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MODERNISME

nom même indique : la pénitence n’en olTre pas trace.

— La pénitence n’a pas pour (in, comme le baplênie, de constituer l’être surnaturel par une « nouvelle naissance », mais, comme le disent les Pères, de

« guérir les plaies « survenant ensuite. ()e sont donc

des sacrements très différents, comme le montre le Concile de Trente (sess. xiv, cap. II i, et absolument irréduclibles l’un à l’autre.

Prop. 44 : « Hii’" ne /jroiive <jue le rite du sacrement de confirmation ait été pratiqué par les apôtres : la distinction formelle des deii.r sacrements, baptême et confirmation, n’appartient pas à l’histoire du christianisme primitif, a

Le diacre Philippe baptise beaucoup de monde à Samarie..-V cette nouvelle, les apôtres Pierre et Jean viennent de.lérusalem et imposent les mains aux nouveaux baptisés pour qu’ils reçoivent le Saint-Esprit (.4cles, VII, 14-25). Ce récit nous montre dès l’âge du christianisme primitif un sacrement distinct du baptême, ayant pour but d’achever la formation du chrétien en lui donnant l’Esprit saint. Voir la très ample discussion de ce texte dans le Dictionnaire de théologie^ art. Confirmation dans la sainte Ecriture, igo’ ;. Le rite est pratiqué par les apôtres, au moins sous la forme d’une imposition des mains accompagnée d’une prière en harmonie avec la tin du sacrement.

En vain atlaquerait-on la distinction du baptême et de la conlirmalion en partant de ce fait, que dans les premiers siècles nous les voyons toujours conférés ensemble et par le mêiue ministre. N’ajoulait-on pas l’Eucharistie, qui de l’aveu de tous est distincte du baptême ? Deux ou trois sacrements peuvent dans l’usage ordinaire s’accompagner toujours sans se confondre jamais. Et de fait les Pères admettaient dès lors, que le baptême et la conlirmalion pouvaient se séparer, par exemple si en fait de ministre il ne se trouvait qu’un diacre, qui peut donner le premier sacrement, et non le second. Voir, pour l’Orient, saint Gyeii.le de Jkkusale.vi, P. G., XXXUl, 956 ; pour l’Occident, saint Cyprien, P. L. III, I115. Ils font remarquer que le diacre Philippe a pu baptiser, mais que les apôtres ont dû venir conlirmer. — Quant à l’antagonisme entre le Concile de Trente et toute hypothèse qui dédouble un sacrement, voir la prop. 43.

Voilà tes principaux procédés de la nouvelle théologie sacramenlaire. On pourrait signaler encore celui qui consiste à arguer de l’ignorance des auditeurs du Christ. « Pensez-vous que les apôtres, pendant la dernière Cène, aient eu l’idée bien nette de la transsubstantiation, de la permanence du Christ tout entier sous les espèces du pain et du viii, qu’ils aient eu conscience d’être désormais des prêtres ? » etc. Comme si l’ignorance des apôlres encore grossiers était la mesure de tout ce que le Christ a voulu enfermer dans le sacrement ! Comme si ses paroles n’étaient pas destinées à être éclairées par l’Esprit Saint, méditées, approfondies et enfin comprises !

On doit signaler aussi le singulier sophisme qui consiste à nier l’existence d’un sacrement dans l’Eglise primitive parce que les théologiens n’en avaient pas fait encore la théorie, par exemple :

Prop. 51 : » Le mariage n’a pu devenir un sacrement de la nouvelle Loi qu’à une époque tardive ; car pour qu’il fut regardé comme un sacrement, H fallait avoir d’abiird l’explication ihéniogique complète de la doctrine de In grâce et des sacrements. »

Autant vaudrait dire qu’une langue ne peut exister, avant qu’on ait fait la grammaire et le dictionnaire ; qu’une cause ne peut agir, avant d’être parfaitement connue ; que l’action, avec sa connaissance confuse, ne peut précéder la spéculation.

Arrêtons là notre étude, déjà longue. N est-il pas vrai que plus nous avançons dans l’examen attentif de ce décret du Saint-Siège, plus nous en découvrons la sagesse ?

Stéphane Uahent, S. J.

IV

Foi et Uogmr

Les propositions qui nous restent à étudier se rapportent, l’une anx conilitions de la foi, l’autre à l’objet de la foi, le reste, an développement du dogme tel que l’a conçu M. Loisy. Lii condamnation de la première a pour but de rappeler à tous les catholiques un principe qui domine toutes les méthodes d’ai>ologétique. La seconde rejette l’essai d’application au dogme du pragmatisme, traité par M. Lu RoY. Le préambule du décret Lamentalnli regrette que certains autours calholiques aient dépassé les limites de la foi traditionnelle, sous couleur d’études plus approfondies et sous prélexle de vérité historique ; et il ajoute qu’ils ont cherché un progrès des dogmes tel qu’il en est en réalité la ruine : eum dogmalum progressum quæriiut qui reipsa eorum corruptela est. Combien cette appréciation est exacte, les lecteurs des trois études qui ont précédé celle-ci, n’ont pas manqué de s’en rendre compte. Il ne reste plus qu’à essayer de poiter la lumière sur quelques points encore des doctrines condamnées.

1" La question apologétique. — Prop. 26 :

« /.’assentiment de foi repose en dernier lieu sur un

ensemble de probabilités ». — Celle proposition, telle qu’elle vient d’être rapportée, est en contradiction avec une doctrine admise par tous les théologiens, à savoir que le premier acte surnaturel de foi du néophyte n’est pas possible, avant que le néophyte ne soit parvenu à un jugement pratique moralement certain sur les motifs de crédibilité du fait de la révélation divine. Pour croire, il faut avoir des raisons decroire ; |)our croire au fait de la révélation, il faut avoir des motifs d’admettre ce fait..Mais la doctrine catholique enseigne que ces motifs doivent, avant l’acte surnaturel de foi, donner au néophyte la certitude subjective du fait de la révélation. Cette doctrine est la conséquence de la condamnation par Innocent XI de la proposition suivante : « L’assentiment de foi surnaturelle et utile pour le salut subsiste avec une connaissance seulement probable de la révélation, bien plus, avec la crainte actuelle que Dieu n’ait pas parlé ». D. B., 1171 (io38). On conclut de la condamnation de cette proposition qu’il est nécessaire, pour faire un acte de foi surnaturelle, d’être parvenu au moins à un jugement pratique, moralement certain, du fait de la révélation. Cette conclusion se prouve en théologie par des arguments directs qu’il est inutile de rapporter ici, puisque notre but n’est pas précisément de prouver, mais de rappeler la doctrine de l’Eglise. La condamnation de la proposition 25 n’ajoute rien à la doctrine admise, elle ne fait que la rappeler.

Ce rappel était opportun. On sait que, depuis quelques années, de nouvelles méthodes d’apologétique ont fait beaucoup de bruit. A l’apologétique, qu’on appelle aujourd’hui traditionnelle, et qu’il serait plus exact d’appeler l’apologétique tout court, quelques catholiques ont voulu opposer, ou substituer, ou juxtaposer d’autres méthodes fondées sur le pragmatisme. La méthode, qu’on est convenue d’appeler méthode d’immanence, s’appuie sur le principe de finalité ; des besoins et tendances du sujet, elle prétend conclure à l’objet. On peut contester, et on a