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MARTYRE

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eurs têtes portées à l’empereur Basilidcs. Envoyés

; n Afrique par la fameuse « Eminence grise », le

'. Joseph du Tremblay, d’autres Franciscains, les 'P. Agathangeet Cassien, furent, en 1638, condamnés i mort par le même prince : on les pendit avec la

: orde franciscaine et, comme ils respiraient encore, 

a foule les acheva en leur jetant des pierres. Des iignes merveilleux ont suivi leur martyre. Ils ont

! té licaliliés par Léon XIII en igo’i (voir Ladislas de

Vannes, Deux martyrs capucins, les SB. Agathange ie Vendôme et Cassien de Nantes, Paris, igoS). Trois lutres missionnaires franciscains, après avoir réussi i s’implanter sur les monts du Oualkaït, et à y trarailler dans le silence, sous le règne et grâce à la 'aveur du roi Jostos, furent lapidés en pleine place publiqucdeGondar, en 1762 (Les Missions catholiques rançaises, t. II, p. iii-a6).

Le xix' siècle vit aussi en Abyssinie des confesseurs et des martyrs. Jaloux des succès apostoliques le Mgr de Jacobis, l’ubouna Salama, évêque copte le Gondar, suscita contre les catholiques une vioente persécution. « Elle fit blendes ravages dans le jercail à peine formé, et fit discerner ceux qui étaient vraiment catholiques de coeur. Mais les robustes précrèrent l’exil, et trois des plus distingués les chaînes il la torture. D’autres suivirent, et en particulier ine jeune vierge de Gonala. Oualette-Semaët, « flUe les martyrs », digne de ce nom, et dont le courage

; ous les verges de l'évêque hérétique rappelle la

'orce surhumaine de Cécile » (ilnd., p. 28 ; lettre de lgv de Jacobis, 13 décembre 1853).

Sous le règne tyrannique de Théodoros, la persé ; ution redouble de violence. Mgr de Jacobis dut se éfugier à Massouah ; cinq ecclésiastiques indigènes "urent emprisonnés par le cruel et dissolu Salama. Quatre d’entre eux purent être délivrés après plusieurs mois de captivité ; l’autre, l’abba GebraMichatl, fut conduit au camp de Théodoros. « Ce fut pour iui le martjre, mais un martyre remarquablement glorieux et extraordinaire. Des tortures où tous les lémoins le croyaient resté mort sur place, il se relev’ait paisiblement, sans aucune trace des coups de rouets et des plaies sanglantes. La foule émerveillée

; riait au miracle, et, dans ses chaînes, garrotté et

humilié, le vénérait comme un saint que déjà Dieu 'loriliait. Cependant, traîné dans les fers, à la suite des hordes impériales, du Sémien jusque dans le Lasta, il avait perdu ses forces : épuisé de fatigues, iccablé de coups, anéanti par la dysenterie, il mourut dans le camp de Tliéodoros, sur les monts Lasta, le 13 juillet 1855. » (Iliid., p. 27.)

Ce n’est que sous le règne réparateur de Ménélik, à partir de 1889, que le catholicisme put de nouveau se répandre librement en Abyssinie et dans le pays des Gallas.

Voir encore Demimuid, Vie du t'énérable Justin de Jacobis, Paris, igo6, et Histoire de la fondation d’une mission catholique au X/A' siècle, dans Revue pratique d’Apologétique, ig15 ; Massaïa, / miei trentacinque anni di missione dell’alta Etiopia, Rome, 1885-1888 ; Froidevaux, Abyssinie (missions au XIX' sièclel, dans Dict. d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. I, col. 227-235.

