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à celiii-ci derecouslruire le pjrée. Abda refusa, et fut ^ condamné à mort. L’Eylise f, ’recque l’honore connue j martyr. ïliéodorel, qui paraît considérer Abda | comme responsable ou complice de l’acte de son prêtre, explique comment il a cependant droit à ce ; titre ; « Pour moi, dit-il, j’avoue que la démolition du i pyrée était tout à fait inopportune. Quand saint Paul vint à Athènes, il n’y renversa aucun des autels qu’il vit si révérés dans cette ville livrée aux superstitions de l’idolâtrie. Il se contenta d’y découvrir l’erreur et d’y prêcher la vérité. Mais je ne puis qu’admirer et louer la générosité d’Abda, qui aima mieux mourir que de relever le pyrée après l’avoir renversé, et je ne vois point de couronne qu’elle ne mérite. En elTet, élever un temple en l’iionneur du Feu est, ce me semble, la même chose que de l’adorer. » (I/tst. eccL, V, xxxvui)

Un fait du même temps, rapporté par des Actes que M. Labourl considère comme o une des meilleures pièces hagiographiques de la littérature persane », est celui du clerc ou moine Narsai. A la suite d’incidents de procédure, qui sont fort curieux, mais qu’il serait trop long de raconter ici, Narsaï trouva, dans un bourg, l’église convertie en pjrée. Il éteignit le feu, remit l’église dans son état primitif, et y célébra l’oflice divin, Arrêté, envoyé chargé de chaînes à Séleuice-Ctésiphon, Narsaï fut condamné à transformer de nouveau l’église en pyrée. Sur son refus, on le jeta en prison, où il resta neuf mois. Il comparut ensuite devant un autre magistrat, qui lui commanda de rallumer dans l’église le feu sacré. Il refusa encore, et fut mis à mort par un renégat obligé de remplir l’oflice de bourreau. Les chrétiens l’enterrèrent dans une chapelle où reposaient déjà des martyrs de la persécution de Sapor. Certes, Narsaï n’était coupable d’aucune provocation, et n’avait contrevenu à aucune discipline, puis<iue c’est, au contraire, l’église chrétienne qui avait été violée par les adorateurs du Feu.

! V. — Le MAnTYiiii pend.int les persécutions

DONASTITE ET ARIENXB

1. Lea martyrs faits par le> donaiistei : 2. Les martyr » faits par les ariens. D ; ms l’Empire romain : Constance ; Vaiens. Dans l’Afrique vandale : Gen » éric ; Huticric ; le témoignage des martyrs.

I. Les martyrs faits par les donatistes. — On sait ce que fut le donatisme, schisme qui se préparaitenvfrique avant même la fin de la persécution de Uioclétien, et qui éclata dans ce pays dès le jour où la paix parut rendue à l’Eglise. D’ambitieux et intransigeants sectaires contestent la validité des pouvoirs de plusieurs évêqnes, qu’ils accusent d’avoir été ordonnés par des traditeurs ou d’avoir été traditeurs eux-mêmes : on donnait ce nom à ceux qui, pendant la persécution, avaient livré aux païens les livres sacrés ou le mobilier liturgique des églises. Bientôt toute l’Afrique romaine est divisée par le schisme : un grand nombre déglises sont aux mains d’évêques donatistes. qui linirent par égaler le nombre des évêques orthodoxes. Ils déclarent nul le baptême des catholiques, nulle leur eucharistie, nuls leurs sacrements, nulle leur succession épiscopale, et veulent contraindre chacun à se faire rebaptiser. Les catholiques sont assimilés par eux aux païens, et contre les uns et les autres ils se croient tout permis. La presque totalité du quatrième siècle et une partie du cinquième sont remplies par leurs violences. Julien l’Apostat les favorise : les autres empereurs essaient de défendre contre eux la paix publique, mais les lois les pins sévères demeurent

