Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

413

MARTYRE

414

devenu très rare fut attaché à la personne du comte d’Harcourt, ambassadeur de France près de Charles 1", et séjourna à Londres de 164 i à 1646) ; C*"’R. DE CouRsoN, Quatre portraits de femmes. Episodes des persécutions d’Angleterre, Paris, 1896 ; J. de la SKKviiiHE, Une controi’erse au début du xvii’siècle, dans Etudes lieligieuses, 5 octobre 1901, et art. -4//egeance, dans Dict. d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. II, col. 485-489 ; LiNGARD, Histoire d’Angleterre, l. II et III, trad. Roujoux, Paris, 1846 ; Dora Leclercq, O. S. B., Les Martyrs, t. VII et VIII, Paris, 1907-1908. — Sur les reliques recueillies et conservées des martyrs anglais, voir DomBEDB Camm, Helics of the English Martyrs, dans The Dublin Rewieif, t. CXXX, 1901, p. 320-344’5. Un épisode contemporain. — Peut-on dire que la liste des martyrs de la Réforme soit close ? Dans la célèbre lettre pastorale publiée à la lin de 191 4 par le cardinal Mercier, archevêque de Matines, on a lu les lignes relatives à l’invasion allemande en Belgique : a Dans mon diocèse seul, je sais que treize prêtres et religieux furent mis à mort. L’un d’eux, le curé deGelrode, est, selon toute vraisemblance, tombé en martyr. J’ai fait un pèlerinage à sa tombe… » Les détails de sa mort sont aujourd’hui connus (voir René Bazin, dans l’Echo de Paris, 18 février 1915). je les emprunte à la relation très sobre, très impersonnelle, écrite par un prêtre lazariste, M. Emmanuel Gkmarra, originaire du Paraguay, et alors étudiant à Louvain ; elle est adressée à M. Renoz, ministre de Belgique à Buenos-Ayres. Le Journal des Débats du 9 mai 1916 l’a reproduite d’après le Courrier de la Plata, du 4 mars :

« Le martyre du curé de Gelrode (près de Tirlemont

) est vrai. Seulement la communication (un article du journal La Nacion) ne porte pas les raffinements de cruauté et de basse perversité qui accompagnèrent son assassinat. L’infortuné (il s’appelait Dergent) fut emmené à Aerschot, où on le dépouilla de tous ses vêtements, et on voulut le contraindre à abjurer sa foi. Comme il s’y refusait, on l’attacha à une croix en face de l’église et on lui broya la pointe des doigts des mains et des pieds à coups de crosse. Puis on amena tous les habitants qu’on lit défiler en les obligeant à uriner sur lui, chacun à son tour. Après l’avoir fusillé on le jeta dans le canal Demer, d’oii son cadavre fut retiré plusieurs jours plus lard et déposé dans la baraque de Werchter. « 

Si le curé de Gelrode fut certainement mis à mort pour refus d’apostasier, combien d’autres, parmi les très nombreux ecclésiastiques massacrés en Belgique et dans l’est de la France pendant les années 1914 et 1916 l’ont été en haine de la religion catholique, par

« des soldats protestants fanatiques » l Ce mot est

d’un protestant et d’un neutre, le professeur hollandais GnoNDiJS, racontant des faits dont il fut témoin {Les Allemands en Belgique, Paris, Berger-Levrault, p. 19, 82, 85, gS). Les pires instincts des reilres d’autrefois ont reparu chez certains, comme une survivance des guerres religieuses du xvi’siècle.

