Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

311

MARIOLATRIE

312

col. 30 ;  ; Launoy, Opéra, t. II, 2, p. 3 ; 9 ; B. ZimmkrMAN O. C. D., MonumeiHa historica carmelitana, vol.'r, p. 351, Lirinæ 1906, 1907 ; Beissel, t. I,

P- 266)…,

Au scapulaire se rattache la célèbre révélation ou Marie aurait promis à Jean XXII de délivrer à date iixe ses fidèles du purgatoire. L’Eglise n’a jamais allirmé l’authenticité de la bulle où le pape est censé proclamer ce privilège ; on a même de très fortes raisons d’en douter. L’autorité ecclésiastique n’interdit pas cependant — moyennant précautions — de prêcher cette pieuse croyance (cf., outre les livres cidessus, Tebbikn, La mère de Dieu et la mère des hommes, t. IV, p. 233, note).

Signalons, d’après un incunable de 1489, les prières destinées à devenir si célèbres : le Memorare et le O Domina mea, Sancta Maria (cf. Paulus, Das Aller des Gebeles Memorare, dans Zeilschrift fiir Katholisclie Théologie, 1902, t. XXVI, p. 604, et Anal. BolL, t. XXII, ' p. 220). Impossible de ne point parler aussi des livres de dévotions mis entre les mains du peuple à l’extrême lin du Moyen-Age : citons les <i Primers » anglais (cf. Thukston, The Mediæval primer, Month, t. CXVII, p. 150).

Au Moyen-Age, se fondent et se multiplient les confréries de la Sainte Vierge : elles sont nombreuses au xui', au xiv" siècles (Bkisskl, t. I, p. 176). Au xv siècle, l’ordre des Frères Prêcheurs crée un peu partout celles du Rosaire ; en ce temps-là aussi, se répandent les associations en l’honneur de l’Immaculée Conception. On en trouve à Paris (église SaintGervais), à Rouen, à Cæn, à Abbeville, à Dieppe (cf. Malk, L’art religieux à la fui du Moyen-Age, p. 171, 183 ; Le Mois, 1909, t. XXII, p. 663). Citons aussi les confréries vouées à honorer l’Assomption (Malb, il., p. 184).

Entre le ix' et le xvi' siècle, on vénère plus nombreuses en Occident les reliques de Marie. C’est ici un terrain où il y a lieu d'être prudent : les attestations sérieuses manquent souvent, le milieu où se sont transmises les traditions ne laisse pas d'être inquiétant. Sous cette réserve, disons que Marseille et Florence prétendaient avoir des lettres de Marie (Trombelli, Dissert. XLviir, Summn, t. II, col. 336), Pérouse une bague ; que Pralo croyait posséder sa robe et sa ceinture, Saint-Omer son gant, que du temps de Gerson, Paris montrait deux anneaux (Opéra, t. III, col. 68^), que Chartres est fière du voile qu’Irène donna à Charles le Chauve et auquel on faisait des offrandes (cf. Mâle, L’art religieuj an Xlfl’siècle, p. 359, citantdes passages du Cartulaire). On montrait des cheveux de Marie à Paris, à Rome, à Saint-Omer, à Chartres (Beissel, t. I, p. 293). Saint Anselme en reçut de Bohcmond (voir Ragey, Histoire de.Saint Anselme, t. II, p. 4 '6 et les réilexions qu’il ajoute à la citation d’Eadmer). L'évêque d’Astorga, Osmono, vers 1049, raconte comment son église s’enrichit d’un pareil trésor (Mabillon, Vetera analecta, t. I, p. 433), un moine reçut une révélation en ce point (Rouault de Flbury, t. I, 289). Au xii= siècle, Guibert de Nogent (P. L.. CLVI, 669) protestait fort contre les prétentions qu’avaient certaines églises de posséder du lait de la Sainte Vierge. Reims, Le Puy, Tongres, Saint-Omer étaient dans ce cas (cf. Rohault de Flel’RY, La.Sainte Vierge, t. I. p. 288 ; Beissel, t. I, p. 89, 298, 334) ; même on disait que Marie avait fait elle-même goûter ce lait virginal à quelques dévots serviteurs, tels au xn" siècle saint Bernard (Vacandard, éd. 1896, t. II, p. 78), au xv" siècle, Alain de la Roche (cf. notes à.dam de Perseigne, P. L., CCXI, 776 ; Beissel, t. I, p. 298). — (Sur toute cette question des reliques cf. RoHABi.T DK Fleuhy, t. I, p. 288 suiv. ; Riant,

Dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au Xlll' s., dans Mémoires delà Société des Antiquaires de France, t. XXXVI, etE.zuiiæ sacræ Constantinopolitanae, Genève, 1878 ; Cahier, Mélanges d’Archéologie, t. I, p. 5, p. 60 ; Mâle, /.'art religieux au XJll' s., p. 358 ; Summa aurea, t. Xlll, col. 1189, une énumération au mot Reliquiæ ; Beissel, t. I, p. 293.)

