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MARTYRE

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musulman les mieux pacifiées, et gouvernées aujovird’Uui par des nations chrétiennes, il peut encore y avoir des martyrs, de vrais martyrs, punis par des fanatiques de leur refus d’embrasser la religion de Mahomet. Les faits de ce genre sont naturellement très rares, mais ils laissent voir quel est toujours, chez certains, l’état de l’àme musulmane. Dans une région encore sauvage de la Tunisie, un maraljout, par ses prédications enflammées, parvint, en 1906, à soulever le fanatisme des indigènes. Plusieurs fermes, exploitées par des Français, furent pillées. Dans l’une d’elles, le colon et les membres de sa famille sont mis par les insurgés en demeure d’abjurer le christianisme et de se faire musulmans. Us eurent la faiblesse de céder. Près de là se trouvait un dépôt de remonte, dont le service était fait par trois cavaliers. Deux parvinrent à s’échapper, mais le troisième, fait prisonnier, accepta la circoncision pour éviter la mort. « Evidemment, écrit un correspondant, ces conversionsn’ont été, pour ces malheureux, qu’un expédient, et nul n’a pu les croire sincères, pas même les Arabes qui les ont imposées. Aussi devons-nous d’autant plus admirer ce paysan italien, cet humble riistico, qui a pensé qu on ne déserte pas une religion plus qu’on ne déserte un drapeau. Del Rio Gesomino était domestique à la ferme Bertrand. U venait d’assister à l’abjuration de tous ses maîtres el leur exemple ne l’a pas entraîné. Il a consenti à répéter la formule du Coran : II n’y a qu’un Dieu. » Mais il a refusé de reconnaître Mahomet comme son prophète. Il n’a pas voulu se sauver par un mensonge, et a su mourir en héros. Abattu d’abord à coups de sabre, il a été, dit-on, brfilé à petit feu. » (Journal des Débats, 15 mars 1906)

VU. — Le mahtvuk et lb scuisme cniico-nussE

1. La persécution de l’Eglise uniate : les piemieis martyrs de l’union ; saint Josaphat et le bienheureux André Bobola ; les trois partages de la Pologne, la perst-cution sous Catherine II ; la persécution sous Nicolas 1’"', les martyrs du clei"gé uniate, la mère Makrina et les religieuses basiliennes, les paysans martyrs, la persécution sous Alexandre II, les paysans lithuaniens, le diocèse polonais de Ghelm, les apostats de 1875, les confesseurs et les martyrs ; la persécution sons Alexandre III ; l’état présent des uniaies. 2. La persécution de l’Eglise latine t interdiction dp la propagande catholique ; interdiction de la correspondance avec le Saint-.Siège ; suppression de paroisses et de couvents.interdiction aux prêtres latins d’assister les uniates. 3. Conclusion : les motifs d’espérance.

L’histoire des martyrs faits par le schisme grec eut surtout pour théâtre les contrées soumises à la Russie, et particulièrement les provinces polonaises que les trois partages de 1772, 1798 et 1795, puis les traités de 181 5, firent passer sous la domination moscovite.

La malheureuse Pologne avait été, malgré les défauts de son peuple et les vices de sa constitution, si profondément pénétrée de catholicisme, que ses nouveaux maîtres russes virent dans la destruction de la foi et de la discipline catholiques le plus sûr moyen d’y détruire le sentiment national. Ils ne réussirent que trop dans leurs efforts, et d’immenses populations ont été entraînées au schisme par la ruse et la violence ; mais la résistance de l’âme polonaise fut attestée jusqu’à nos jours par les souffrances de nombreux confesseurs et même par le sang de nombreux martyrs : si la nationalité n’est pas éteinte, le mérite en revient pour une grande part à ces témoins de la foi.

