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MARIOLAÏRIE


diocèse des fêles concédées. A noter en passant que certaines loçons du Bréviaire de ces fêles, leçons fort belles d’ailleurs, ne sont pas des auteurs auxquels on les attribue (cf. MoniN, Etudes, textes…

p. 487-/, 9’, ).

Assez nouveau, puisqu’il date du xvne siècle, est l’usage de couronner des statues célèl>res de Marie. Clkmknt VIII inaugura cette coutume en faveur de la statue de Sainte-Marie-Majeure (cf. Cath. Enc, t. VII, p. 670).

En dehors de ces manifestations plus strictement liturgiques, la dévotion à la Sainte Vierge continue à s’exprimer par des pratiques depuis longtemps existantes mais désormais fixées ; c’est ainsi que la dévotion au saint scapulaire du Garniel n’a fait que progresser, (cf. Beiiikgeu, Les indulgences, t. II, p. 195, /149)- Pîir’les modilications importantes, Pie X en a facilité l’usage (Acta Apostol. Sedis, igi i, t. iii, p. 22, 24)- D’autres formes de scapulaires se sont introduites, par exemple, celui de Notre-Dame des Sept Douleurs (Beringek, t. ii, p. 233), de l’Immaculée Conception (Beringer, t. 1, p. 40^). Cf. Cath. Encycl.fi. XIII, p. 512, une énumération.

La dévotion au Rosaire, déjà encouragée par saint PiB V, Clément VII, Innocent XI et Pie 1X(Bbhinger, I. c. t. II, p. 183), l’a été surtout par Léon XIII. Depuis 1883, le grand Pape, en présence des maux de l’Eglise, lui a consacré plusieurs encycliques (cf. Be-HiNGER, t. 1, p. 294). Au xvi’siècle s’est élablile chal )elet de sainte Brigitte (cf. Montli, t. C. p. 189 ; Beringer, t, I, p. 360), le rosaire perpétuel (.Siiinma aureu, t.V, 383 ; Beissel, t. ii, p. 34 ; Beringer, t. ii, p. 189) ; au xvii’siècle, le « Rosaire des Douleurs » ISumma aurea, t. V, 341 ; Beissel, t. II, p. 40. 1^ Il Rosaii-e annuel >i (Bourassé, Summa, t. V, 383). Au xixe siècle. Maris Jaricot a institué le « Rosaire vivant » (cf. Cath. Enc, t. VIII, p. 323, t. XIII, p. 189 ; Summa aurea, t. V, col. 391 ; Beringer, I. c, t. II, p. 191).

Du XVII’siècle date, sous l’impulsion du bienheureux J. Eudes, la dévotion au Saint Cœur de Marie, parallèle à la dévotion au Sacré-Cœur (cf. J, Eudes, Le Cœur admirable de la Très Sacrée Mère de Dieu, Paris 1834, 2 vol.). Elle est répandue tout naturellement par la famille religieuse du bienheureux et donnait récemment sujet à de très fines et pieuses analyses (cf. Etudes, 1912, t. CXXXI, p. 289, 462). Saisissable çà et là dès la fin du moyen âge, l’usage d’offrir à la Sainte Vierge les premières fleurs du printemps ne se fixe dans la pratique courante ^u’au cours ilu xvme siècle, mais depuis, sa généralisation a été des plus rapides ; de là sont sortis les exercices divers du i< mois de Marie ».

Les litanies, que nous avons déjà vues en usage au moyen âge, se fondent dans le formulaire seul approuvé, ai)pelé a Litanies de Lorette ». Le bienheureux Canisius les introduisit vers 1 558 en Allemagne (cf. RoiiAULT DE t’LEnnv, t. I, p. 330 ; Santi, I. c. ; Paulus, Die Einfiihrung der laureianischen Litanei in Deutschland.., dans Zeitschrifi fur kathiilische rhéologie, l. XXVI, p. 574 ; Anal. BolL, t. XXU, p. 220). L’invocation Au.rilium Christianorum est antérieure à la bataille de Lépante (cf. Paulus, I. c). LÉON XIII y a ajouté l’invocation Hegina sacratissinii / ?osa/ii’(24 sept. 1883 ; Beringer, t. I, p. 186), et Pie X celle de Mater Boni Consilii ; durant la guerre, BenoIt XV a permis l’addition Regina Pacis.

Enfin on peut voir dans Beringer la quantité de prières indulgenciées adressées à la Sainte Mère de Dieu (cf. t. ii, table, p. 480).

