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MARIOLATRIE


de Mabracci, FundiHores Mariant, Summa atiiea, t. XI, 35’;, et celle de FiînRBOL Locbius : Mariae Auiiiistae… ordiiies, th., 999).

V. La dévotion et le culte mariai depuia la Réforme. — Univei-sellement reconnues au moyen âge, la légilimilé et les pratiques du culte mariai ont été depuis le xvie siècle, à des degrés différenls, l’objet de continuelles attaques. Déjà Erasme et autres avaient raillé sans modération et sans tact ce qu’ils estimaient abusif dans la dévotion populaire (cf. Summa auiea, t. XII, 896 et Œinres d’Erasme, Bâle, 1540, t. I, p. 663 ; t. IX, p. gSa ; t. V, p. 2T, 1112 ; t. IV, p. 372 ; Trésax, Les origines du schisme anglican, p. 21 ; Gasquet, The eie u/ ihe Heformation, p. 365 ; Cath. Enc, t. XII, p. 87). Dans cette critique, ils avaient dépassé le but. Les protestants s’en prirent à la dévotion elle-même, et n’ont point épargné la personne même de Marie : tout a été insulté, son intelligence, sa foi, son humilité, sa prudence ; on a tourné son culte en ridicule, quitte, au prix d’une contradiction ou par modération naturelle, à reconnaître ailleui-s ses gloires, à admettre même son Assomption corporelle (textes de Luther, Bkissbl, t. U, p. 102 ; Summa aurea, I. X ; XUI, 901 ; Grisar, l.utlter, l. ii, p. /|84, 796 ; dcGALviN, Beisskl, t. II, p. 109 ; Summa aurea, t. XIII, 889-908, VInde.r dit Inimici Mariani).

Leurs attaques souvent lourdes (Summa aurea, t. VIII, 1087), parfois obscènes, comme celles de Th. DK Bkzb ( ; 7 ;., 882), eurent leur aboutissement naturel dans la destructioi des sanctuaires ou des usages les plus vénérés (cf. Wattbrton, J’ietas Mariana, t. II, p. 98 ; Janssen, llist. du peuple ail., t. IV, p. 205, 515 ; t. VI, p. 8 ; Bishop, Ednard the F/ and the Book of Commun Prayer, London, 189r, p. 20, 33, 56, 123, 24’, 264).

Respectueux des dogmes déjà Uxés de la théologie mariale, les jansénistes se sont montrés en somme adversaires du culte : personnages graves, hautains, trop peu fils de l’Eglise pour deviner les battements de son cœur, plus fanatiques de la lettre de la tradition que pénétrés de son esprit, hantés du désir d’un retour tout matériel à la vénérable antiquité, ils n’ont rien compris aux souples progrès de la dévotion. Cette mentalité a inspiré, à des degrés très divers d’ailleurs, Baillet, De la dérution à la Vierge et du culte qui lui est dû (cf. Hurter, Nomenclator, 1893, t. 111, col. 8go) ; Launoy, Præscripliunes de conceptu B. Mariæ (Hurter, ib., col. 214) ; Tillk-MONT lui-même en certaines pages de son œuvre (t. I, p. 4^5 ; t. XVI, p. 376) ; MuRATORi, De ingenioram moderatione in religiunis negotio (Hurter, I, p. 1414). de superstitione fitanda (ib., col. 1415), les chefs du synode dePistoie (cf. Denzinger-Bannwart, n. 1569-1571 [1432-1434I) ; l’auteur àeVAyis salutaire de la Bienheureuse Vierge à ses déi’Ots indiscrets (cf. Terrien, t. IV, p. 478) et ce Schurius Andréas qui corrigeait le bréviaire au mieux de ses idées {Summa aurea, t. IV, col. 807).

C’est pour défendre la théologie de Marie qu’ont écrit Canisius, De Maria Virgine incomparabili, Ingolstadt, 1577 (véritable traité d’apologétique reproduit dans UoURAssÉ, Summa aurea, t. VIII, IX, cf. Hurter, Nomenclator… 1892, p. 67, 68) ; Bellarmin, De controyersiis fidei (Hurter, t. c, p. 278) ; Théophile Raynaud (cf. Hurter, I. c, p. 405) ; P. Auelly, La tradition de l’Eglise touchant la dévotion à la Sainte Mère de Dieu, Paris, 1652 ; Bona, Summa aurea, t. V, col. 187 ; DE Cerf, l’i., 213 ; Spinelli, ib, 9. Dans son De Festis (Summa aurea, t. III, Sgg), Benoit XIV, dans son Mariæ sanctissimæ tita et gesta(ili., t. !, II), Tromuelli ont essayé d’élucider quelques points obscurs de la vie de Marie. On ne