VI. — Le martyre dans les pays musulmans

1. L’intolérance musulmane : 2. Les premiers martyrs : 3, Martyres de missionnaires ; 4. Martyres de renégats repentants ; 5. Martyres de musulmans convertis ;

6. Martyres d’esclaves chrétiens ; 7. Les martyrs du temps présent.

i. L’intolérance musulmane. — « On croit généralement que les musulmans donnaient aux nations conquises le choix entre la conversion et la

mort. C’est là une opinion fausse. Au contraire, les lourds impôts exigés des sujets non musulmans firent que l’on mit souvent des obstacles aux velléités de conversion. » (E. Power. L’Jslam, dansHuBY, Christus, 1912, p. 563) Mahomet avait « établi pour règle que ceux qui possédaient un livre reconnu par lui comme saint, une révélation qu’il reconnaissait, c’est-à-dire les juifs et les chrétiens, jouiraient de la liberté du culte moyennant le paiement d’un impôt ». (R. DozY, Essai sur l’histoire de l’Islamisme, trad. V. Chauvin, 187g, jj. 179) L’option entre une taxe spéciale, fort onéreuse, imposée aux chrétiens fidèles, et les privilèges des conquérants, accordés à ceux qui embrasseraient la religion musulmane, fut une des causes des progrès de l’islamisme, au vil" et au vin* siècle, dans les pays nouvellement soumis au croissant, en Palestine, en Syrie, en Egypte, dans l’ancienne Afrique romaine et dans le midi de l’Espagne. Mais les califes oméïades (660-750), plus politiques que religieux, loin d’exiger les conversions, s’y montrèrent plutôt contraires, pour des raisons fiscales (Dozy, l. c). En certaines contrées, cependant, le fanatisme l’emporta sur l’intérêt : l’historien arabe Ibn Kaldoun rapporte que la population berbère du littoral africain fut « contrainte quatorze fois, par la violence des armes, d’embrasser le inahométisme, que quatorze fois elle revint à sa religion, qu’enfin plus de trente mille familles chrétiennes furent déportées dans le ilésert, et que les autres n’échappèrent à l’extermination qu’en se retirant dans les montagnes » (cité par le R. P. Comte, dans Les Missions catholiques françaises, t. V, p. 50 ; cf. un autre historien arabe, Ibn Abi Yesid, cité par h. Guys, Recherches sur la destruction du christianisme dans l’Afrique septentrionale, 1865, p. 5). Cependant, même en Afrique, on le christianisme fut plus complètement déraciné qu’ailleurs, on trouve encore quelques chrétientés indigènes au xii" et au xiii" siècle, et les princes Almohades ont des soldats chrétiens dans leurs troupes (H. Leclercq, L’Afrique chrétienne, 1904, t. II, p. 3a2 ; J. Mesnage, Le Christianisme en Afrique. Eglise mozarabe. Esclaves chrétiens, Alger et Paris, igiB.p. 9, 14, 43. 69, 87, 108 ; Froidevaux, art. Afrique, dans le Dict. d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. I, col. 862).

Mais à défaut de persécutions violentes, l’islamisme fit, par d’autres moyens, de nombreux martyrs. Toute tentative d’un chrétien pour convertir un musulman était punie de mort, et tout chrétien renégat qui, touché de repentir, retournait à son ancienne religion, encourait la même peine. Elle atteignait, naturellement, tout musulman qui avait embrassé le christianisme et refusait de l’abandonner. Cette loi dura jusqu’à nos jours, car on voit encore, en 1855, deux Turcs condamnés à mort parce qu’ils s’étaient faits chrétiens. La peine de mort fut remplacée, en 1855, par celle du bannissement.

2. Les premiers martyrs. — On comprend qu’une telle législation ait, en dehors même d’une proscription complète du christianisme, fait couler de bonne heure le sang de ses fidèles. Nous voyons, en 790, un musulman converti, Abo, décapité à Tiflis, capitale de la Géorgie, sur son refus d’abjurer la foi chrétienne (voir M.

TiN0v, ^nr2. eccles. græco shu’., 1864, p. 32, et l’article du P. Palmiehi dans le Dict. d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. I, col. 139- 140). Au sud de l’Espagne, particulièrement à Cordoue, beaucoup de martyrs tombèrent sous le coup de quelqu’une des sanctions qui viennent d’être indiquées. Ils appartiennent aux années 850, 851, 852, 853, 856, 867, 859. Le prêtre Parfait et le moine