Dieu ? Ce problème trouve sa raison d'être dans les controverses qui ont défrayé les études bibliques au cours du xix' siècle et qni, anjourd’liui encore, s’imposent à l’attention des exégètes ; sa solution dépend de l’attitude que l’on adoptera en présence des systèmes qui font l’objet de la discussion. Ici encore, force nous est de procéder à des éliminations. Il ne s’agit pas de faire un exposé tant soit peu compréhensii' du débat, de son liistoire, de ses phases diverses. Cette œuvre a été, maintes fois déjà, réalisée dans les Encycloi)édies et Dictionnaires qni, d’une manière ou d’une autre, s’intéressent à la Bible ; en France en parliculier, nous pouvons consulter avec grand prolit l’ouvrage de M. M.^ngenot, /.utlienticité mosaïque du Pentateuque (1907). Le point de vue spécial ilu Dictionnaire auquel notre article est destiné nous indique la marche à suivre en notre exposé. Ce qu’il nous faut avant tout préciser, c’est la situation actuellement faite à l’apologétique catholique dans les débats relatifs à l’authenticité et à la valeur historique du Pentateuque. La question sans doute est pratiquement résolue par la décision que la Commission Jliblique a promulguée le 27 juin igo6. Aussi ne manquerons-nous point d’accorder à ce décret toute l’attention désirable. Il faut toutefois le reconnaître : l’inlelligçnce de la décision ne peut qu'être singulièrement facilitée par une esquisse historique dont le but principal sera de mettre en relief l’attitude qu’au cours des siècles, l’Eglise a gardée en ce domaine. De là le sous-titre et les divisions qui suivent :

Aperçu historique de la queslon du Pentateuque au sein de l’Eglise catholique.

I. Chez les Pères.

II. Au A’VI' siècle.

III. Au AVIf' siècle.

IV. Au XVIIl' siècle.

V. Au -V/.V siècle.

VI. Hypothèse grafienne.

VII. Exposé de la théorie documentaire.

VIII. La théorie documentaire et les exégètes catholiques,

IX. Art décision de la Commission biblique.

X. Après la décision de la Commission biblique.

XL Conclusions.

Historique de la question du Pentateuque au sein de l’Eglise catholique
I. Chez les Pères

4. — ^ i'>)On peut, sans exagération aucune, parler de l’unanimité complète des Pères de l’Eglise au sujet de l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Toutefois un texte de l’apocryphe IV Esdras exerça une grande influence sur les sentiments de plusieurs d’entre eux touchant la composition du Pentateuque actuel. D’après le récit de sa septième vision (/F Esdr., XIV, 18-47), Esdras, ayant reçu de Dieu la mission d’instruire et de réprimander le peuple au déclin des temps, lui répond que le livre delà Loi a été brûlé (sans doute pendant l’exil), qu’en conséquence personne ne sait ce qui est arrivé ni ce qui doit advenir. Il le prie donc de lui envoyer l’Esprit-Saint pour qu’il puisse écrire tout ce qui s’est passé depuis l’origine et qui se trouvait dans la Loi. Dieu dit alors à Esdras d’annoncer au peuple que, quarante jours durant, il sera soustrait aux regards ; il l’invite à prendre avec lui cinq scribes très rapides et lui promet ses lumières. Après avoir exécuté l’ordre divin,