peut songer à relever les auteurs qui, du xvi’au XYiiie siècle, ont contribué à nourrir la piété envers la sainte Vierge. Mais comment ne pas citer Suarez, {De Jncarnatione, Opéra, éd. IVici, t. XIX), certains sermons de saint François de Sales, de Bossuet (cf. éd. Lebarcq, t. VI, table, p. 226), de Bourdalouk et les opuscules classiques de saint Alphonse de LiGUORi : Les gloires de Marie ; du B^ Gbignion du MoNTi’ORT, du P. Grasset, La yérilable dévotion à Notre-Dame iVuTis 1689), du 1’. François d’Argentan, Conférences théulogiqucs sur les grandeurs de la Très sainte Vierge Marie, les Opéra parthenica du P. NlE-REMŒRG, Lyon, 1695. Voir un dépouillement de la littérature mariale daiis l’ouvrage posthume de Ch. Flaciiairk, La Dévotion h lu Vierge dans la littérature catholique au commencement du A’VII’siècle. Paris, Leroux, 1916, 176 p. in-8°.

Il sutlit de parcourir les tables du Nomenclator de Hurter (t. V, 2, 1918, p. CGXLV) ou l’article du P. DE LA Broise sur la Sainte Vierge dans la pensée et le culte catholique au.VIA’siècle (Etudes, t. LXXXllI, p. 289), ou enfin le Wegtveiser in die Marianische Litleratur du F. Kolb, pour se faire une idée de la masse d’écrits produits au xixe siècle. Il faut bien le dire, la ijualilé est inférieure à la quantité. Certains ouvrages resteront : on relira ceux d’Auguste Nicolas, La Vierge Marie dans le plan divin, 4 vol., Paris, 1869 ; La yière de Dieu et la Mère dès Hommes, par le Père Terrien (souvent cité) ; La Vierge Marie d’après la Théologie, du P. Pbtita-LOT, Paris, 1866, 2 vol. ; Lodiel, Marie notre mère, Paris, 1906 ; certains articles ou mémoires du P. Bainvel ; la Vie de la Sainte Vierge, du P. de la Broise (coll. Les Saints). Récemment, ont paru quelques travaux comme ceux de MM. Neuburt, Amann, du P. Uelattue, quelques mémoires destinés à faire sérieusement progresser Ihistoire du culte deMarie ; mais, eu g-énéral, la littérature mariale est douloureusement au-dessous de son objet : outre qu’elle n’a guère avancé notre connaissance de la vie de la Sainte Vierge, la mièvrerie et le rêve y remplacent trop l’histoire et la doctrine (cf. Terrien, la Mère de Dieu, t. I, p. xviii). C’est la rauc ; on regrettable d’une heureuse réaction contre une certaine éclipse de la dévotion due aux tendances jansénistes ou protestantes : il fut un temps oiï Fénelon n’osait pas faire réciter l’Ave au début de ses missions en Poitou (Revue du clergé français, i" mai 191 1, p. 299) et Mgr Baunard nous raconte sur son enfance des faits analogues (Un siècle de l’Eglise de France, p. 228). La grande poussée moderne de dévotion à Marie a été sanctionnée ofliciellement par des concessions de fêtes. Quelques-unes déjà existantes ont été étendues à l’Eglise universella : telles la fête du Saint Rosaire eu 1583 (Hollweck, Fasti, p, 183, Nilles, Kalendarium, t. II, p. 267), celle de la Présentation (HoLLwiîCk-, I. c, p. 267), celle de N.-D. de la Merci en 1683 (ib., p. 221)1 celle du Très saint Nom de Marie (li., p. 214). La fête de l’Immaculée Conception est maintenant une des plus grandes ; tout récemment la Gommémoraison de l’apparition de Lourdes est devenue obligatoire dans l’univers entier. Nombre de solennités locales telles que la translation de la Santa Casa (Hollweck, p. 286), la fête de la Médaille miraculeuse (ib., p. 10), de N.-D. du Perpétuel Secours (ib. p. 365), de N.-D. délia Strada (ib., p. 353), rappellent des miracles ou des souvenirs de l’histoire diocésaine, monastique et nationale. Jusqu’à ces derniers temps, il y avait une tendance marquée à demander à Rome des concessions de fêtes locales. La récente législation du Bréviaire y a mis un certain tempérament, elle a aussi rendu dillicile l’extension de diocèse à