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MARIOLATRIE


24 juin 191 1). Ce n’est qu’avec toutes sortes de restrictions et de précautions qu’on tolère le titre de Viergeprotre, appliqué à Marie (cf. IIugon, O. P., La Vierge-prêtre, V-àTÏs, 191 1) ; — ou encore celui de co-rédemptrice, qui rencontre une assez forte opposition, vu sa nouveauté (voir une note du P. Martin dans la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, t. I, p. 798).

Tout cela paraîtra nettement au lecteur dans une instruction du Saint-Siège commentant la nouvelle constitution de l’Index, Officiorum et munerum (Jeta Sanctæ Sedis, 1897-1898, t. XXX, p. 290), et dans une lettre où Son Eminence le cardinal Merry del Val se refusait à appuyer une requête ayant pour objet d’introduire dans lh’e Maria le mot Immaculée {Vuix de Marie, 12 mars 1904).

c) Us n’ont jamais nui au culte de Dieu. — Ici les faits sautent aux yeux. Ce ne sont pas les nations

« mariolàtres » qui ont alTadi le sel de la révélation.

Ce n’est ni la France, ni l’Italie, ni l’Espagne qui a perdu la foi au Christ Fils de Dieu. Et pour laisser de eùté les nations et ne parler que des individus, ou ne voit pas que la dévotion envers Marie ait distrait les catholiques de Notre-Seigneur. Comme les mystiques du moj’en âge, ses dévots contemporains

« joignent l’amour du Fils à l’amour de la Mère ; c’est

un même mouvement d’ànie qui les éprend de lui et les rend familiers avec elle » (cf. Christus, p. 8/) 7 et la note 3).

Ce sont les Congrégations de la Sainte-Vierge dans les collèges, d’Enfants de Marie dans les paroisses, qui fournissent le contingent de communiants les plus nombreux, surtout les plus sérieusement préparés. On notera aussi la merveilleuse alliance qui se fait chaque jour plus intime à Lourdes entre la piété mariale et le culte eucharistique (cf. DE ToNQuÉDBC, L’Euckuristie à Lourdes, Etudes, 1909, t. CX., p. 449 ; et Paul AucLBR, Etudes, 20 septembre 1912, t. CXXXIII, loi). Combien par conséquent tombent à faux les récriminations de l’évêque anglican Dr GoRiî (Bumpton Lectures fur 1891, p. 2, 3, 333). A l’inverse, il est de douloureuse expérience, cfue les communautés chrétiennes, qui ont laissé affaiblir le culte de Marie ou l’ont proscrit, ont aussi laissé péricliter la foi au Christ-Dieu ; Newman le notait, il y a cinquante ans, et depuis, cette constatation n’a pas été démentie, loin de là. Xous assistons dans ces communions séparées à la dissection toujours plus hardie de la personne divine de Jésus, et à l’inverse à un retour vers Marie chez ceux qui veulent garder quelque chose de la foi des Pères. Il se vcrilie donc, ce vieux proverbe catholique qu’on va à Jésus par Marie, et cette parole d’un Allemand contemporain, qu’on cesse vite de réciter le Pater, là où il ne s’accompagne plus de Y Ave (Bartmann, Christus ein Gegner des Marienkaltus, p. 10).

Conclusion. — Ainsi, loin d’être une corruption, une dégénérescence, le culte de Marie n’est que la merveilleuse fleur du dogme : il en rend tangible, sensible la vitalité ; il le traduit et en même temps il invite à le pénétrer encore. L’extension du culte de Marie est aussi une admirable illustration de la robuste souplesse de l’Eglise, de son autorité, et de la liberté de ses enfants. Toute différente des communions séparées, où l’individualisme est ballotté entre le scepticisme et l’illuminisme superstitieux, où la iixité dogmatique n’est plus qu’inerte stagnation, l’Eglise catholique est ouverteà toute initiative, parce qu’elle est sûre de les guider toutes. Dans ce levain qu’est la pensée des fidèles, des germes funestes ont pu se glisser ; ils ne corrompent pas la pâte. Notre Eglise est assez forte, sa constitution assez divine pour les éliminer avant éclosion. Par la cohésion de

ses formules dogmatiques, par ses cliarismes d’infaillibilité, elle est immunisée contre toute erreur, et toujours féconde elle développe son dogme et son culte dans l’harmonie et l’unité.

