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LOURDES (LE FAIT DE)

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déclarons loyalement qu’elles nous sont restées inconnues.

a" On remarquera que le total annuel d’est plus aussi élevé dans les dernières années du tableau. En réalité cependant, le nombre des guérisons ne parait pas avoir diminué. La dilTérence constatée tient à ce que le bureau médical devient, par prudence, de plus en plus dil’licile. C’est de plus en plus, par exemple, qu’il écarte les maladies nerveuses, l’oririne surnaturelle de la guérison, dans ces maladies, pouvant prêter au doute. Ainsi, dans la première statistique que nous avons dressée, celle qui allait de 1858 au i' septembre 1904, on en comptait 255 sur un total de 3.353. C’est-à-dire que, jusqu’en 1904, les guérisons des maladies nerveuses formaient le douzième ou le treizième de l’ensemble, tandis que, dans les quatre ou cinq dernières années du tal)leau, elles ne représentent plus qu’un trentième : on en relève i sur 30, au lieu de i sur 13.

Evidemment ce n’est pas le nombre des maladies nerveuses qui a fléchi, ni apparemment celui des guérisons dont elles sont l’objet. C’est la manière d’enregistrer ces cas suspects, qui est devenue de plus en plus rigoureuse et sagement défiante.

3" Le tableau précédent n’énumère que les guérisons constatées au Bureau médical. Or tous les malades qui guérissent ne déclarent point ofliciellemenl leur état avant de partir, il s’en faut bien. En comparant ceux que les médecins de Lourdes ont vus et ceux dont les comptes rendus particuliers des pèlerinages publient les noms et l’histoire, il est facile de s’apercevoir que le Bureau médical ne connaît pas, sans doute, plus delà moitié des guérisons ; peut-être même n’en connait-il pas plus du tiers. Le défaut de temps, au moment du départ, et aussi l’ennui de se soumettre à une sorte d’examen public, arrêtent beaucoup de malades, qui ont retrouvé la santé. — Et cependant l’ensemble des grâces miraculeuses, guérisons et améliorations, dont les autorités de la Grotte sont parvenues à avoir connaissance jusqu’en I9141 dépasse, d’après nos statistiques, quatre mille quatre cents.

On arriverait à plus de neuf mille en ajoutant les autres, celles qu’on n’a pu olliciellement enregistrer à Lourdes et que les directeurs et les membres des divers pèlerinages ont vues pourtant de leurs yeux. 5) I’ature des maladies guéries. — Ce qu’il y a d’aussi remarquable que le nombre des guérisons obtenues, c’est la variété des maladies qui en ont fait l’objet. La cause, qui guérit les malades à Lourdes, n’agit pas à la façon d’un remède naturel : le champ, où sa vertu opère, n’est pas spécial et limité. Elle atteint les maux les plus différents et, en même temps, les plus graves. L’auteur de ces pages a dressé une liste de ces diverses maladies, pour lesquelles elle est heureusement intervenue, depuis le début des manifestations jusqu’à ces derniers temps. Or, le total n’est pas bien loin de deux cents (V. Histoire critique des événements de Lourdes, édition complète, 40" mille, appendice n" 11). Il est bien entendu que certaines maladies ont donné lieu à plus de cas de guérison que certaines autres ; c’est aussi qu’elles sont plus répandues. Mais, en réalité, il n’y a pas de domaine, particulièrement assigné à l’action bienfaisante, qui améliore la santé ou la restitue même dans sa plénitude.

C’est une mode de prétendre qu’on ne voit s’atténuer ou disparaître au pied de la Grotte que les affections nerveuses. Pour parler ainsi, il faut n’avoir jamais étudié la question. Que des affections nerveuses guérissent à Lourdes, ce n’est pas douteux. Eh ! pourquoi voudrait-on que ces maladies-là fussent exceptées ? Il en est même, parmi celles qui

guérissent, d’une telle gravité que, relativement à la cause qu’elle appelle, leur guérison équivaut à celles des maux organiques les plus dangereux. Elles sont naturellement incurables. Un spécialiste éminent, qui s’est beaucoup occupé des nerfs, le IV Guassbt, de Montpellier, nous disait un jour : it On affirme rpi’à Lourdes on guérit l’hystérie. Si l’on guérit l’histérie, on fait le plus grand des miracles. »

Aussi ne voit-on pas de telles cures se produire ailleurs. Il y a quelques années, on usait beaucoup, dans de céîèlires salles d’hùpitaux, de ces maladies et de ces infortunés malades, pour se livrer à des expériences intéressantes ; mais on ne les guérissait jamais. Les visiteurs privilégiés y revoyaient éternellement les mêmes sujets.

Quant aux troubles nerveux moins importants, sur lesquels une vive émotion est parfois capable d’agir, il se peut que, lorsqu’ils disparaissent à Lourdes, le résultat soit dû à une cause naturelle ; mais il se peut aussi qu’il vienne de plus haut. En tout cas, l’apologiste doit les négliger.

Mais ce ne sont pas certes les cas les plus fréquemment observés par le Bureau médical. Il s’en faut, et de beaucoup. Car toutes les affections nerveuses réunies, en y comprenant les plus graves, ne fournissent pas même la quinzième partie des guérisons. El même, nous l’avons dit plus haut, la proportion décroît chaque année. Au total, on en compte 285 sur un ensemble de 4, /|45 cas divers, observés depuis l’origine.

La tuberculose, sous toutes ses formes, présente, à elle seule, un contingent bien plus élevé.

La tuberculose pulmonaire, la tuberculose osseuse, la tuberculose intestinale, les tumeurs blanches, le lupus, le mal de Pott, la coxalgie, etc., ont donné lieu à 892 guérisons, parmi celles qui ont pu être relevées.

En outre, et sans vouloir tout citer, si l’on parcourt nos statistiques, on trouve 69/, cas pour les maladies de l’appareil digestif et de ses annexes, 106 pour les maladies de l’appareil circulatoire, dont 61 pour celles du cœur, 182 pour les maladies de l’appareil respiratoire (bronchites, pleurésies), 69 pour les maladies de l’appareil urinaire, 143 pour celles de la moelle, 530 pour celles du cerveau, 155 pour les affections des os, 206 pour celles des articulations, /|2 pour celles de la peau, 119 pour les tumeurs, 5/16 pour les maladies générales et les maladies diverses, dont 170 pour les rhumatismes, 22 pour les cancers, et 54 pour les plaies.

Signalons aussi spécialement 55 aveugles, qui ont eu le lionheur de voir, et 2/1 muets qui ont recouvré la faculté de parler, tandis que 82 sourds recouvraient celle d’entendre.

Sous les réserves indiquées plus haut, pour beaucoup de cas dont la connaissance précise nous échappe, voilà un aperçu, et un aperçu incomplet, des bienfaits de tout genre que les malades ont obtenus autour de la Grotte miraculeuse.

Ces guérisons, si nombreuses et si variées, font une impression profonde sur tout esprit sérieux, qui prend la peine d’y réfléchir. Et, comme il n’est vraiment pas possible d’en mettre en doute la réalité, si l’on est résolu à écarter l’action du ciel, qui les explique facilement, on est obligé de chercher l’explication dans une cause naturelle, quelle qu’elle soit. L’incrédulité a fait plusieurs tentatives dans ce sens ; le moment est venu de les étudier.

2" Le surnaturel dans les quèrisons. — Il faut une cause à tous les faits ; c’est une loi de la nature. Examinons donc, l’une après l’autre, les diverses solutions que les ennemis du surnaturel ont proposées au grave problème de Lourdes.