impuissantes. Avec l’aide de leurs compromettants alliés, les circoncellions, hordes de paysans fanatisés devenus de véritables brigands, les chefs du mouvement donatiste ne reculent ni devant le meurtre, ni devant le pillage ou l’incendie pour combattre le catholicisme, supprimer sesévêqueset ses prêtres, s’emparer de ses basiliques, substituer leur Eglise à l’Egiise. Ce soulèvement, à la fois révolutionnaire et schismatique, ce mouvement de séparatisme religieux, a été raconté par Tillemont (Mémoires, t. VI, lOgg, art. xl, p. i-igS), Duchesnb {Le dossier du donatisme, dans Mélanges d’arcliéoloffie et d’histoire publiés pari’Ecole française de Monte, t. X, 181|0, p. 589-G50), FERiiiiRE (La situation religieuse de l’Afri</ue romaine, 1897, p. 127-226), F. Martroye (i’ne tentati’e de ré^’olution sociale en Afrique, donatistes et circoncellions, dans Revue des Questions historiques, octobre 190^, janvier 1900), F. MARTROYE(Ge/i « erjc, la conqucle Vandale en Afrique et la destruction de l’Empire d’Occident, 1907, p. 1-70), A. AuDOLLENT (art. Afrique, dans le Dici. d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. I, p. 773-793). P. Monceaux (Ilistùire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. l, Le Donatisme, 1912). Ce dernier historien, si modéré toujours et si impartial, a qualitté les donatistes de « diables déchaînés », et a jugé avec une grande sévérité « la folie fratricide du donatisme » (p. 198). Avec l’autorité de son grand langage, Bosscet n’avait pas parlé autrement. « On peut voir dans cet exemple, dit-il des donatistes, les funestes et secrets ressorts que remuent dans le cœur humain une fausse gloire, un faux esprit de reforme, une fausse religion, un entêtement de parti, et 1< s aveugles passions qui l’accompagnent : et Dieu, en lâchant la bride aux fureurs des hommes, permet qielquefoisde tels excès, pour faire sentir à ceux qui s’y abandonnent le triste état où ils sont, et ensemble faire éclater combien immense est la différence du courage forcené que la rage inspire, d’avec la constance véritable, toujours réglée, toujours douce, toujours p : iisible, et soumise aux ordres publics, telle qu a été celle des martyrs. « (Cinquième avertissement sur les lettres de M. Juneu)

Par là se marque clairement la dilTérence entre les donatistes et les orthodoxes. Pratiquant, avec l’exagération qu’ils mettaient à toute chose, le culte des martyrs, ou plutôt du martyre, les donatistes honoraient comme tels ceux des leurs qui avaient succombé dans les rixes continuelles qu’ils engageaient contre les catholiques, obligés souvent de se défendre par l’a force, ou qui avaient été punis par les magistrats pour des crimes de droit commua (voir saiiit Oftat, De schism. donat., UI, iv, et les Passions donatistes elles-mêmes, Pussio Donuti, l’assio Murculi, Passio Maximiliani et Isaaci : sur le grand nombre des inscriptions en l’honneur des prétendus martyrs donatistes, voir P. Monceaux, p. 150, t, 61 etsuiv.). Ils cherchaient même par le suicide à s’assimiler aux martyrs (saint Augustin, Ep. cciv, 1-2 et 5). La mort ne venant pas à eux, ils allaient au devant de la mort. On vil des donatistes se précipiter du haut des rochers, ou se noyer, ou se brûler vifs, parfois en compagnie de leurs évèijues, ou forcer les passants à les tuer, persuadés qu’ils iraient par là droit au ciel, comme s’ils avaient confessé la foi devant les bourreaux (saint Augustin, Contra Gaiidenlium, I, xxii, xxvii, xxviii, xiix, xxxvi, xxxvii ; Adcalholicos Ep. contra dorUitistas, jii-s. ; Ep. clxxxt ; De hæres., lxvii ; Contra Epist. Parmeniani, UI, VI, 29 ; Contra litteras Petiliani, I, xxiv, 2O ; II, xx, 46 ; Contra Cresconiian, III, 11, 5/( ; saint Optât, De schism. donat.. Ml, iv). C’était une folie, trop souvent contagieuse. Personne moins que ces frénétiques ne