7. Afrique centrale. — L’Afrique fut toujours la terre des martyrs. Aucune contrée de l’Empire romain n’en compta un aussi grand nombre que les provinces atricaines, et les Vandales ariens y répandirent, au vie siècle, le sang chrétien avec autant de profusion que les anciens persécuteurs. Quand les invasions musulmanes y eurent effacé toute trace de christianisme, de nombreux Européens et même des indigènes convertis moururent pour le Christ dans

les divers Etats barbaresques. On vient de voir les martyrs faits depuis le xin'= siècle jusqu'à une époque avancée du XIX » dans l' Abyssinie schismalique. La persécution avait à peine cessé dans cette contrée à demi civilisée, qu’elle éclatait au centre du continent africain : nous y rencontrons des martyrs qui, malgré les différences de couleurs, d'époques et de races, rappellent, par les sentiments et le courage, ceux des premiers siècles.

Les Pères blancs du cardinal Lavigerie ont pénétré en 1879 dans le royaume de l’Ouganda, au nord du lac Nyanza, voisin des sources du Nil. Les prolestants et les musulmans s’y disputaient les âmes des Noirs, fétichistes, mais remarquablement intelligents, (]ui peuplaient ces régions. Malgré de premiers succès d'évangélisation, les missionnaires catholiques furent bientôt obligés de se retirer. Ils revinrent en 1885 : un nouveau roi, Mouanga, proclama la liberté religieuse ; de ncunbreuses conversions s’opérèrent. Mais, effrayé par les menées des Anglais et des Allemands sur la côte du Zanzibar, il changea d’idée, et résolut d’anéantir le christianisme. J’emprunte à Mgr Le Roy, supérieur des Pères du Saint-Esprit, le récit de la persécution, qui d’abord atteignit les seuls catholiques :

« La première victime fut Joseph Mkaça, chef des

pages et conseiller du roi… Il fut condamné à mort, et, afin qu’il ne pût pas l’attaquer au tribunal de Dieu, Mouanga fit tuer un autre de ses gardes et mêler soigneusement les cendres des deux victimes. Les deux néophjtes édiCèrentlesbourreaux par leur grandeur d'âme. Quelques jours plus tard, le roi perçait lui-même de sa lance un chrétien surpris à instruire un de ses compagnons… Le 16 novembre, il passa la revue de ses pages : « Que ceux qui ne prient pas avec les Blancs passent de ce côté. » Trois pages seulement lui obéirent ; ils étaient païens. « Je vais vous faire mourir », dit-il aux autres. — « Maître, nous sommes prêts. » Déconcerté, le monarque remit l’exécution à plus tard.

« Pendant les nuits suivantes, les catéchumènes, 

qui avaient à peu près fini ieur temps de probation, vinrent demander le baptême. Il y en eut jusqu'à io5 régénérés en une semaine. D’autres venaient recevoir le pain des forts pour se préparer au supplice du lendemain. Comme à l'époque des catacombes, les nuits se passaient en prières et en pieux entretiens.

« Le a6 mai, on conduisit les jeunes pages, au

nombre d’une trentaine, sur une colline où étaient amassés des roseaux secs. Les bourreaux en enveloppèrent, à pleines brassées, les corps de chacune des victimes et placèrent les uns à côté des autres ces fagots vivants. On y mil le feu du côté des pieds, dans l’espoir qu’aux premières atteintes de la flamme les enfants demanderaient grâce. Il n’en fut rien, cl leurs voix s'éteignirent dans de pieux cantiques. i( Si les honneurs des saints leur sont un jour déférés, s'écriait Mgr Lavigerie, nous pourrons nommer les martyrs de l’Ouganda la masse noire, pour répondre à la dénomination touchante de masse blanche donnée aux martyrs d’Utique ensevelis dans la chaux, au temps de saint Cyprien. »

d Le lendemain de cette exécution, c'était André Kagoua, un des grands chefs du pays, et jusqu’alors l’ami intime du roi, qui était livré au bourreau pour avoir converti au christianisme le fils du premier ministre. Du reste, tous les chrétiens de la cour étaient condamnés, et, l’heure du supplice ne dépendant que des caprices de Mouanga, les exécutions se succédaient assez rapidement. » (Mgr Le Roy, dans les Missions catholiques françaises, t. V, p. 436-438)