Aux reliques, on peut assimiler certaines statues ou images miraculeuses, des églises objets de prodiges. C’est assez nommer la Santa Casa de Lorette (cf. ici l’article Lohette), Notre-Dame du Puy qu’on dit apportée par les Anges (cf. Mâle, L’art religieu.r à la fn du.M. A., p. 202), en Angleterre, Notre-Dame de Watsingham(Cf. Thurston, : 1/o’i//'., 1901, t. XCVllI, p. 236 ; Cath. Encycl., t. XV, p. 543) ; toute la série de tableaux ou de statues qu’on dit avoir répandu des larmes ou du sang ou bien qu’un miracle a fait trouver (cf. Beissel, t. I, p. 4 '7).

Des pèlerinages devaient tout naturellement aboutir aux endroits où ces prodiges s'étaient opérés ou bien encore à ceux où l’on vénérait une relique insigne : ces grands mouvements populaires ont été calomniés : on a voulu n’y voir que superstition ou recherche unique des intérêts temporels. Il y avait autre chose (Etudes, 1910, t. CXXV, p. 161, à propos de Chartres). Parmi ces sanctuaires célèbres, nous venons de citer Chartres ; nommons encore en France, Xotre-Dame-des-Ardilliers (cf. Cath. Enc, t. I, p. 700), Roc-Ainadour (cf. Rupin, lioc-Amadour, Paris, 1904, et Anal. Boll., t. XXIII, p. 488, 626) ; en Angleterre, Coventry, Our Lady Undercroft de Canterbury, Arundel, Walsingham surtout ; les divers pèlerinages écossais ; dans les Pays-Bas, Halle (cf. JusTE-LiPSK, 0/)ern, Lugduni, 1613, p. 805) ; en Suisse et en Allemagne, Mariabriinn, Hildesheim, Einsiedeln (O. Ringholz, O. S. B. : Wallfahrt Ceschirhte unserer Lieben Frau von Einsiedeln, Freiburg, 1896 ; et Anal. Boll., t. XIX, p. 42) ; en Italie, Sainte-MarieMajeure, où l’on vénérait la crèche de Notre-Seigneur ; Notrc-Dame-des-Anges (Beissel, 1. 1, p. 251), Lorette (cf. ici même, et Month., t. CXX, p. 49) ; en Espagne, Notre-Dame-du-Monserrat (Bi-.isSBL, t. I, p. 415).

(Voir sur cette question des pèlerinages, l’ouvrage important du P. Bkissel U’allfahrten : u unserer lieben L’rau in Légende und Geschichle, Fribourg, Herdrr, 1913, une riche bibliographie, p. 296, ou son Verehrung, t. I, p. 143 ; Cath. Enc, art. Pilgrimages, t. XII, p. 88 ; en outre, et avec contrôle, pour Rome, Rohault de Flelby, t. ii, p. 168 ; pour l’Italie, (7 ;., t. ii, p. 68-146 ; pour la France, ih., p. 1 46-324 ; DE BussiÈRES, Culte et pèlerinage de la y. S. Vierge en Alsace, Paris, 1862, et plus récemment, LÉVY', Die Wallfahrten der lieben Mu1ter Cottes im Elsass, Rixheim, 190g, cf. Anal., Boll., t. XXX, p. 199. Pour l’Espagne, Rohault, p. 324-36o ; pour l’Allemagne, ib., p. ^60-511 ; les Pays-Pas, 360-896 ; et Sanderus, Chorograptiia sacra Brahantiae, La Haye, 1727 ; pour l’Angleterre, Rouavlt, p. 896-460 ; les pays Scandinaves, p. 5 1 1-538 ; la Pologne et la Russie, p. 538-564 ; l’Orient, p. 564. Toutes ces indications dérivent plus ou moins de l’ouvrage du P. Gruppembebg, Atlas Marianus, Munich 1677, Summa, t. XI, col. 9 ; cf. Kirchenlexicon, t. VIH, col. 846.)

Etant donnée la place que tient la Sainte Vierge dans le cœur des fidèles, il n’est pas étonnant que la littérature mariale soit d’une abondance déconcertante. Nous devons nous borner à quelques indications. Voici d’abord les théologiens. En général, et à moins de traités spéciaux, les Sommistes et les Sententiaires l'éludient à propos de l’Incarnation,