Les diverses formes d’ASSooiATioNs en l’honneiu’de la Sainte Vierge se’sont multipliées. Citons les diverses confréries du Rosaire (Constitution de

LÉON XIII, 2 oct. 1898), du Scapulaire (Cath. Enc, t. XIII, p. 512 ; Summa aurea, t. V, p. 519), l’archiconfrérie de Notre-Dame des Victoires, dont le siège est à Paris dans la pieuse église de M. Desgenelles et qui prie pour la conversion des pécheurs (cf. Beringer. t. II, p. 229), l’archiconfrérie de Notre-Dame de Compassion établie elle aussi à Paris, à Saint-Sulpice, pour obtenir le retour de l’Angleterre à l’unité romaine.

L’association d’écoliers formée pur le jeune jésuite Léo, sous le nom de congrégation, n’a fait que croître depuis le xvie siècle. Des indulgences lui ont été accordées par Grégoire XIH (Bulle Omnipotentis Vei, 5 déc. 1584) et Benoit XIV (Bulle d’or, Gloriosæ Dominae, 27 sept. 1748 ; cf. Beringer, t. II, p. 212). Son influence pour le bien a été immense en Allemagne (cf. Janssen, Hist. du peuple allemand, l., it. 210), en France, en Espagne (cf. Del^laue, Jlist, des Congrégations de la Sainte Vierge, Bruges, 1884 ; Terrien, l. c, t. IV, p. 121) ; en Angleterre, celle du collège de Stonyliurst n’a pas été interrompue depuis 1609 (cf. Month., t. CXIX, p. 306). La Congrégation reste — pourvu qu’on sache en user — un précieux instrument d’apostolat pour le bien.

Elle a d’ailleurs, dès le xvii’siècle, débordé l’enceinte des collèges. On connaît les congrégations dites « des Messieurs, des Artisans, des Servantes » sans oublier les petites réunions secrèies appelées

« Aa 1. (cf. Etudes, 20 mai 1914. p- 528) et la congrégation

militaire établie à Notre-Dame des Victoires au début du xix’siècle (cf. Baunard, Un siècle de l’Eglise de France, p. 228). Un moment même, on le sait, la terrible société fit trembler la France voltalrienne et libérale. (Cf. Geofi’hov de Grandmaison, La Congrégation, Paris, 1888 ; sur toute cette question des associations, voir l’énumération donnée par la Cath. Encycl., t. XIII, p. 123.)

La période qui nous occupe s’est — comme les précédentes — portée vers les sanctuaires de la Mère de Dieu : quelques pèlerinages assez célèbres avant le xvi » siècle ou bien ont disparu sous les coups des protestants ou des révolutionnaires, ou bien n’ont !  ; ardé qu’une renommée restreinte et locale (par exemple : Notre-Dame La Grande à Poitiers, N.-D. du Pilier, ou N.-D. sous terre à Chartres (voir : Actes du congrès mariai de Lyon, Lyon, 1900, 2 vol.) ; mais d’autres plus récents se sont constitués. Citons celui lie la chapelle de la rue du Bac (apparitions successives à Catherine Labouré et institution de la Médaille miraculeuse, 1830-1836, cf. Aladel, La .hédaille miraculeuse), celui de La Salette (apparitions de 1846), de Pontmain (apparition de 1871), de N.-D. des Victoires. Lourdes les domine tous. (Bibliographie dans la revue Notre-Dame, l" année, 191 1, p. 3 de la couverture. Sur tout cela, voir RouviER, Les Grands Sanctuaires de la T. S. Vierge en France, Tours, 1899 ; Goodard, La Sainte Vierge au Liban, Paris, Bonne Presse, 1908 ; Anal. Boit., t. XXV, p. 137 ; t. XXIX, p. 457 ; Rev’ue de l’Orient chrétien, t. XV, p. 125 ; Revue Notre-Dame, publiée par La Bonne Presse : Cath. Enc, t. XVI, table, p. 575, 593, 705 ; ainsi que les travaux cités plus haut, col. 3 12).

Dans ces grands pèlerinages, on s’est empressé d’élever des basiliques dont quelques-unes, Fourvières par exemple, sont des merveilles d’art et de décoration. Il y aurait ici à déterminer la place qu’a tenue Marie dans la peinture et la sculpture moderne. Pour bien des raisons je me borne à renvoyer aux divers ouvrages d’art, à faire remarquer d’abord le naturalisme de quelques écoles (cf. Janssen, l’Allemagne et la réforme, t. VI, p. 11), puis le symbolisme souvent abstrus de certaines gravures du