Bibliographie. — Actes des divers congrès mariaux ;

— Aniann, Le L’rotévangile de Jacques et ses remaniements latins, Paris, 191 1 ; — Analecta Bollandiana, Bruxelles, depuis 1880 ; table après le t. XX ; — Batiffol, La littérature ^’reci/He, Paris, 1898 ;

— Baiimer, Histoire du Bréviaire romain, trad. franc., Paris. — Beissel, Gcscitichte der Verehrung Marias in Deutschland niikrend des Miitelalteri, Fribourg, 1909 ; je désigne cet ouvrage par Beissel I ; — id., Gescluchte der Verehruiig Marias im 46 und 17 Jahrhundert, Frihoir^, iijio, }e le désigne par Beissel, II ; cf. Anal. Boll., t. XXIX, p. 199, t. XXX, p. Ilh — Benrath, Zur Gescliichte der Marienverehrung (Theologische Studien und Kritiken, 1886, p. 7-94 ; 106-266) (protestant) ; — Bridgett, Our Lady’s boiTy, London ; — Bourassé, Summa aurea de Laudihus Beatue Virginis Mariæ 1866 ;

— Broussolle, Eludes sur la Sainte Vierge, 2 vol. parus, Paris, 1908 ; — Catholic Encyclopædia, New-York, 16 vol. surtout t. XV, p. 459-^72 et la table, t. XVI ; — Clugnet, Bibliographie du culte local de la Vierge Marie, Paris, 1899, cf. Anal. Boll., t. XVIII, p. 423 ; XIX, p. 353 ; XXll p. 349 ; — l’elattre, Le culte de la Sainte Vierge en Afrique, Lille, 1907(cf. Anal. Boll., t. XXVII, p. 445) ; —Dictionnaire de Théologie catholique : — Duchesne, Liber ponti/icalis, Paris, 1892, 2 vol., voir table ; — Duval, La littérature syriaque, Paris, 1899 ; — Grisar, Histoire de Rome et des Papes, trad. Ledos, Lille, 1906 ;

— Herzog, La Sainte Vierge dans l’histoire, Paris, librairie critique, 1908(à l’index) ; — IIastings, />ictionary of the Bible, surtout t. 111, p. 286-293 ; — Hauck, Realencyclopùdie fur protestantische Théologie und Kirche, surtout vol. Xll, p. 309 ; — ILisioire littéraire de la France, voir au mot Marie, t. XV, p. 478 ; — Holweck, Fasti Mariani, VThouTg, 1892 ; — Kronenburg, Marias heerlijUcid in Nederland. .., Amsterdam, iqoS et suiv. (cï.Anal. Boll., t. XXV, p. 193 ; t. XXVI, p. 327) ; — Lehner, Die Marienverehrung, Stuttgart, 1886 ; — Largent, La Mère des hommes : — Livius, The blessed Virgin Mary in the Fathers of the first six centuries, LoDdonji 893 ; — Liell, Die DarsieUungMaria, Fiihourg, 1887 ; — Lucius, Les origines du culte des saints, trad. Jeanmaire, Paris, 1908 (prolestanf) ; — Mâle, L’art religieux au XILI’siècle, Paris, 1902 ; id., L’art religieux à la fin du Moyen-Age, Paris, 1908 ;

— Marucchi, Eléments d’archéologie chrétienne, Paris, 1900, 3 vol. ; — Michel, ///s /o/re de l’art, 5 vol., Paris, 1906 et suiv. ; — Me Clintock, Cyclopædia of… theologjcal littérature, New-York, 1894, t. V, p. 833 (protestant) ; — Neubert, Marie dans l’Eglise aniénicéenne, Paris, 1908 ; — Newman, Certain difficulties fell by Anglicans in catholic teaching, t. II, London, 1876 ; trad. franc., avec préface de Dom Cabrol, 1908 ; je renvoie à l’édition anglaise ; — Nilles, Kalendarium manuale utriusque Ecclesiae, Œniponle, 1896, 2 vol. ; — Poiré, La Triple couronne de la B. V. Mère de Dieu, Paris, 1609 ; vaste répertoire qu’il importe de contrôler ; — Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, Paris, 1878, 2 vol. ; — Roskovany (litre donné dans le texte) ; — Ryder, Catholic c071troversy, London. 1882 ; — Stanford, A llandbook ofthe Romish ton/roi’ersj, Dublin, 1862 (protestant) ; — Terrien, La Mère de Dieu et la mère des hommes, Paris, 1902, 4 vol., surtout t. IV, où lable analytique ; — Trombelli, Mariae sanctissimæ vita et gesta, Bononiæ 1761, cf.