I. La persécution des Uniates. -— a) Dans les pays situés à l’est de l’Europe et à l’ouest de l’Asie,

les fidèles de l’Eglise catholique se divisent en deux classes : les uniates, soumis au Saint-Siège, et gardant, avec l’autorisation et même les encouragements de celui-ci, leurs rites particuliers, et les latins, qui suivent en tout la discipline romaine (voir la statistique des catholiques de rite uni, dans Tournkiiize, L’Eglise Grecque-orthodoxe et l’Union, Paris 1907, p. 45-48).

Les chrétiens de rite gréco-slave unis nu siège de Rome étaient, au commencement du xviu= siècle, très répandus en Pologne, et suriout dans les provinces orientales dépendant du royaume, Lithuanie, Ruthénie, ’Volhynie, Ukraine. Leur union, ou plutùt leur retour à l’unité catholique, encouragé par les Jésuites et par le roi Sigismond III, s’était fait dans les dernières années du x^i’siècle. Froissés par les exactions du patriarche de Gonstantinople, émus du déplorable état où depuis le schisme étaient tombés leur clergé et leurs fidèles, les évêques de la Russie Blanche et la Petite Russie s’assemblèrent le 2 décembre 1694, et décidèrent, d’un commun accord, de passer sous la juridiction de l’Eglise romaine, suivis tantiim et in integrum observatis cærimoniis et ritibus cultus diyini peragendi et sanctorum sacrant entorum jui ta consuetudinem Ecclesiæ oricntiiUs. L’année suivante, 12 juin 15(j5, les mêmes évoques tinrent un synode dans la petite ville lithuanienne de Bresl-Litowsk, et rédigèrent un acte d’union, que deux d’entre eux furent chargés de porter à Rome, avec mandat de négocier avec le Pape pour le maintien du rite slave ainsi que des privilèges possédés ab antiquo par l’Eglise ruthène. Clément VII leur accorda toutes leurs demandes, sous la condition d’adhérer aux décrets du concile de Florence, et donna au métropolitain le pouvoir d’instituer les évêques, après avoir fait confirmer à Rome sa propre élection. Dès lors, l’Eglise ruthène-unie fut l’ondée (voirie livre de Mgr Likowski, évêque suffragant de Posen, Die Riithenisch-romische Kirchemereinigung genanni Union zu Brest, Fribourg-en-Brisgau, igoÀ ; analyse parle P. Palmieri dans lievue d’histoire ecclésiastique de Louvain, avril 1906, p. 887393).

Cette fondation a été presque aussitôt consacrée par le martyre. Les partisans obstinés du schisme n’avaient pas vu sans colère le triomphe de l’unité catholique. Nombreux sont les prêtres et les moines qui payèrent alors de leur sang leur fidélité à celle-ci : en 1C18, le basilien Antoine Hrekowicz, vicaire général de Kiev, jeté par les Zaporogues dans le Dnieper ; en 1620, un autre moine basilien, Antoine Batkiewicz, assassiné par le pope schismalique pendant qu’il disait la messe dans une église rurale du diocèse de Przemyl ; en 1621, le protopope Matthieu arrêté par les Zaporogues à Szarogorod, en Ukraine, et, sur son refus de renoncer à l’obéissance du métropolite uniate, décapité par eux ; en 1628, ces mêmes cosaques, à Kiev, tranchant la tête de deux prêtres et du bourgmestre Basilios, qui refusaient d’adhérer au métropolite schismalique. Les chefs de l’Eglise uniate sont menacés du même sort. L’intrépide métropolite Pociey est, en 1609, l’objet d’une tentative d’assassinat ; trois de ses doigts, tranchés par le fer du meurtrier, ont été conservés comme des reliques. Ruski, qui occupa de 161 3 à iC65 le siège métropolitain de Kiev, et qui mérita du pape Urbain VIII le titre d’Athanase de la Ruthénie, n’échappa qu’à graudpeine aux fureurs des schismatiques.

Son ami, l’archevêque de Polotsk, Josaphat Kuncewicz, s’était, par son zèle et ses succès, désigné à leurs coups. On voudrait pouvoir s’arrêter devant cette sainte et curieuse figure. « Ce contemporain de